Bénin: que retenir du passage de Ahissou, Atanasso et de Taro au gouvernement Talon ?

A la faveur de la constitution d’une nouvelle équipe gouvernementale rendue publique hier Jeudi 5 Septembre 2019, le chef de l’Etat, le président Patrice Talon s’est séparé de trois de ses collaborateurs: Marie-Odile Atanasso, Serge Ahissou et Adam Binto Taro. Quels ont été leurs apports dans la réalisation du programme d’action du gouvernement ?

Des bruits de couloirs, le nouveau gouvernement du président Patrice Talon est devenu une réalité depuis ce Jeudi 5 Septembre 2019. A l’arrivée, le nouveau gouvernement constitué de 24 membres et a connu 6 ministres entrants et 3 départs. Au titre des ministres dont le chef de l’Etat s’est séparé, on retient Serge Ahissou, précédemment ministre du commerce, Adam Binto Taro, ministre de la micro finance et la désormais ex ministre de l’enseignement supérieur, Marie-Odile Atanasso. Que peut-on retenir du passage de ces trois ministres au gouvernement ?

Atanasso ou la transformation profonde de l’enseignement supérieur

Nommée le 16 Avril 2016, Marie-Odile Atanasso est visiblement celle qui a le plus duré dans le gouvernement parmi les trois ministres sortis. Le  vendredi 27 octobre 2017, le chef de l’Etat, le président Patrice Talon lui a renouvelé sa confiance avant de se séparer d’elle à la faveur du remaniement intervenu hier Jeudi 5 Septembre 2019.  Universitaire, elle a porté à bras le corps les réformes du gouvernement dans le sous secteur de l’enseignement supérieur.

Le 2 Octobre 2017, lors de la rentrée officielle, la ministre Marie-Odile Atanasso a lancé les couleurs. L’enseignement supérieur sera transformé du fond en comble. De profondes réformes sont annoncées dans le sous-secteur de l’enseignement supérieur. Le premier cheval de bataille fut l’enseignement privé. L’année académique suivante est consacrée à la mise en œuvre de réformes touchant essentiellement les établissements publics d’enseignement supérieur. La dame de fer qui a eu du mal à convaincre plusieurs de ses collègues de l’université s’est lancée dans les réformes ci-après:

    • l’amélioration du système de sélection des nouveaux bacheliers,
    • la mise en place d’un nouveau mode de gouvernance des universités nationales du Bénin,
    • et l’instauration d’institutions universitaires pour une recherche de qualité.

Dans la présentation des défis qui sont les siens, Marie-Odile Atanasso a évoqué la mise en place d’une plateforme d’orientation en amont pour améliorer le système de sélection des bacheliers et d’une plateforme nationale pour une meilleure gestion des publications universitaires.

Désormais, les universités publiques seront gérées par des conseils d’administration et les organisations estudiantines pour se faire entendre des autorités, devront avoir une certaine représentativité au plan national. Aussi, les offres et les coûts de formation des universités publiques seront harmonisés. Dans le même temps, deux institutions sont annoncées pour l’amélioration de la qualité et de la recherche. Il s’agit notamment de l’Agence béninoise pour l’assurance de la qualité de l’enseignement supérieur et l’Agence béninoise pour la recherche et l’innovation.

L’assainissement des EPES

L’année 2017-2018 est également marquée par la poursuite de l’assainissement des établissements privés d’enseignement supérieur à travers l’organisation de la deuxième édition du concours national de Licence et la première édition pour le niveau Master d’une part et l’exclusivité des formations régaliennes assurées par l’Etat d’autre part. C’est sans oublier les réformes engagées pour la sélection des enseignants à partir d’un processus de recrutement qui privilégie la compétence et bannit des pratiques malsaines telles le népotisme et le parrainage.

On peut dire sans exagérer que Marie-Odile Atanasso est l’un des ministres femme a avoir courageusement conduit  l’une des réformes audacieuses du gouvernement en dépit des résistances qu’elle a rencontrées d’une part auprès de ses collègues et d’autres parts des promoteurs d’EPES. Son départ du gouvernement n’est sans doute pas lié à son cahier de charge qu’elle a tenté vaille que vaille d’assumer.

Le passage des ministres Ahissou et Taro au gouvernement

Si les actions de la ministre de l’enseignement supérieur ont été suffisamment visibles sur le terrain, on ne peut pas dire la même chose de ses collègues du commerce, Serge Ahissou et du département de la micro-finance, Adam Binto Taro. Précédemment membre du parti du renouveau démocratique, le ministre Serge Ahissou, est entré dans le gouvernement Talon au lendemain d’une « crise mineur » entre le président Talon et son soutien Me Adrien Houngbédji qui, après avoir conduit à terme le processus de création des deux blocs de la mouvance s’est abstenu au dernier moment de faire entrer le PRD dans l’un d’eux. Nommé ministre du commerce, Serge Ahissou n’a pas réussir à « révéler » son département ministériel. Ses actions à la tête de ce département ont manqué beaucoup de visibilité.

Comme son collègue du département du commerce, la ministre Adam Binto Taro ne s’est également pas assez révélée encore moins révéler le département qui lui fut confié.  Si les réalisations du régime de la rupture sont dites invisibles sur le terrain, il ne fait l’ombre d’aucun doute que le côté social de la gouvernance Talon est beaucoup plus mis en index. Les successeurs de ces deux ministres doivent davantage travailler pour révéler le « PAG »  dans leur département ministériel respectif.

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