Plusieurs chefs d’Etats africains ont rendu hommage à l’ancien président français Jacques Chirac après l’annonce de son décès jeudi. Un comportement que les internautes et autres observateurs africains ont qualifié d’hypocrite.
« Jacques Chirac est un grand ami de l’Afrique » ; « Chirac l’africain » ou encore « Jacques Chirac prônait le développement de l’Afrique ». C’est entre autres expressions qui se lisent dans les messages des dirigeants africains qui lui ont exprimé leur « reconnaissance ». Mais ils ont tous oublié de dire que l’ancien président Français était en réalité « l’ami des dirigeants d’Afrique », du moins, ceux qui lui donnent ce qu’il veut : la continuation de la FranceAfrique et bien entendu, le financement des campagnes des candidats à la présidentielle dans l’hexagone.
Cependant, le monde entier sait qu’en réalité, Chirac fait partie de tous ces chefs d’Etat français qui ont dépouillé le continent avec le presqu’asservissement de plusieurs dirigeants cupides et avides de pouvoir à vie. Bozizé, Bongo père, Mobutu, Sassou, Eyadema et bien d’autres, ce sont là les amis de Chirac. Pour la plupart, c’est la crème des dirigeants africains les moins recommandables. Ils avaient tous aussi un point commun : la cupidité et l’avidité du pouvoir. Ce sont ces « gens-là » que Chirac fréquentait, ce sont d’ailleurs ses meilleurs amis. Pourtant tout le monde s’évertue aujourd’hui à dire, maintenant qu’il est mort, que c’était un « ami de l’Afrique ».
Hypocrisie ou opération de charme de dirigeants qui prônent la continuité d’un système révolu ?
Selon le professeur Francis Kpatindé, Chirac « n’hésitait pas à protéger des chefs d’Etat les moins recommandables ». Il rappelle qu’en 1990 où plusieurs Etats étaient en plein changement de cap vers la démocratie, c’est bien ce monsieur qui a, sans se gêner, déclaré que « l’Afrique n’était pas mure pour la démocratie ». Il va sans dire que, loin d’être un ami de l’Afrique, Jacques Chirac ne protégeait que les intérêts de la France. Tant que ces dirigeants « traîtres » lui fournissaient ce qu’il veut ou ce que veut la France, Chirac les protégeait et n’hésitait même pas à faire intervenir l’armée pour les maintenir en place. Et c’est ce Chirac là qui est considéré comme « ami de l’Afrique ».
Et ce sont ces mêmes dirigeants ou de la même espèce que leurs prédécesseurs, pour certains, qui continuent de louer Chirac comme l’homme d’Etat et grand ami de l’Afrique. Il pourrait s’agir d’une façon pour eux, de plaire au grand maître français duquel ils n’ont aucune envie de s’affranchir pour ne pas perdre les privilèges égoïstes dont-ils bénéficient. Des voyages en jet vers des destinations exotiques aux frais de l’Etat, des extravagances pour leurs nombreuses familles aux frais de l’Etat et autres actes dignes de trolles.
Le politique aux antipodes de l’être humain
Chirac était une personne simple en tant qu’individu. Il était apprécié de ceux qui l’approchaient et avait un côté humain très développé. On peut prendre pour preuve ses confessions un an après avoir quitté le pouvoir. En 2008, il disait clairement que la France existait grâce à l’exploitation de l’Afrique. « Une grande partie de l’argent qui est dans notre porte-monnaie, vient précisément de l’exploitation depuis des siècles, de l’Afrique », avait déclaré l’ancien président français aux lendemains de son départ de l’Elysée.
Ce Jacques Chirac là était une personne bonne certes, mais ce n’était pas celui-là qui venait en Afrique et qui collaborait avec les dirigeants cupides d’Afrique. Celui-ci aurait pu vraiment être ancré dans le cœur des africains, des vrais. Mais Chirac le politicien était sans pitié et faisait vraiment preuve d’hypocrisie quand il se présentait aux côtés de ses amis, les dirigeants controversés d’Afrique. En gros, on peut se permettre d’affirmer sans aucun doute que Jacques Chirac aimait l’Afrique comme Paul Biya peut aimer la Suisse, mais il n’était en aucun cas « un ami de l’Afrique du peuple africain ».
Les commentaires sont fermés.