Maroc : Une journaliste accusée d' »avortement illégal » et de « relation sexuelle hors mariage »

Le procès d’une jeune journaliste marocaine pour « avortement illégal » et « débauche » (sexe hors mariage), s’ouvre lundi à Rabat, une affaire judiciaire qui a soulevé un débat indigné autour de la question des libertés individuelles au Maroc.

Arrêtée le samedi 31 août 2019, Hajar Raissouni, 28 ans, reporter du quotidien arabophone Akhbar Al-Yaoum, risque jusqu’à deux ans de prison selon le Code pénal marocain qui sanctionne les relations sexuelles hors mariage et l’avortement quand la vie de la mère n’est pas en danger. L’affaire a suscité de vives réactions et relancé le débat autour de la question des libertés individuelles au Maroc.

Dénonçant une « affaire politique », la jeune femme, placée en détention après son arrestation le 31 août à la sortie d’un cabinet médical de Rabat, assure avoir été soignée pour une hémorragie interne. Son fiancé, qu’elle devait épouser cette semaine, a été arrêté en même temps qu’elle, tout comme le médecin traitant, un infirmier et une secrétaire. Des mouvements féministes mais aussi des organisations de défense des droits humains comme Amnesty international et Human Rights Watch ont appelé à libérer la journaliste au nom du respect des libertés individuelles.

« Rien à voir avec sa profession de journaliste », assure Rabat

Son sort a suscité une vague d’indignations dans les médias et sur les réseaux sociaux, autour du droit des femmes à disposer de leur corps, du respect de la vie privée, de la liberté des mœurs ou de la presse. Assurant que l’arrestation d’Hajar Raissouni « n’a rien à voir avec sa profession de journaliste », le parquet de Rabat a détaillé mercredi dans un communiqué les éléments médicaux confirmant ses « signes de grossesse » et son « avortement ».

La journaliste, elle, dénonce des « accusations fabriquées » et une « affaire politique » liée à de récents articles consacrés aux détenus du mouvement social du « Hirak », selon ses proches. Elle assure aussi dans une lettre publiée par son journal avoir été interrogée en garde à vue sur ses oncles, un idéologue islamiste connu et un éditorialiste d’Akhbar Al-Yaoum réputé pour sa plume acerbe. Hajar Raissouni est elle-même relativement peu connue et sans positionnement idéologique affiché.

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