Dans le but d’améliorer l’offre agroalimentaire et de créer des emplois dans un Bénin où 70% de la population est rurale et vit principalement de l’agriculture familiale, SENS Bénin accompagne des entrepreneurs « solidaires avec leur territoire ».
Active depuis 2009 dans le département des Collines, c’est en 2013 que (Solidarités Entreprises Nord Sud) Bénin commence à développer le réseau d’entreprises solidaires B’EST (Bénin Entreprendre Solidaire avec son Territoire). En effet, la démarche B’EST qu’elle déploie trouve toute son essence dans le besoin urgent de développement économique local et surtout durable qu’ont exprimé les collectivités locales des Collines, du Borgou et du Zou, elles-mêmes devenues aujourd’hui actrices B’EST. Spécialisée dans l’entrepreneuriat agricole, les chaines de valeur agroalimentaires et l’accès aux services énergétiques ruraux, SENS Bénin fait également recours aux compétences de son partenaire SENS France pour mettre en œuvre ses services.
« Connecter des entreprises solidaires rurales et urbaines par des relations d’affaire viables et pérennes. »
Pour la société coopérative SENS Bénin, l’enjeu est double : D’une part, il s’agit de saisir l’opportunité de la démographie galopante qui fait accroître au quotidien la demande agroalimentaire plus exigeante, afin de créer de nombreux emplois, tout aussi attractifs pour les jeunes. D’autre part, il urge d’« amener les milliers de petites exploitations familiales à innover dans une agriculture qui soit plus productive et plus durable afin d’assurer la sécurité alimentaire, rurale et urbaine. » Les entreprises accompagnées par la structure sont dites « solidaires avec leur territoire » car elles sont dirigées par des entrepreneurs qui ont la volonté de contribuer profondément au développement de leur territoire. Ils constituent des maillons au sein des chaines de valeur inclusives locales. Le dispositif B’EST connecte donc des entreprises solidaires rurales et urbaines par des relations d’affaire viables et pérennes. Tout le mérite réside dans le fait que le dispositif améliore les conditions de vie des plus vulnérables au village, en valorisant les productions agricoles locales sur les marchés de l’alimentation et de la santé.
Au cœur de la démarche, au niveau rural, les Entrepreneurs Solidaires de Services aux Ruraux (ESSOR) sont des acteurs clés car les petits producteurs -hommes et femmes- contractualisent avec l’ESSOR dans le but de sécuriser leur achat d’intrants et leur vente de récoltes. A son tour, l’ESSOR vend les récoltes à des femmes rurales transformatrices, des entreprises de transformation agroalimentaire et sur les marchés de distribution en milieu urbain.
La création de richesse partagée sur les territoires s’opère ainsi pour contribuer à un « mieux-vivre au village. »
«Le métier d’ESSOR, c’est un vrai business»
L’entreprise de Michel Kinhoué, entrepreneur solidaire de service aux ruraux (ESSOR) est implantée dans la commune d’Agbangnizoun, village de Tossota. Il a démarré son entreprise par la culture du Soja et travaille avec 17 cultivateurs et 22 transformateurs de soja en fromage. « J’ai commencé par travailler avec eux (SENS Bénin) depuis 2018. Je me suis allié à SENS Bénin puis j’ai acheté des semences de soja de qualité. J’ai acheté la semence de soja de qualité TGX, je les vends aux agriculteurs et je leur rachète les récoltes pour les revendre aux transformatrices de soja » a- t-il expliqué. Cette année, il a installé un «groupe de confiance » pour une épargne participative destinée à l’achat de semences. A l’en croire, à la suite des formations organisées par SENS Bénin, les femmes transformatrices ont obtenu une meilleure technique de production du fromage de soja.
De son côté, Céline Adjomadogbo implantée dans le village d’Adjogon, commune de Zogbodomey, est aussi Entrepreneur ESSOR. Grâce à SENS Bénin, elle a pu obtenir des semences de qualité pour faire la culture du soja dont elle ignorait tout jusque-là. Comme Michel, elle revend les semences aux petits producteurs de son village «Depuis que je suis devenue ESSOR dans mon village, tout bouge du côté commercial et du côté recettes soja. Les repas à base de soja sont propres et sains. (…) Ces nouveau fromages ne donnent pas la constipation. Mon village l’a adopté. La Communauté des Communes du Zou m’accompagne à mieux faire connaître mes produits par la publicité dans les médias. J’ai maintenant plus d’expérience dans l’entrepreneuriat».
Un autre ESSOR, Pierre Kingbé est à la tête de l’entreprise AGRIBIONAT à Koguédé, dans la commune de Zakpota. « Nous enseignons de bonnes pratiques culturales à nos producteurs pour qu’ils aient de bonnes récoltes. Nous leur constituons un marché d’écoulement. Nous travaillons aussi avec les éleveurs. Actuellement nous travaillons sur les poulets appelés « ZADO » et nous assurons un marché aux éleveurs. J’ai aussi installé un jardin de plantes aromatiques et médicinales. Tout ceci dans le but d’assurer un mieux-vivre à nos villages. »
Ces entrepreneurs solidaires évoluent tous au sein du réseau B’EST.
Notons que dans son souci d’innovation agroalimentaire, SENS Bénin met en oeuvre un processus qui implique ses entreprises de transformation et les consommateurs dans la co-création de nouveaux produits dérivés des matières cultivées. Après une phase test des produits sur le marché, le savoir-faire est transmis aux entreprises du secteur, sous plusieurs conditions dont le respect du cahier des charges. Pour développer le marché, SENS Bénin amorce des circuits de distribution et assure la promotion des produits B’EST avec notamment la marque collective MonSoja « amon tchigan », aujourd’hui marque certifiée et déposée. Les démonstrations de recettes culinaires, les cuisines mobiles, les journées de promotion des différentes matières locales à valoriser et transformer en milieu rural et urbain, les visites d’échange sont autant d’activités de SENS Bénin qui réunissent les acteurs des chaînes de valeur B’EST autour d’une exigence de qualité, de coopération et d’équité.
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