Bénin – crise politique: le dialogue national et ses incertitudes

Plusieurs Béninois se réjouissent de l’annonce faite par les services de la présidence du dialogue national tant attendu. Mais déjà, des poches de résistance se créent et risquent de plomber l’initiative visant à faire table rase du sombre passé qu’a connu le pays.

Il serait intéressant de voir des images des politiciens béninois, toutes obédiences confondues faire des accolades pour signifier ainsi le retour à la paix, à l’unité et à la fraternité. A l’annonce de la rencontre du 10 octobre, personne ne devrait se poser des questions. Tous ceux qui aspirent à la paix et au développement du pays devraient même fléchir le genou pour remercier le Ciel qui a pu toucher le cœur des uns et des autres pour qu’on en soit à ce stade-là. Hélas, les poches de résistances sont à craindre.

Primo, les Forces cauris pour un Bénin émergent gèrent une crise interne depuis le 20 septembre. Le récépissé provisoire délivré à une aile des Cauris a plongé le parti dans un état comateux. N’eut été la personne de Boni Yayi, ciment de cette formation,  on en arriverait déjà à son requiem ou à tout le moins à un bras de fer juridique. On n’en est pas encore là. Mais convoquer une assise dans ces conditions n’est ni plus ni moins favorable pour le seul parti de l’opposition radicale qui pourra vaille que vaille représenter les autres en attente de leur personnalité juridique. Le parti de Boni Yayi, écarté des dernières législatives, risque de boycotter ce dialogue sans un minimum de consentement interne avant le 10 octobre.

Quid des autres partis de l’opposition?

Sur les huit formations politiques conviées par Patrice Talon, deux seulement se réclament de l’opposition. Dans un passé récent, outre la Fcdb qui se dit de l’opposition constructive, les autres partis se réclamant de cette obédience n’étaient pas prêts pour un quelconque dialogue sans la reprise des élections législatives à polémiques. Ce qui voudra dire que même si le parti communiste du Bénin, l’Union sociale libérale et Restaurer l’Espoir étaient convoqués rien ne présage de leur présence au palais de la république pour le dialogue annoncé par le chef de l’Etat depuis le 20 mai 2019. Encore que, si le dialogue aura lieu dans les locaux de la présidence, il y a lieu de craindre les intentions plausibles qu’on pourra prêter au chef de l’Etat, à tort ou à raison.

La place de l’église catholique…

Les Évêques devront désormais comprendre que leur immiscions dans la crise n’arrangeait guère les principaux acteurs. En témoigne la misère qu’on leur a faite tout le temps au point ils en soient arrivés à demander à la communauté chrétienne de prier pour le pays. Les temps sont, étaient devrait-on dire, périlleux. En attendant leur session de ce mois d’octobre, toutes les hypothèses concourent à l’exclusion des filleules de Mgr Isidore de Souza de la sphère politique. Alors que leur présence ou interférence pourrait créditer le dialogue d’une certaine neutralité. La crise de confiance née depuis quelques temps ne permettra pas aux deux camps, l’opposition et la mouvance, de faire la paix des braves pour sortir le pays du gouffre. Le cas Cameroun est encore très frais dans les mémoires.

La libération des prisonniers politiques en question

L’opposition politique crie à la chasse aux sorcières. Pour elle, le pouvoir en place a jeté en geôle ses militants pour un rien. Et, depuis le début de la crise, elle revendique la libération sans condition de ceux-ci. De son côté, le gouvernement soutient que le Bénin est un Etat de droit. Par conséquent, il ne revient pas à l’Exécutif de s’ingérer dans le judiciaire. Ces partisans croupissent en prison. Le tribunal continue de faire les investigations nécessaires pour situer les accusés et leurs parents. Pendant ce temps, il est risqué de clamer avec certitude que l’opposition pourra répondre favorablement à cet appel de Patrice Talon.

Au-delà des partis politiques…

Les opposants, au-delà des revendications parfois légitimes, doivent aller au-delà de leur formation respective pour sauver la nation. La patrie vaut plus que tout dans une épreuve comme celle que traverse le Bénin depuis plusieurs mois maintenant. Aucun sacrifice ne serait de trop pour apaiser les cœurs meurtris avant la tenue des municipales qui sont déjà à nos portes. Le chef de l’Etat, dans son élan salutaire de faire la paix à la Sall, doit accepter les concessions pour accéder à certaines exigences de ses vis-à-vis au nom de la République. C’est le pays qui en sortira gagnant, in fine.

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