Bénin: la prudence de Talon face à la révision de la constitution

La révision de la constitution revient au galop suite au dialogue politique tenu au palais des congrès du 10 au 12 octobre 2019. Mais, ce vendredi 25 octobre, alors que tous ses partisans préparaient psychologiquement les Béninois à accepter la révision de la constitution, Patrice Talon opère un dribble, comme à ses habitudes.

C’est désormais clair dans la tête de tous ceux qui l’ont entendu ce vendredi sur la révision de la constitution. Dorénavant, le chef de l’Etat béninois, quand bien même il croit en la nécessité de cette réforme  est plus prudent . La révision de la loi fondamentale n’est plus une obligation pour lui. Surtout quand il avoue avoir de « l’aversion pour cette question » après un essai soldé par un cuisant échec . En effet, le 4 avril 2017, les députés de la septième législature devraient permettre à Patrice Talon de réviser ou non la constitution. Tous les feux étaient presqu’au vert quand « une minorité de blocage » a brisé le rêve tant nourri par le compétiteur-né.

Sur la télévision nationale, l’ancien magnat du coton a déclaré en son temps: « la révision est désormais derrière moi, c’est fini ». En dépit de cette déclaration du chef de l’Etat, les députés acquis inconditionnellement à sa cause, ont tenté un passage en force à la veille des dernières élections législatives. Il fallait coûte que coûte réviser la constitution pour rallonger le mandat des élus de la septième législature afin de permettre aux forces de l’opposition de se mettre à jour pour aller aux élections, ont soutenu unanimement les membres du Bloc de la majorité présidentielle (Bmp). Au lendemain de l’installation de la législature actuelle, tout le monde chantait à tout vent que le boulevard était grandement ouvert pour régler une fois pour toute cette question qui était devenue une « arlésienne ».

Alain Orounla annonce les couleurs

Dans un show médiatique le weekend dernier, le samedi 19 octobre pour être précis, le ministre de la communication et de la poste, Me Alain Sourou Orounla, a été péremptoire sur la question. Si on doit mettre en application les résultats du dialogue, une modification de la constitution s’impose. Même s’il reconnaît que cela ne relèvera pas des prérogatives du gouvernement, il était convaincu que ni le parlement ni la cour constitutionnelle ne pourra s’y opposer en son temps. Tout comme lui, les deux partis politiques soutenant les actions du président de la République reprennent en chœur la thèse incontournable de la réforme constitutionnelle.

L’opposition réfractaire au projet

Les formations politiques de l’opposition ne sont pas dans une dynamique de révision constitutionnelle. Pour elles, l’Assemblée nationale, entièrement acquise à la cause du locataire de la Marina, est illégitime pour procéder à une telle réforme. Les diatribes et avertissements allaient bon train. Les Forces cauris pour un Bénin émergent aile Hounkpè, taxées à tort ou à raison de traître, sont aussi défavorables à toute révision (confère le mémorandum). Et, c’est à ce niveau que tous attendaient l’homme du 6 avril 2016. Mais, Patrice Talon, tel un devin, prend le contre-pied parfait de tous.

Talon plus que réservé

De « la révision est désormais derrière moi, c’est fini  »  d’avant  au désir subit de réaliser un consensus autour de cette réforme aujourd’hui, Patrice Talon a fait du chemin. Sa position est désormais plus nuancée : »je ne promulguerai jamais une modification de constitution qui pourrait demain nous créer des histoire » Cette posture devrait refroidir les ardeurs des Anti- et des Pro-révisionnistes.

Déjà à son discours d’investiture, il a clairement dit qu’il misera sur la compétence. Pour le moment, dira-t-il, « l’égalité genre et l’équilibre régionale ne seront pas mes priorités ». La preuve: sur douze préfets, il n’y a qu’une seule femme. Sur 83 députés, on en dénombre six. Logique, n’est-ce pas? Or, c’est surtout la représentation des femmes dans les instances électives, outre les élections générales, qui conduit tout droit vers la révision de la constitution. C’est peut-être cette discrimination positive qui a bémolisé le discours du chef de l’Etat.

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