Bénin: malgré la réforme du système partisan, une pléthore de partis politiques enregistrée

Un an après l’adoption d’une loi reformant le système partisan, le Bénin n’est pas encore à l’abri des clubs électoraux. Une dizaine de formations politiques déjà formalisées au ministère de l’intérieur et d’autres en attente de leur acte juridique.

La réforme du système partisan a, douze mois après, montré ses limites. En adoptant cette loi en septembre 2018, le législateur a fait croire aux populations qu’elle allait régler le problème de partis régionaux voire familiaux. La réforme allait impliquer des grands regroupements  pour n’avoir environ que quatre formations politiques. D’ailleurs le code électoral en son article 242 a fait implicitement mention de cet état de chose lorsqu’il aborde la question de 10% au plan national s’agissant des joutes législatives.

Patrice Talon, porteur convaincu des réformes, dans son message à la nation le 20 mai 2019, a laissé transparaître dans ses propos qu’il espérait quatre formations politiques au maximum dans le pays après la réforme. Deux de la mouvance et deux de l’opposition. Ce qui n’est pas le cas. Le chef de l’Etat semble avoir accusé l’opposition de ne pas pouvoir surmonter leur égo pour se mettre ensemble. Ce qui compromet la réforme.

Mais aujourd’hui, à la faveur du dialogue politique tenu du 10 au 12 octobre, il est clairement apparu que l’opposition n’était pas le seul réfractaire aux mutations sociopolitiques. Sur les huit partis représentés, cinq étaient de la mouvance présidentielle.

Le parrainage pour contourner l’échec de la réforme

Une autre réforme est en vue. Elle pourra être à l’origine d’autres crises politiques si on n’y prend garde. Très bientôt, si on s’en tient à la déclaration du président de l’Assemblée nationale, avant décembre 2019, les lois électorales seront relues. A cette occasion, il faut y introduire une nouvelle disposition pour tenir compte des aspirations des délégués au dialogue politique. Le parrainage des candidats à l’élection présidentielle par des élus communaux et municipaux. Quand on sait qu’au Bénin aucun élu n’a jamais fait l’opposition, il est une vérité de La Palice que celui qui est au pouvoir aura presque tous les maires de son côté. Les candidats de l’opposition auront du grain à moudre pour prouver leur parrainage par des élus. Et, c’est à ce moment-là qu’ils vont s’apercevoir que le système est grincé.

Qui va piano va tiano, dit l’adage. Il vaut mieux aller à pas de tortue pour être certain de construire un système qui ne va pas s’écrouler tel un château  de carte. A vouloir parer au plus pressé avec des questions aussi sensibles que la charte des partis politiques et le code électoral, le Bénin risque de rentrer dans un cercle infernal électoral. Les acteurs politiques doivent, si le développement du pays leur tient à coeur, se départir des calculs politiciens pour adopter des textes souples qui n’auront pas à opposer des fils de la patrie à chaque consultation électorale. Errare humanum est, perseverare diabolicum, dit l’adage.

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