Bénin: Patrice Talon va-t-il donner raison à l’opposition radicale?

Le chef de l’Etat, dans son élan d’apaiser les cœurs meurtris au cours du processus électoral ayant conduit à l’élection controversée des députés de la huitième législature, a initié un dialogue politique. L’opposition radicale y avait vu un piège.

La rencontre du chef de l’Etat avec la conférence des présidents de l’Assemblée nationale ce jeudi matin est une preuve que Patrice Talon ne veut pas à lui seul tenter une certaine mise en application des recommandations issues du dialogue politique. Le président de la République ne veut pas non plus se prévaloir de ses prérogatives constitutionnelles pour prendre des décisions qui pourraient s’avérer périlleuses pour la démocratie béninoise. Il semble tenir rigoureusement au respect des procédures en la matière. Mais les informations qui fusent à la suite de cette rencontre entre les deux institutions semblent apporter de l’eau au moulin de l’opposition radicale.

En effet, des supputations font état de ce que les députés présents à la rencontre de ce jeudi ont posé des conditions indispensables pour la mise en œuvre de certaines recommandations. Pour ces députés, cela passe nécessairement par la révision de la constitution. Dans le cas contraire, ils ne sauraient introduire les propositions du dialogue dans les lois de la République. Cette thèse ayant déjà reçu un écho défavorable par deux reprises en trois ans, rien ne rassure que, en dépit du monolithisme du parlement, la relecture de la loi fondamentale pourra se faire sans des poches de résistance.

Toute l’opposition hostile à cette réforme

Quand bien même certains caciques de la mouvance, inconditionnels régimistes, soutiennent mordicus que la révision de la constitution sous-tend les réformes de développement du pays, il n’est pas à négliger les craintes de certains soutiens forcés du régime de la rupture. A moins d’un vote à main levée, certains élus pourraient ne pas cautionner cette réforme. Cela confortera l’opposition qui bat une campagne terrible contre la révision de la constitution depuis des lustres. Au cours du dialogue politique, certains partis à l’instar des Forces cauris pour un Bénin émergent ont manifesté clairement leur opposition à toute réforme constitutionnelle. Ce qui voudra dire que même ceux qu’on qualifie de « l’opposition modérée » ne sont pas favorables à la chose.

Patrice Talon en passe de dribbler l’opposition

En réalité, l’opposition radicale n’espère rien de potable de la part du gouvernement. Au cours de leurs différentes rencontres et déclarations, elle l’a toujours martelé haut et fort. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle elle encourageait le parti de Boni Yayi à ne pas participer au dialogue au risque de cautionner naïvement la révision de la loi fondamentale. Lorsque le chef de l’Etat qui est par ailleurs parrain des deux formations politiques représentées au parlement n’arrivera à dissuader ses fidèles soutiens de l’idée de révision de la Constitution, il donnera, implicitement, raison à l’opposition qui imaginait une mauvaise foi derrière le dialogue tenu du 10 au 12 octobre 2019. Sauf que Patrice Talon  pourra toujours démentir les pronostics comme à ses habitudes. Le communiqué sanctionnant la rencontre concourt à cette fin pour l’heure.

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