Albert Tévoédjrè: cette dette du peuple camerounais à l’éminente figure africaine

À quatre jours de la commémoration de ses 90 ans d’âge, le Professeur Albert Tévoèdjrè, est passé de vie à trépas, le 6 novembre 2019 à Port-Novo , laissant derrière lui, entre autres, une série histoires. Parmi elles, une relative à la modification de l’hymne national du Cameroun, au temps du président Ahmadou Ahidjo.

Sur le grand parcours de l’éminent professeur Albert Tévoédjrè, se retrouve l’hymne national du Cameroun, écrit par les élèves de la première promotion de l’école normale de Foulassi. Au début un cri de ralliement des élèves de cette nouvelle école normale située située dans le département du Dja-et-Lobo dans  la commune de Sangmélima, l’hymne national du Cameroun a été, par la suite, modifié par l’ex-dirigeant la Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France.

Pour l’homme qui s’est distingué par son combat pour la négritude à l’époque coloniale, le Professeur Albert Tévoèdjrè s’est toujours impliqué pour relever la dignité de l’homme noir, de l’africain, pour une Afrique majeure dans un monde majeur.  » Je crois en l’Afrique parce qu’elle a souffert. Parce que j’ai eu mal pour elle et à cause d’elle. Lorsqu’elle est méprisée, l’Afrique, lorsqu’elle est humiliée, je suis concerné et je m’engage pour la défendre. », a écrit « le renard de Djrègbè » dans son ouvrage « Le bonheur de servir », un livre préfacé par l’ancien Secrétaire Général des Nations Unies, Kofi Annan. Signalons que la plupart des ses œuvres ont eu des préfaciers de renom allant des Prix Nobel au chef d’Etat en passant par de prélat à réputation mondiale.

Se voyant concerné par la cause camerounaise, le co-fondateur du  Mouvement Africain de la Libération Nationale a interpellé l’ancien président camerounais, Ahmadou Ahidjosur une strophe avilissante de l’hymne national du Cameroun.  » Secrétaire Général de l’Union africaine et malgache de 1961 à 1963, j’allais souvent au Cameroun dont le président à l’époque, Ahmadou Ahidjo, exerçait la fonction de président en exercice de l’Union… Un jour, il  me pria de le « bousculer » sur l’hymne national camerounais  qui commençait ainsi :

O Cameroun, berceau de nos ancêtres,

Autrefois, tu vécus dans la barbarie.

Comme un soleil, tu commences à paraître,

Peu à peu tu sors de ta sauvagerie.

Le président n’avait jamais été interpellé sur le sujet. Il reconnut, sans commentaire, le bien-fondé de mon malaise. Comme je ne voyais rien venir, j’ai mentionné dans ma thèse de Doctorat, au début d’un chapitre, ce très déplorable mépris de soi-même. a écrit l’éminent intellectuel et politique béninois, à la page 107 de cet ouvrage paru aux éditions L’Archipel, 2009.

« Quand Ahidjo s’aperçut de mon entêtement, il donna les ordres que j’attendais et les paroles de l’hymne camerounais changèrent définitivement » a déclaré le grand homme de culture et brillant orateur qui a été désigné comme rapporteur des conclusions de la Conférence nationale des forces vives de la nation, au Bénin. « j’ai été fier d’obtenir, tout seul, la modification des premières paroles de l’hymne national camerounais » , a conclu Albert Tévoèdjrè, responsable fondateur de partis politiques, universitaire émérite, écrivain engagé, haut fonctionnaire des Nations Unies et homme d’État.

Témoin et acteur des plus grands épisodes de la vie politique dahoméenne et béninoise, Albert Tévoédjrè qui s’était impliqué dans les mouvements indépendantistes et panafricains est décédé le 6 novembre 2019 à Porto-Novo, la capitale du Bénin.  » Nous avons vaincu la fatalité » a-t-il déclaré, le 28 février 1990, à l’adoption des résolutions qui enterrent la période révolutionnaire et ouvrent la transition vers le renouveau démocratique.

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