Bénin: l’opposition politique totalement tétanisée?

Patrice Talon remporte, depuis son accession au pouvoir, tous les duels et challenges contre l’opposition visiblement fragilisée et abonnée aux déclarations de presse. La révision incognito de la constitution semble le clap de fin d’une opposition en panne de palliatives.

Trois ans durant, l’opposition béninoise n’a pu, une seule fois, défier le régime de la rupture. Les seuls exploits à l’actif d’une minorité broyée à la fin de la septième législature reste le blocage du vote de la loi modificative de la constitution. Patrice Talon a les clés du jeu en main et déplace tous les pions sans difficulté. Telle une gorgée d’eau, il a réussi à faire passer ses réformes politiques par sa majorité écrasante au parlement avec la bénédiction de Me Adrien Houngbédji. Les gémissements de l’opposition n’ont pas empêché le Bloc de la majorité présidentielle (Bmp) d’adopter les lois à polémiques aux environs de 3 heures du matin. Le président de l’institution parlementaire a, en son temps, trouvé la formule appropriée pour qu’aucun citoyen ne découvre le nombre de députés ayant voté pour les lois qui ont servi à écarter l’opposition des consultations législatives. La loi est adoptée « à l’unanimité des députés moins un », disait le numéro un du parti de l’arc-en-ciel.

Quelques mois plus tard, l’application de ces lois a révélé leur caractère crisogène. Non seulement tous les partis de l’opposition n’avaient pas eu l’autorisation administrative pour aller aux élections, les partis satellites de la mouvance ont été aussi mouillé par la pluie d’exclusion. L’opposition, dans une démarche visiblement radicale, a annoncé des manifestations pour empêcher la tenue des élections sans elle. « Pas d’élection sans l’opposition » était leur slogan de tous les jours. Pourtant, le pouvoir a mis tous les moyens étatiques à profit pour organiser les joutes. Il n’est pas important de rappeler les dommages collatéraux causés aux citoyens. En dépit du taux de participation historique, les ténors de l’opposition ont été surpris de voir le gouvernement dans une démarche d’installation du parlement que certains qualifient « d’illégitime ». Un autre slogan fut inventé. « Pas d’installation sans l’opposition ». Sans surprise, Louis Vlavonou et ses collègues ont été installés sous haute surveillance militaire. L’opposition n’a eu que ses tribunes pour pleurnicher devant les caméras d’organes de presse qui prennent encore le risque de couvrir leurs sorties médiatiques.

Écourter le mandat des députés, un rêve?

Au lendemain de l’installation du parlement taxé d’illégal et d’illégitime, la nouvelle trouvaille des forces de l’opposition, à toutes leurs rencontres avec les médias et/ou militants, étaient la réorganisation des élections législatives avant 2023, terme légal de la huitième législature. Là encore, le pouvoir a clairement indiqué ses intentions. Il est hors de question de nourrir ce rêve. Tout ceci est derrière nous. Entreprenons le présent pour envisager le futur, semble dire Patrice Talon dans son message du 20 mai 2019. L’opposition s’atomise davantage. Encore qu’elle semble infiltrée au point où toutes ses stratégies sont connues de tous avant même qu’elle ne sorte de ses conclaves. Et, c’est dans ces conditions qu’une partie des Forces cauris pour un Bénin émergent va déférer aux injonctions de Sacca Lafia, ministre de l’intérieur pour s’adjuger le fameux récépissé qui aura plus semer de confusion au sein des forces de la résistance.

La révision de la constitution, un coup dur pour l’opposition

Tout semble bien chronométré au niveau des dignitaires de la rupture. Il a fallu juste le récépissé des Fcbe pour qu’un dialogue politique soit convoqué. Patrice Talon a obtenu la bénédiction des délégués de huit clubs électoraux sur les neuf convoqués pour réaliser sa promesse électorale. La révision de la constitution. Le comité d’experts constitué exclusivement des préposés du pouvoir et coiffé par deux universitaires traités de tous les noms d’oiseau à tort ou à raison, a fini par proposé aux députés l’incontournable révision de la constitution pour voir les recommandations du dialogue en application. En deux temps trois mouvements, « la grosse tête fut rasée » par le parlement monolithique. Presque tous ceux qui continuent de se réclamer de l’opposition, ont démontré combien ils sont « atteints ». Point de sortie médiatique. Mais en rang dispersé, chacun se fend d’un texte pour exprimer son amertume. Il est aisé de constater entre les lignes des différents messages fusant des leaders de la résistance que la douleur est énorme mais point de stratégie pour changer la donne. Encore qu’il est fort probable, au regard de la nouvelle constitution, que l’exclusion est déjà consommée avant la présidentielle de 2021 (parrainage des candidats).

Des allégeances en vue?

C’est la seule issue qui pointe à l’horizon pour les fébriles. Les plus durs vont tenir le coup, malgré tout. Il ne sera pas surprenant de constater qu’au lendemain des prochaines élections communales, ou même avant, des meneurs de lutte qui se réclament défenseurs du peuple, changent de discours. Si certains ont tenu jusque-là, c’est parce qu’ils s’appesantissaient sur une probable impopularité du locataire de la Marina pour aller au charbon en 2021. Maintenant que le match semble plier avant le début de la compétition, les donnes devront changer, incessamment.

Sauf miracle en 2021, seuls l’Union progressiste et le Bloc républicain seront à même de récolter le nombre de signatures des élus qu’il plaira aux députés de mettre dans le code électoral très prochainement afin d’aller à la présidentielle. Le faiseur de roi devenant roi lui-même, a su jeter les dés pour mettre ceux qui se passaient pour stratèges politiques en déroute.

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