Bénin: l’analyse de Boni Ouorou sur le discours de Talon à la session des chefs d’Etat de l’UEMOA

A la veille de l’ouverture officielle des travaux de la première session extraordinaires des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’UEMOA, le président béninois Patrice Talon est intervenu sur la soutenabilité de la dette dans la zone Afrique. Un discours qui a marqué les esprits et dont le politologue Boni Ouorou apprécie dans une analyse qui met en indexe les chefs d’Etat africains.

En prélude à la session extraordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’UEMOA qui s’est tenue le 03 décembre 2019 à Dakar au Sénégal, le président Patrice Talon est intervenu à la veille de l’ouverture officielle des travaux, sur la soutenabilité de la dette dans la zone Afrique à l’occasion d’une conférence sur le thème «Développement durable et dette soutenable : Le juste équilibre». Dans son intervention, le chef d’Etat béninois, a invité les institutions multilatérales à sortir des discours pour apprécier à sa juste valeur la capacité des pays africains à faire face à certains engagements en matière de dette. Il a également déploré l’appréciation souvent portée sur les pays africains en terme de risques. Mais attaquants ce discours, le juriste et politologue béninois, Boni Ouorou dénonce l’hypocrisie des chefs d’Etat africain. « On dit de vous que vous êtes milliardaire, mais je parie que la majorité ou même la totalité de votre fortune se trouve dans des banques étrangères. Vous qui en refusant de déposer vos avoirs dans les banques commerciales de vos pays que vous dirigez pourtant, empêcher ainsi vos concitoyens à avoir accès à des prêts conséquents pour développer leurs activités. Vous voulez reprocher aux autres de ne pas faire autant ou de le faire avec conditions ? » se demante-t-il.

Pour le politologue, les chefs d’Etat africains ne sont pas habilités à faire des reproches aux autres d’autant plus qu’eux-mêmes refusent de déposer leurs avoirs dans les banques de leur pays, en donnant ainsi l’impression que les  institutions ne sont pas dignes de confiance ou que les avoirs sont issus de corruption ou directement de détournement de denier public. Mieux, Boni Ouorou accuse le manque de reddition de compte dans les pays africains et l’opacité dont la gestion est entourée. « Vous êtes capable de dire que le peuple au nom duquel vous voulez emprunter ne doit pas faire valoir son droit au contrôle délégué à sa représentation et vous pensez qu’on ne va pas vous prendre comme pays à risque ? » s’interroge-t-il.

Boni Ouorou dresse une liste d’incongruités qui caractérisent certains chefs d’Etat africains:

Dans son analyse critique, le politologue estime que le mode de gouvernance dans plusieurs Etats africains justifie la prudence des institutions internationales dans l’octroi des prêts. Ces points de griefs sont les suivants:

  • Vous choisissez dans vos pays les représentants du peuple que vous voulez sans tenir compte de son choix et faites voter des lois sources de crise à long terme et vous pensez être irréprochable?
  • Vos lois ne sont pas au bénéfice de l’ensemble de vos populations et sont conçues pour servir vos intérêts et vous pensez que vous n’êtes pas un risque ?
  • Votre justice est à votre botte dans un régime où devait fonctionner la séparation des pouvoirs, vous contrôlez la justice et les médias et vous ne constituez pas un risque ?
  • Vous entamez des procédures judiciaires sans fondements contre vos concitoyens en interprétant les lois à votre profit et vous n’êtes pas un risque ?

Du discours des occidentaux:

Le politologue béninois dénonce par ailleurs l’hypocrisie de certains chefs d’Etat africain qui applaudissent les discours des institutions quand ces discours leur semble bons tout en rejetant ce qui ne les arrange pas. « Lorsque vous trichez aux élections dans vos pays et malgré et ça, l’Union européenne vous déclare vainqueur et vous déportez les vrais vainqueurs vers la CPI qui les accepte, ces discours vous plaisent n’est-ce pas ? » se demande Boni Ouorou avant de conclure: « Et si vous êtes capable de faire tout ça à vos concitoyens, imaginez ce que vous êtes capable de faire aux autre une fois qu’ils vous auront donné leur argent pour vous rendre fort ? Apprenez à mieux gouverner, à donner l’exemple. Il suffit d’avoir une gouvernance exemplaire, de militer en faveur de la transparence au sommet de l’état et dans la gestion publique » et les institutions internationales vous feront confiance.

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