Manifestations en Inde: des morts, des centaines d’arrestations, coupure d’internet et du téléphone

Depuis une semaine, le Premier ministre Narendra Modi fait face à un important mouvement de protestation contre une loi. Il s’agit de la réforme de l’accès à la nationalité indienne sur des critères religieux, jugée discriminatoire pour les musulmans.

La nouvelle loi sur la citoyenneté en Inde ne cesse de déchaîner les passions. Deux personnes sont mortes jeudi lors de mobilisations contre cette loi, au cours desquelles la police a interpellé des centaines de manifestants. Ces décès survenus à Mangalore (sud) lors d’affrontements avec la police portent à huit au moins le nombre de personnes tuées depuis le début des manifestations, il y a une semaine.

De nombreuses manifestations, parfois émaillées de heurts, ont été signalées jeudi en divers endroits du deuxième pays le plus peuplé de la planète, de la capitale, New Delhi, aux grandes métropoles du Sud. Les forces de l’ordre ont arrêté des centaines de personnes, selon l’agence Press Trust of India, pour avoir enfreint les interdictions d’attroupements. Pour contrer cette mobilisation qui dure depuis une semaine, les autorités avaient prohibé à l’avance tout rassemblement dans de nombreuses grandes villes et régions.

Services Internet et de messagerie texte suspendus

Dans certains quartiers du centre de la capitale New Delhi, l’accès à Internet et aux services de deux grands opérateurs téléphoniques, Airtel et Vodafone, a été coupé. Internet a aussi été suspendu, par décret du gouvernement, dans plusieurs villes à majorité musulmane de l’Uttar Pradesh, ainsi que dans plusieurs États du Nord-Est.

« Le gouvernement a émis une directive nous demandant de restreindre les services de téléphonie mobile en certains endroits de Delhi », a déclaré à l’AFP un responsable de Vodafone India. Des habitants de Delhi et des manifestants avaient précédemment fait état de difficultés pour passer des appels, envoyer des SMS ou se connecter à internet depuis leur téléphone portable.

Ce mouvement de protestation contre une loi jugée discriminatoire pour les musulmans est l’un des plus importants auxquels doivent faire face les nationalistes hindous du Premier ministre Narendra Modi. Cette loi qui facilite l’attribution de la citoyenneté indienne aux réfugiés d’Afghanistan, du Pakistan et du Bangladesh mais pas ceux de confession musulmane, est notamment jugée contraire à la Constitution indienne par ses adversaires. La nouvelle législation ne concerne pas directement les Indiens de confession musulmane mais a cristallisé les peurs et colères de cette minorité après cinq ans de gouvernement des nationalistes hindous.

Amnesty International a appelé les autorités indiennes à « cesser la répression des manifestants pacifiques qui protestent contre (une loi) discriminatoire ». L’organisation de défense des droits humains a qualifié d’« impitoyable » l’action des forces de sécurité, accusées par les manifestants de nombreuses violences ces derniers jours.

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