Bénin – Des paroles aux actes: bilan de mon soutien au candidat Talon (partie3)
Dans son projet de société soumis aux Béninois, le président Patrice Talon a pris des engagements précis qui ont pu inspirer ses compatriotes à porter leurs voix sur sa candidature et à inviter les Béninois à en faire de même. C’est le cas par exemple de l’ancien ministre du Général Mathieu Kérékou, Sylvain Akindes qui, 4 ans après son soutien au candidat Patrice Talon, a décidé de faire le bilan pour voir si le choix fut porteur d’espérance. Cet exercice, l’ancien ministre de la République entend le faire en plusieurs volets. Nous vous proposons ici l’acte 3 du bilan d’un engagement électoral.
Dans cette troisième partie du bilan de son soutien à l’actuel locataire de la Marina, le ministre Sylvain Akindes va aborder essentiellement des promesses liées à la liberté de presse, à la dépolitisation de l’administration pour en faire une administration au service du développement ainsi que le point relatif au renforcement de la sécurité des personnes et des biens.
Sur la liberté de la presse:
Pour ce qui est du premier point, celui relatif à la liberté de la presse, le candidat Patrice Talon, dans son diagnostic, avait exposé les faiblesses ci-après:
• Pouvoir exorbitant de l’autorité de régularisation (HAAC)
• Politisation de la HAAC et des organes publics de presse
• Restriction de la liberté de presse
• Insuffisance de formation des professionnels des médias
• Insuffisances des infrastructures et équipements pour les Technologies de l’information et de la communication (TIC)
• Précarité de la situation financière des organes de presse
Sur la base de ce diagnostic, il s’est engagé sur les mesures ci-après: les mesures préconisées sont une reprise de principe de ce diagnostic en s’engageant à y remédier. Mais les promesses ont-il été tenues? Sylvain Akindes s’interroge: Quel est, honnêtement, le professionnel de la presse qui puisse soutenir que ces promesses ont un début de réalisation ?
La composition de la HAAC a-t-elle été modifiée même après le hold-up organisé pour voter des modifications de la Constitution, fruit d’un consensus national ? Non. Pendant près de trois ans, l’institution chargée de faire respecter la liberté de presse s’est illustrée par des décisions et des positions qui entravent cette conquête des citoyens pour une information diversifiée et renseignée, s’est-il désolé.
L’une des lois chéries par le régime, indique-t-il, est celle relative à la répression des articles sur les réseaux sociaux, devenus la seule tribune où une information objective peut être rendue publique, avec à la clé la menace d’être poursuivi en procédure d’urgence pour avoir publié une information sensée être indispensable aux citoyens, mais jugée préjudiciable à la poursuite d’actions jugées nocives par les auteurs. Par ailleurs, se désole-t-il, les organes d’information de service public sont incapables d’organiser des débats réellement contradictoires, transformés en entonnoirs de la parole divine du maître du moment. Les agents qui se permettent de respecter l’éthique de la profession se disent être des cibles de sanctions qui ne disent pas leur nom et surtout suppliés de rester dans l’anonymat total ! Nous n’avons aucune honte de dire ouvertement que nous évitons d’ouvrir les chaînes des médias de service public et même ceux qui sont réputés privés, fait-il remarquer. Est-il besoin d’insister sur les sorts réservés aux autres promesses relatives au secteur de la liberté de presse ? Inutile, pensons-nous en attendant ceux qui prétendraient déceler un éventuel effort.
La modernisation de l’administration:
Concernant le point relatif à la redynamisation et à la modernisation de l’administration publique, le diagnostic du président réformateur se présente comme suit:
• Insuffisance de formation
• Manque d’effectifs dans certains corps
• Politisation à outrance
• Absence de contrôle
• Manque de motivation.
On constate aisément le caractère général de ce diagnostic qui ne pré-visage pas la privatisation progressive de la gestion des agents de la fonction publique et sa précarisation. C’est pourtant à cela que nous assistons impuissants, avec l’espoir d’en finir rapidement avec cette tendance lourde du libéralisme mis en application au Bénin, indique le ministre Sylvain Akindes qui précise que les mesures clés énoncées restent dans la généralité de la langue de bois. « Et pourtant cela ne nous avait pas empêché d’inviter à préférer le candidat au fonctionnaire français commis pour diriger notre pays, avec le soutien actif, déterminé et conscient de Boni Yayi qui a cru suffisant de demander ensuite pardon au peuple béninois. Il était difficile d’admettre cette sorte de larme de crocodile, aussi bien avant que maintenant. Il y a des responsabilités historiques qui ne doivent jamais quitter nos mémoires de citoyens conscients. Ce souvenir sert à juger ensuite de toutes les gymnastiques de l’activité politique des auteurs, pour se prémunir des manipulations de toutes sortes.« , s’insurge l’ancien président de la république.
Sur le renforcement de la sécurité des personnes et des biens:
Le ministre Sylvain Akindès visiblement ne semble pas être non plus satisfait du point trois de la troisième partie de son bilan sur les 4 ans de gestion de la rupture. Ce point concerne le renforcement et la protection des biens et des personnes. Selon le diagnostic exposé dans le document « Le Nouveau Départ« , on retient:
• Insécurité grandissantes dans les villes et les campagnes
• Manque d’infrastructures, d’équipements et de formation au niveau des forces de Sécurité et de Défense
• Politisation et mauvaise utilisation des ressources humaines
• Orientation exclusivement politique des missions des services de renseignement.
Les sentiments d’insécurité des citoyens ont été repris ici sans qu’il puisse y apercevoir les causes des phénomènes évoqués. Dans ces conditions, il est normal que le pilotage soit à vue dans la mesure où c’est l’exercice réel du pouvoir qui permet d’identifier les causes réelles de ces phénomènes. Il était par conséquent prévisible qu’au début du mandat, le diagnostic soit complet et rendu public pour prévenir des mesures probables afin de redresser la situation, indique Sylvain Akindes qui juge regrettable qu’on n’ait pas pu opérer de cette manière. S’il y a des raisons à ce «manquement», nous ne sommes pas en mesure de les inventer, mais seulement autorisés de supposer tout ce qui nous parait possible, en faveur de l’acteur ou en sa défaveur, sans état d’âme, martèle-t-il. « Peut-être a-t-on fait des merveilles pour la formation des ressources humaines dans le secteur de la sécurité dans la stricte confidentialité ? L’occasion des discours sur l’état de la Nation, cet exercice ennuyeux auquel l’ancienne Constitution astreint les Présidents de la République n’a pas permis d’évoquer ce volet. Il est par conséquent normal que l’affabulation d’avoir mis la sécurité des citoyens béninois dans les mains des services d’un Etat africain «ami» ait longue vie. Cette situation semble être la même pour les services de renseignement.« , insinue-t-il.
Mais il conclut en affirmant que, sur ce chapitre, le bilan ne saurait être fondé puisqu’il s’agit d’un secteur de souveraineté et de culture du confidentiel. Nous n’en faisons donc aucun.
Il nous plait cependant d’évoquer l’une des mesures clés contenues dans le document qui nous a fondés à voter Talon. C’est «renforcer les effectifs, notamment de la Gendarmerie pour couvrir tous les besoins de la sécurité, maintien de l’ordre et protection dans nos villes et campagnes». Il semble que c’est tout le contraire qui a été fait en dissolvant la gendarmerie dans la police et en affectant ses infrastructures à d’autres fins. Pour quelles raisons, bien malin qui pourrait le dire avec certitude, affirme-t-il.
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