Bénin : la thérapie de Mathias Hounkpè face à la démocratie contrôlée

Le politologue Mathias Hounkpè poursuit, dans une nouvelle publication, sa réflexion sur la situation politique du Bénin. Après avoir annoncé l’état de démocratie contrôlée dans lequel se retrouve le pays, il vient, dans une nouvelle analyse, esquisser un début de thérapie avec des propositions concrètes pour un retour à une situation normale.

Après sa réflexion axée sur le thème: « Soyons clairs sur ce qui se passe au Bénin ! », l’administrateur du programme de gouvernance politique à Osiwa (Open Society Initiative for West Africa), le politologue Mathias Hounkpè, s’est fendu d’une nouvelle analyse pour ébaucher des pistes de solutions face à la situation de « démocratie contrôlée »  dans laquelle se retrouve le Bénin. « Aujourd’hui, dans ce 3e papier, je voudrais répondre à une question déterminante : dans un contexte de « démocratie contrôlée », tel que précédemment décrit, que faire ? Avant d’y répondre, voici un exemple qui montre, s’il en était encore besoin, qu’affirmer que nous sommes dans un contexte de démocratie contrôlée n’est pas une vue de l’esprit ou de la spéculation intellectuelle.« , indique-t-il dans l’entame de sa réflexion.  Comme preuve, le politologue évoque la manière dont, comme une tour de magie, « la caution pour l’élection présidentielle est passée, en quelques mois seulement, (en CFA) de 15 millions à 250 millions, puis à 50 millions, sans aucune raison valable ni cohérente, parfois sur la base d’arguments douteux dont au moins on viole l’esprit du Code électoral« . Selon lui, avec cette façon de faire les choses, si demain, les préoccupations et les intérêts de ceux qui détiennent le pouvoir changent, la caution pourrait alors passer à 500 millions, voire 1 milliard de FCFA, explique-t-il.

Pour ce qui est de la question de savoir que faire, face à une situation de démocratie contrôlée, Mathias Hounkpè esquisse deux propositions. Premièrement, indique-t-il, il faut rappeler, aux détenteurs du pouvoir, l’importance des décisions qu’ils prennent, des réformes qu’ils initient, tant pour eux-mêmes que pour l’avenir de notre jeune démocratie. Pour le politologue, les dirigeants actuels doivent garder, à l’esprit, que dans le business de la politique, il est extrêmement difficile d’être du côté du pouvoir tout le temps, même pour des transhumants systématiques. En conséquence, prévient-il, ils savent très bien que les mécanismes qu’ils mettent en place aujourd’hui, profitant de leur position, peuvent être utilisés contre eux demain. « L’application des lois problématiques votées sous le pouvoir précédent, telle que la loi sur le numérique, crée aujourd’hui des problèmes à certains concitoyens qui en faisaient partie. C’est pourquoi, pour paraphraser Aristote , lorsque vous n’êtes pas sûr de la position que vous occuperez demain par rapport au pouvoir, faites en sorte que les mesures que vous adoptez aujourd’hui soient justes et protectrices des droits et libertés fondamentaux de tout le monde. », suggère-t-il. Pour ce qui est de l’avenir de la démocratie béninoise, l’administrateur du programme de gouvernance politique à Osiwa attire l’attention des hommes forts du moment sur le fait que la démocratie béninoise est encore jeune et que  » leurs actes et décisions créent des précédents qui pourraient nous coûter chers, demain. » Deuxièmement, Mathias Hounkpè estime qu’il faut continuer la réflexion sur les problèmes supposés appréhendés par les réformes, dont certains sont réels et complexes, en attendant le rétablissement des conditions normales de démocratie inclusive et participative au Bénin.

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