Bénin : Pourquoi la baisse de trafic maritime au Port de Cotonou ?

En dépit de la gestion déléguée du Port de Cotonou, le poumon de l’économie béninoise reste malheureusement et contre toute attente le moins attractif des ports du Golfe de Guinée. Comparé à ses concurrents immédiats, le PAC connait une baisse de trafic relative même si le président de la République parle d’une progression de 15% du trafic depuis 2017.

Sur la plateforme ‘’marine traffic’’, fondée en 2007 permettant principalement de suivre en direct le trafic maritime à travers le monde, l’on se rend à l’évidence que le Port de Cotonou est loin derrière ceux de Lomé (Togo), d’Abidjan (Côte d’Ivoire), Téma (Ghana) et Lagos(Nigéria). On note en moyenne trois fois plus de navires au port de Lomé par exemple qu’au port de Cotonou.  A titre illustratif, le 02 janvier dernier à 15h50 mn, 22 navires étaient au port de Lomé et 32 autres étaient attendus.

A la même heure, le Port de Cotonou attendait 14 navires et 7 ont marqué leur présence dans l’enceinte portuaire. Le 03 janvier à 19h14, le port de Cotonou avait 05 navires et 15 arrivées attendues, contrairement à Lomé qui accueillait 20 navires. Dans son planning, il est attendu avant la fin de la seule journée du 03 janvier dernier 30 autres navires. Superflu serait de comparer le Port béninois à celui ivoirien qui à la date du 3 janvier à la même heure avait 64 navires dans son enceinte et attendait 32 autres. A cette même date, 92 navires accostaient au Port de Lagos et 42 autres étaient annoncés.

Si à l’évidence de ces statistiques, on peut être tenté de conclure  aisément qu’il y a moins d’activités, de trafics ou d’affluence au Port de Cotonou et qu’il est pratiquement laissé en rade dans le concert des pays du Golfe de Guinée, Patrice Talon, présentant l’état de la Nation face à la représentation nationale, le 27 décembre dernier a justifié ce délaissement des opérateurs économiques au profit d’autres ports de la sous-région. (…) ‘’Le non encombrement de notre rade et l’enceinte portuaire ne sont plus synonymes de baisse d’activités portuaires, mais traduisent plutôt la performance des prestations portuaires et la fluidité des activités’’.

Le président de la République estime que la mise en œuvre de la gestion déléguée a permis, moins de deux ans après, de moderniser ses pratiques et équipements, d’augmenter ses capacités et de le rendre plus compétitif. Le trafic global, selon le chef de l’Etat, cumulé import et export s’établira à près de 11 millions de tonnes en 2019 contre 9,4 millions en 2017, soit une progression de 15% du trafic.

L’impact de la fermeture des frontières nigérianes

Selon certaines enquêtes, rapportées par ‘’Tribuneonlineng’’ la fermeture des frontières nigérianes reste à ce jour une mauvaise nouvelle en matière d’affaires pour de nombreuses cargaisons déchargées à Cotonou, car beaucoup d’entre elles y sont toujours bloquées et que 90% des cargaisons déchargées en République du Bénin sont destinées au marché nigérian. La fermeture des frontières signifiait ainsi que bon nombre desdites cargaisons ne seraient pas dédouanées parce que les frontières sont restées fermées depuis août 2019.

S’adressant au Nigerian Tribune, un importateur, Emeka Azubike a reconnu que de nombreux propriétaires de cargaisons s’étaient rapprochés des douanes d’Apapa et de Tin-Can pour rechercher des moyens pour ré-acheminer leurs cargaisons vers Lagos, car elles n’étaient toujours pas dédouanées à Cotonou. Dans cette même optique, un autre a lancé aux opérateurs économiques: « Si vous allez à Cotonou maintenant, de nombreux propriétaires de cargaison cherchent désespérément des moyens pour acheminer leurs cargaisons vers Lagos, la fermeture des frontières terrestres empêchant toute activité commerciale entre le Nigeria et la République du Bénin. Il n’est donc plus utile d’acheminer vos cargaisons vers le port de Cotonou parce que vous savez que vous ne pourrez pas les dédouaner à la frontière pour les faire entrer au Nigéria. L’expérience est terrible pour bon nombre de ceux qui avaient déjà fait parvenir leurs marchandises à Cotonou avant la fermeture des frontières ».

« Les cargaisons, qui ont pu elles être dédouanées, sont toujours bloquées en République du Bénin sans surveillance parce que le Nigeria ne participe actuellement pas au commerce transfrontalier (terrestre) avec les pays de la sous-région. C’est pourquoi de nombreux propriétaires de cargaison cherchent désespérément à détourner ces cargaisons vers Lagos, car leur connaissement désigne Cotonou comme port de destination. »

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