Bénin – Utilisation de pétards en période de fêtes: une pratique qui réapparaît au grand dam de la population

Depuis plusieurs années, les autorités béninoises ont pris à bras le corps, la lutte contre cette pratique malsaine qu’est l’utilisation des feux d’artifices ou pétards et autres substances explosives du genre lors des fêtes de fin d’année. Mais, malheureusement cette fin d’année, en absence de sensibilisation et de répression sur toute l’étendue du territoire national, la pratique est réapparue au détriment de la tranquillité des paisibles populations et autres personnes vulnérables de la cité.

Nous sommes à Abomey-Calavi, la deuxième commune la plus peuplée du Bénin et située à 18 kilomètres au Nord de Cotonou, la capitale économique. Pour marquer le coup du passage à l’an 2020, certains jeunes du quartier Tankpè se sont donnés à cœur joie à cette pratique qui consiste à illuminer le ciel avec les feux d’artifices et à polluer  l’atmosphère avec les pétards et autres pyrotechnie. Crépitements et sons de pétards et de fusées, des feux d’artifices, des fléchettes, des jouets chargés de poudre ou de balles factices et autre pyrotechnie, tout était au programme jusqu’aux environs de 2h de ce 1er janvier 2020. Un concert de sons et de lumières qui a repris le jeudi 2 janvier au soir.

Pour S.G., un jeune élève, interrogé par notre équipe de reportage, c’est la fête, donc tous les excès sont permis. « on est en fête, et sans ça, on ne peut pas savoir qu’il y a fête. Je suis dans la joie [de pouvoir rentrer dans la nouvelle année 2020] et c’est ma manière de l’exprimer ». Quant-à la question de savoir les dommages que sa joie peut causer aux personnes âgées et/ou vulnérables, S.G. a répondu ne rien savoir. Pour O.A., un conducteur de zémidjan, rencontré le 2 janvier sur la rue pavée Carrefour Tankpè – Parana, cette pratique a failli lui causer d’accident la veille. « en pleine circulation à Cotonou, dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, j’ai été la cible d’un groupe de  jeunes qui ont choisi sciemment de lancer le pétard dans ma direction. J’ai vraiment paniqué, parce que surpris par le bruit de l’artifice. J’ai néanmoins maîtrisé ma conduite au risque de me retrouver à terre » a-t-il déclaré.

Une pratique formellement interdite par la loi

Sur toute l’étendue du territoire national, les feux d’artifices pétards et autres substances explosives du genre sont interdits d’usage. La commercialisation et l’usage des pétards au Bénin est en violation flagrante de l’arrêté  N°025/MC/MDN/MISP/MEF/MS/MJLDH/DC/SGMDGVC/DGCE/DGGN/DGPN/DGDDI/DNPS/DLCS/SP du 27 Décembre 2010 portant interdiction, fabrication et distribution des jouets dangereux et autres produits ou marchandises du même genre.

Bien qu’étant interdit, l’usage de ces feux d’artifices pétards et autres substances explosives n’a nullement cessé. Si les années antérieures, des actions étaient entreprises par les autorités pour sensibiliser et pour réprimer, cette fin années a été « une année de grâce » au grand dam de la population. Une situation compliquée mais dont s’accommodent certains citoyens, chefs de quartier, chefs de famille, qui pouvaient influencer les acteurs de cette pratique mais choisissent rester passifs.

Un aveu d’échec des autorités qui a déjà causé de mort dans le passé

Si cette pratique continue d’avoir droit dans la cité, forcément que  les forces de sécurité n’ont pas pu appliquer strictement les mesures et sanctions prévues par la loi. Des exportateurs de ces produits aux utilisateurs en passant par les commerçants-détaillants, quelles sont les mesures prises pour décourager les acteurs de ce danger qui a causé la mort à un bébé de 3 mois, vendredi 28 décembre 2018, à Hêvié Sogan dans la commune d’Abomey-Calavi.?

Que fait la police environnementale face à l’intensité du bruit de ces pétards, source de pollution sonore ? Des bruits assourdissant qui peuvent causer une augmentation brutale de la tension artérielle et entraîner une paralysie violente d’une partie du corps à travers un accident vasculaire cérébral ou une accélération inappropriée du rythme cardiaque. Devons-nous toujours attendre les plaintes pour nuisances sonores au cours des festivités, des décès et autres accidents liés à l’utilisation de ces objets avant d’agir ? La quiétude des enfants, des personnes âgées et/ou vulnérables, des malades, pendant les périodes de fêtes, ne devrait-elle pas être une priorité pour nos autorités ?

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