Cedeao : les pays anglophones rejettent la monnaie « Eco » version Ouattara

Les pays anglophones d’Afrique de l’Ouest ont dénoncé jeudi à Abuja la décision «unilatérale» de remplacer le franc CFA par l’eco, affirmant qu’elle n’était « pas conforme » au programme adopté récemment par l’ensemble de la région pour mettre en place une monnaie unique.

Les Ministres des Finances et gouverneurs de banques centrales de cinq pays anglophones d’Afrique de l’Ouest et la Guinée réunis à Abuja ont rejeté ce jeudi la nouvelle monnaie commune de l’espace Cédéao prônée par le président ivoirien Alassane Ouattara le 21 décembre dernier. Ces pays anglophones d’Afrique de l’Ouest t la Guinée dénoncent la décision «unilatérale» de renommer le franc CFA en «eco» en marge d’une réunion tenue jeudi 16 janvier au Nigeria. Les six pays de la Zone monétaire ouest-africaine (WAMZ) ont «noté avec préoccupation la déclaration visant à renommer unilatéralement le franc CFA en eco d’ici juillet 2020». Les ministres des finances et gouverneurs des banques centrales des six pays anglophones de la CEDEAO estiment dans un communiqué que «cette action n’est pas conforme aux décisions» de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) en vue de «l’adoption de l’eco comme nom de la monnaie unique» de toute la région.

La WAMZ est composée du Nigeria, du Ghana, du Liberia, de la Sierra Leone, de la Gambie et de la Guinée (Conakry), qui ne fait pas partie de la zone CFA. Ils « réitèrent l’importance pour tous les membres de la Cédéao d’adhérer aux décisions de l’autorité des chefs d’État et de gouvernement de la Cédéao concernant la mise en oeuvre de la feuille de route révisée du programme de monnaie unique« . Un sommet réunissant les chefs d’Etat de la WAMZ est prévu « bientôt » pour décider de la conduite à venir, précise le communiqué final.

Cette information relance le débat autour d’une monnaie sensée unir les 15 pays de la CEDEAO dès 2020. Une décision qui tranche aussi avec l’enthousiasme affiché il y a quelques semaines par le Ghana et son président Nana Akufo-Addo. Ce dernier avait même fait montre d’empressement en disant « au Ghana, nous sommes déterminés à faire tout ce que nous pouvons pour rejoindre les États membres de l’UEMOA dans l’utilisation de l’Éco, car, selon nous, cela aidera à éliminer les barrières commerciales et monétaires » avait-il déclaré. Quant à la première économie de la région, le Nigeria a toujours affiché une certaine prudence. Plusieurs économistes et experts ont argumenté auprès du gouvernement nigérian afin qu’il prenne le leadership dans l’adoption de la monnaie commune ouest-africaine.

Huit pays francophones d’Afrique de l’Ouest, qui utilisent le franc CFA, avaient annoncé fin décembre leur décision de remplacer leur monnaie commune par l' »eco » et de rompre ainsi les liens très controversés avec la France, ancienne puissance coloniale, qui accueillait notamment la moitié de leurs réserves de changes en échange de la convertibilité du CFA avec l’euro. L’annonce surprise avait été faite par le président ivoirien Alassane Ouattara lors d’une visite à Noël de son homologue français Emmanuel Macron, dont il est le principal allié politique dans la région, au lendemain d’un sommet de la Cédéao qui avait encouragé les efforts visant à mettre en place une monnaie unique ouest-africaine d’ici à juillet.

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