Amour: Quand la belle-mère devient le cauchemar des couples

La vie de couple est loin de ressembler à un marigot calme. L’ambiance au foyer est encore plus délétère si les parents, surtout les mères, s’y installent et se refusent toute coupure du cordon « ombilical ».

« L’amour maternel est toujours présent et se manifeste quotidiennement quel que soit l’âge de l’enfant. Et dans ce cas, il faut le témoigner constamment ». Ainsi s’est exprimée Denise, septuagénaire et vivant chez Romaric, son fils benjamin. Mère de 4 enfants, Denise se dit fière et très heureuse de ces 34 ans de vie conjugale avec le seul et unique homme, le père de Romaric. « Depuis 2 ans que ma mère vit avec nous, c’est toujours une bonne ambiance et une harmonie dans notre couple », a fièrement affirmé Romaric qui remercie sa mère qui continue de jouer son rôle de « la mère poule » sans accrochage et sans interférence dans sa vie de couple.
Le « merveilleux » cas de Romaric en cohabitation avec sa maman n’est que l’une des exceptions d’un phénomène qui détruit majoritairement des couples des enfants en Afrique et au Bénin en particulier. Considérées comme des « envahisseuses », ces mères qui s’installent chez leurs enfants créent parfois de problèmes au couple que l’amour qu’elles pensent y apporter.
Une mère envahissante, suivant les explications du docteur Kouamé, psychologue clinicien ivoirien, est une maman qui s’installe chez son enfant, qui y développe des ambitions de conquérir ou de posséder les biens de son enfant et qui se bat pour être la privilégiée de ce dernier. En somme, résume-t-il, c’est une mère qui éprouve de difficultés à briser le cordon ombilical.
Face à cette présence désormais gênante, l’amour filial, dans la plupart des cas, cède place à la colère, la haine avec une impuissance de l’enfant à agir en écartant sa maman de sa vie de couple pour une meilleure harmonie dans celle-ci.
Jean, 35 ans, est, depuis 3 ans, père célibataire avec à la charge 2 enfants dont le benjamin a moins de 5 ans. « Après la naissance de ma fille aînée, ma maman a décidé de vivre avec nous pour mieux s’occuper du nouveau-né et de la mère nourrice. On avait prévu son retour dans son foyer, auprès de mon père, 3 semaines après. Mais à la grande surprise, elle a définitivement décidé d’y rester », témoigne Jean. Pendant 3 ans environ, raconte-t-il, Jean dit avoir vécu « de vrai calvaire ». « Sans détour, c’est ma mère qui a fait partir ma femme », a-t-il déclaré les larmes aux yeux.

L’absence d’une vie de couple épanouie

La présence de certaines mères dans la vie de couple de leurs enfants se justifie par diverses raisons. Mais tout se résume ou tourne presque autour du manque d’affection ou l’absence d’amour dans le foyer de la mère en question.
Pour Lydie Dessou, coach en cohésion de couple, la mère demeure celle qui prend soin de la famille et surtout des enfants. C’est toujours dans ce rôle, développe la coach, que certaines mamans décident d’accompagner leurs enfants dans leur foyer. Cette mère peut être la mère de l’épouse ou de l’époux.

« Dans le cas général, ces mères envahissantes ont raté la construction d’une relation de couple épanouie avec leurs maris », a vivement soutenu Lydie Desssou.

Le phénomène s’observe, s’accordent les psychologues, lorsque les enfants grandissent et partent de la maison. Du coup, ces mères deviennent oisives et constatent le vide dans leur vie sentimentale liée surtout à leur amour maternel. Le domicile familial n’étant pas aussi vivable pour nombre de couple, ces mères « poules » ont à l’idée l’intention de toujours donner cette chaleur familiale à ces enfants une fois ces derniers « indépendants ».
« L’intention peut être très bonne, mais ces mères souvent envahissantes, oublient que leurs enfants sont maintenant responsables dans leurs foyers et qu’il n’est plus de leur responsabilité de prendre des décisions. Elle oublient juste qu’elles ne sont plus dans leurs foyers », se désole la coach Lydie Dessou.
En d’autres termes, la présence des mères se justifie aussi par le fait de vouloir surprotéger et de considérer le gendre ou la brume comme « ennemi ». C’est donc une aversion qui s’installe, du moment où les enfants, malgré leur maturité, continuent de raconter « leur mauvaise vie de couple » à leurs géniteurs qui, naturellement, se sentent désormais obligés d’agir pour mieux « se rassurer».
Isabelle argue que sa présence dans le foyer de son fils est intervenue après de nombreux constats sur « le caractère mauvais de sa belle-fille ». « Mon enfant n’est pas épanoui dans son couple. Trop de plaintes, trop de disputes avec très peu d’attention de la part de sa supposée femme. Je n’ai pas souffert sur mes enfants pour qu’une autre femme leur gâche la vie. Je devrais donc agir et depuis mon installation, j’ai remis les choses en ordre. Sa femme se plie à ma volonté ou doit dégager le plancher », déclare fièrement Isabelle, sexagénaire.

« Il faut couper à nouveau le cordon ombilical »

La conséquence extrême de cette présence constante dans le foyer des enfants est l’éclatement du couple, le divorce. Pour la coach en cohésion du couple, Lydie Dessou, la présence des mères envahissantes empêche le couple en question de créer une complicité afin de se construire. Cela entraîne donc une dégradation du tissu conjugal avec ou sans la volonté de la mère envahissante.
Cette situation d’une vie conjugale agitée influe sur l’éducation de leurs progénitures et la vie des enfants est compromise avec un avenir incertain. Mais pour éviter un tel supplice à ces âmes innocentes, des experts en couple préconisent deux solutions majeures.
Lydie Dessou, coach en cohésion du couple, recommande que les enfants, une fois mariés, arrivent à imposer des limites à leurs mères afin de préserver l’harmonie dans leurs couples. « Dans ce cas, il est impérieux de couper à nouveau le cordon ombilical entre la mère et l’enfant. Ceci, sans pour autant briser complètement l’amour filial ou maternel », conseille-t-elle.
Le psychologue Kouamé, quant à lui, voit qu’il faut plutôt occuper une telle mère. Pour lui, si la mère en question est occupée professionnellement, elle aura moins de temps à fouiner dans la vie de couple de son enfant. Et si cette mère est une retraitée, le psychologue conseille des démarches pour la doter du capital nécessaire pouvant lui permettre d’entamer des activités génératrices de revenus. Une chose qui pourrait limiter cette ingérence dans la vie de couple des enfants.
La présence des parents dans la vie des enfants est certes importante, mais si la limite n’est pas préalablement définie, cet acte se transforme en un cauchemar pour des couples. « C’est un couteau à double tranchants qu’il faut savoir manipuler aux fins d’’éviter une hémorragie sentimentale », conclut Lydie Dessou.

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