Bénin – Commémoration des 30 ans de la CFVN: les regrets et espérances de Joel Aïvo
Il y a 30 ans, s’ouvrait au Bénin, la conférence des forces vives de la nation. Un événement majeur de l’histoire politique du pays. Aujourd’hui, les béninois font le bilan de ce parcours. Pour le constitutionnaliste Joël Aïvo qui est entre regrets et espérances, le constat est douloureux, 30 ans après.
Qu’est devenue la Conférence nationale ? C’est par cette interrogation que le président de l’association béninoise du droit constitutionnel, le professeur Joël Aïvo, livre son bilan des 30 ans de commémoration de la conférence des forces vives de la nation de février 2020. Selon lui, la Conférence nationale des Forces Vives est une invention béninoise imitée partout en Afrique noire francophone. Elle porte le sceau du génie du peuple béninois. Mais 30 ans après ces assises historiques, se désole le constitutionnaliste, l’élite politique est divisée sur la valeur symbolique et la place que doit occuper cette Conférence dans notre histoire politique. « Est-elle un événement accidentel ou un fait majeur de notre histoire ? Doit-elle, peut-elle, comme certains le soutiennent, peser aujourd’hui, demain et pour toujours, sur nos choix politiques, économiques et sociaux ? Ou doit-elle plutôt être considérée comme une réponse conjoncturelle aux problèmes d’un temps révolu ? Là est tout le débat qui explique aujourd’hui l’oubli délibéré et le silence pesant de l’Etat sur un événement décisif qui l’a pourtant sauvé. », regrette-t-il.
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Mais le professeur Joël Aïvo ne s’est pas limité au regret. Il a lancé un appel patriotique à tout le peuple béninois, qui a entamé ce jour, date anniversaire de l’ouverture de l’historique conférence des forces vives de la nation, afin que le 28 février prochain qui va coïncider avec la fin des débats et la déclaration de la souveraineté des décisions issues de cette conférence par le général Mathieu Kérékou, que chacun puisse faire part du fruit de sa réflexion. « Cher(e)s compatriotes, j’invite chacun à engager cette réflexion et à nous proposer d’ici le 28 février prochain, date anniversaire de clôture de la Conférence nationale, les conclusions auxquelles vous serez personnellement parvenus. », indique-t-il dans sa réflexion.
Les regrets du professeur Aïvo
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Seulement, 30 ans plus tard, par sa passivité, l’Etat efface de notre histoire toute trace de la Conférence nationale, laisse tomber en ruine ses vestiges dont le PLM-Alédjo, fait disparaître de son discours toute référence à la Conférence, combat certaines de ses grandes résolutions, fragilise volontairement les options fondamentales faites, au nom du peuple béninois, par les délégués à la Conférence, écrit-il. Pour lui, depuis 1960, le Bénin a renoncé à glorifier son propre passé. « Nous sommes un pays qui efface tous les jours, les traces de sa propre histoire. Rien ni personne dans notre histoire ne trouve grâce à nos yeux. Depuis 1960, seule compte la gloire éphémère des gouvernants en place jusqu’à ce que eux-mêmes ne soient effacés par les historiens de leurs successeurs. Et pourtant nous avons une histoire, de grands événements et de grands hommes. », se désole l’homme de science avant de lancer un appel aux gouvernants actuels. » J’invite les gouvernants d’aujourd’hui à valoriser notre histoire et à accorder un peu de place aux faits et aux acteurs du passé afin que les dirigeants qui leur succéderont demain leur réservent, à leur tour, la place qu’ils mériteront dans notre histoire. Je propose 10 jours de réflexion sur ce qu’est devenue la Conférence nationale et la valeur qu’on doit lui accorder dans la marche de notre pays vers le progrès. Rendez-vous le vendredi 28 février pour vos conclusions.« , conclut-il.
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