Bénin – Communales 2020: la réponse de Candide Azannaï à ses détracteurs

Alors qu’on attendait désormais le parti Restaurer l’Espoir aux élections municipales, communales et locales du 17 mai 2020, après l’obtention de son certificat d’existence, cette formation politique sort un communiqué dans lequel il annonce qu’il ne sera pas en lice pour le compte de ces élections. Une décision que l’opinion qualifie de capitulation devant les exigences des 10% du code électorale. Mais pour le ministre Candide Azannaï, comment peut-on être vaincu s’il n’y a pas compétition.

Le parti Restaurer l’Espoir n’est pas en lice pur le compte des élections communales de 2020. Cette décision prise par les instances du parti n’est pas une capitulation comme cela se dit dans l’opinion nationale. Reçu dans un entretien sur la Croix du Bénin, le président Candide Azannaï est revenu sur cette actualité. Selon lui, il n’ y a pas élection prochainement. A le croire, les élections, envisagées pour le 17 mai prochain, sont un leurre. « C’est juste pour fariner la communauté internationale et les naïfs. C’est pour servir de la peinture sur une pourriture dictatoriale. On est vaincu lorsqu’on va à une concurrence. Si je ne vais pas à une concurrence, je ne peux pas dire que je vais être vaincu. En réalité, il n’y a pas concurrence.« , indique-t-il.

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Pour lui, les lois actuelles violent l’essence même de la démocratie. « Le dire est presque peu dire« , affirme-t-il, avant de poursuivre: « J’étais au parlement quand on a voté toutes les lois sur la décentralisation, il y a plus de 15 ans maintenant. La décentralisation est conçue comme une élection de proximité, une élection de voisinage qui est totalement ancrée sur le développement et non sur la politique. C’est ça, l’objet même de la décentralisation. La décentralisation n’est pas politique, elle est une affaire de développement. La Constitution du Bénin dit que le territoire est divisé en collectivités locales, et les collectivités locales sont dirigées librement par des conseils élus. C’est l’article 151 de la Constitution, l’authentique Constitution.
Mais l’esprit là est cassé lorsque ce ne seront plus les collectivités locales qui vont être élues. Puisque désormais, sous ce pouvoir de toutes les incongruités législatives, c’est la collectivité nationale qui doit être élue au niveau de chaque collectivité locale », fait-il remarquer.  » Si vous ne faites pas cette analyse-là, vous n’allez pas comprendre. Lorsque nous sommes à Mènontin, nous sommes dans le 9e Arrondissement à Cotonou. Et selon la Constitution, nous avons mis le niveau de gestion au niveau communal, au niveau de l’arrondissement et au niveau du village. Mais nous avons donné la personnalité juridique à la Commune. Ce qui veut dire que pour Cotonou, c’est ceux qui habitent Cotonou qui vont élire ceux qui vont administrer librement Cotonou sans l’influence de ceux qui habitent Zogbodomey, sans l’influence de ceux qui habitent Kérou, sans l’influence de ceux qui habitent Parakou, sans l’influence de ceux qui habitent Malanville, sans aucune interférence de ceux qui habitent hors de Cotonou« , indique-t-il.

Sur la barrière de 10%:

En instituant une barrière de 10% au niveau national pour pouvoir valider le Conseil qui va être élu à Cotonou, je lie l’élection du Conseil local à l’expression du suffrage national. Autrement, la Constitution consacre une élection locale et malicieusement la loi y greffe un suffrage national, démontre-t-il. En instituant un quota de 10% au niveau national pour pouvoir prendre en compte le vote exprimé par les électeurs d’une commune, insiste-t-il, on tue l’essence même de la décentralisation, on va à la centralisation du pouvoir. Pour le ministre Candide Azannaï, cela signifie que le vote qui va être fait à Sègbana a une influence sur le vote qui va être fait à Covè ou à Agoué. Cet état de chose est, selon lui, une une falsification, une corruption de la loi qui est un acte frauduleux pourtant inscrit dans la loi. « La décentralisation n’a jamais été pensée comme ça. Ce seul aspect-là vide l’essence de la décentralisation.« , martèle-t-il.
Le président du parti Restaurer l’Espoir n’a pas occulté le problème de la liste électorale. La base d’une élection, c’est le fichier électoral, insiste-t-il. « Quel est le nombre d’électeurs ?  C’est à la conquête de ces électeurs qu’on va, lorsqu’on va à une élection. Vous devez savoir combien ils sont avant de vous engager dans une compétition électorale. C’est pour cela que la loi impose que le fichier électoral soit géré par le Cos/Lépi, et que le Cos-Lépi soit paritaire : opposition, mouvance et les techniciens de l’administration de l’État civil et de l’Insae. Or ceux qui vont désigner les membres du Cos-Lépi, ce sont les députés de l’opposition et de la mouvance à l’Assemblée nationale. Ce n’est pas le cas aujourd’hui au parlement. Aujourd’hui, le Cos-Lépi est monocolore. Seuls les députés Br et Up, donc une seule faction qui a en main le fichier. Il s’agit d’une confiscation du fichier électoral en violation flagrante de la loi.« , affirme-t-il.

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Sur les structures en charge de l’organisation des élections: 

Le ministre Candide Azannaï n’a pas non plus foi aux organes et institutions en charge de la conduite du processus électoral.  » Toutes les structures y compris la composition des bureaux de vote, des centres de vote sont dans l’obscurité du pouvoir.« , indique-t-il. Toutes ces incongruités l’amène à s’interroger sur les changements apportés par les réformes politiques et du système partisan.  » Le chef de l’État a dit je veux deux ou trois partis politiques, au plus quatre ; mais on en a plus de douze aujourd’hui. Et pour en arriver à ces douze, on a dû vivre tous ces événements du 28 avril, puis plus funestes, des 1er et 2 mai 2019. Et pour les 77 maires à élire, on nous dit aujourd’hui, venez déposer gratuitement vos pièces, vous n’avez pas de timbres à payer ; cela pose un réel problème. Cela veut dire que tout est déjà pipé. Je n’ai donc aucune peur vis-à-vis de quoi que ce soit. Ce qui s’est passé la dernière fois, n’a pas nui aux seuls hommes politiques de l’opposition, il a nui à toute la société béninoise, à toute la classe politique béninoise ; et il est important que nous puissions tous nous retrouver pour nous asseoir et pour réinitialiser notre logiciel démocratique dans le dialogue, dans la paix, dans la courtoisie, dans le respect mutuel pour qu’on puisse retrouver le climat de fraternité propice à une réconciliation nationale.« , insiste-t-il.
Pour lui, l’application dite pouvoir de la Rupture a piraté le logiciel démocratique, provoquant un bug meurtrier, un bug si nuisible à la paix que la seule urgence pour le Bénin est un dialogue national de réinitialisation démocratique, indique-t-il, avant de conclure: « Quelle élection a un sens si les lois, la Constitution elle-même, les structures impliquées dans l’organisation des élections, la tenue des bureaux de vote, des centres de vote … jusqu’aux résultats, et le fichier électoral sont confisqués par une seule faction politique dans un contexte liberticide ? »

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