Bénin: les communales de 2020 sont un sac à surprises, selon Claude Djankaki

Les partis politiques affûtent leurs armes pour les élections municipales, communales et locales du 17 Mai 2020. Une élection qui sera aux dires du chef de l’Etat, le président Patrice Talon, libre, transparente et inclusive. Mais quels pourront être les enjeux d’une telle élection? Claude Djankaki, expert en décentralisation se prononce sur la question. 

Au soir du dimanche 17 Mai 2020, le peuple béninois ira aux urnes pour désigner les élus locaux, communaux et municipaux. Dans les états majors des partis politiques légalement reconnus, c’est le remue-ménage et l’on affûte ses armes pour avoir le contrôle de plus de mairies possibles. Mais quel pourrait être l’enjeu des prochaines élections municipales, Communales et locales suite aux réformes du système partisan et à l’adoption d’un nouveau code électoral? C’est à cette question que s’est attelé l’expert en décentralisation à travers une analyse publiée sur sa Page Facebook. Selon l’analyste, les prochaines élections Communales est un sac à surprises, une bombe évidente à retardement.
Pour préciser sa pensée, l’expert se base sur les dispositions de l’article 184 du code électoral qui stipule: « seules les listes ayant recueilli au moins 10% des suffrages valablement exprimés au plan national sont éligibles à l’attribution des sièges. » En terme clair, explique-t-il, les dispositions de cet article recommandent que sur un total de quatre millions d’inscrits par exemple dans les 77 communes (au plan national), les populations de l’une des communes, à savoir Toucoutouna ou Sinendé en passant par Kétou, 0Comé etc peuvent élire des conseillers par un score fleuve de la liste portée par DUD ou l’UDBN pour ne citer que ce cas. Mais, poursuit-il,si cette liste n’arrive pas à réunir au plan national 10% c’est à dire quatre cent mille (400.000) voix, les élus proviendront peut-être d’une des listes de l’UP ou du BR qui ont vocation à faire un score sur toute l’étendue du territoire national et pour laquelle ces populations n’ont pourtant pas majoritairement voté.
Dans ces conditions,indique l’expert en décentralisation, le Maire sera celui que les populations ont rejeté dans les urnes et rétabli par une nomination à peine voilée par les deux partis représentés à l’Assemblée nationale et qui ont eu le privilège de voter des lois sur mesure. Indubitablement cela revient à poser le problème d’un débat pluriel au niveau de l’organe délibérant de l’État dans le sens de l’intérêt général; a-t-il fait savoir.  Pour Claude Djankaki, ces dispositions violent « violemment  » les principes généraux de la décentralisation et appellent à des observations suivantes :

  • Le premier principe de la décentralisation relève que le Maire tire sa légitimité du conseil communal ou municipal et que ledit conseil règle par ses délibérations les affaires locales et non des affaires nationales qui relèvent du pouvoir central. Il s’agit là de la règle de subsidiarité qui veut dire qu’il faut régler les problèmes là où ils se posent;
  • La séparation des affaires nationales des affaires locales suppose une délimitation de la circonscription électorale proprement parlant, l’existence et la reconnaissance par l’État des collectivités secondaires dotées d’une personnalité corporelle en insistant sur l’autonomie financière. Ces caractéristiques font de la décentralisation du pouvoir que l’administration locale a les mêmes caractéristiques que le gouvernement local. Seulement, en matière de droit comparé il faut être prudent,
  • La circonscription électorale est donc limitée à la commune qui désigne ses représentants et non l’élargissement des suffrages exprimés au plan national comme s’il s’agit de l’élection du Chef de l’État.
Compte tenu de ce qui précède, il n’est pas exagéré de faire remarquer que la construction des infrastructures socio communautaires à compétence locale par l’État sous la rupture ( les écoles, les marchés l’asphaltage des rues) et désormais la désignation des autorités locales par cette forme d’élection montre clairement que nous faisons la recentralisation en donnant l’impression de faire la décentralisation; conclut l’Expert en Finances Publiques et Décentralisation.

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