Bénin – Gouvernance locale : La femme toujours à la traîne (Statistique complète)

Les femmes représentent plus de 52% de la population béninoise, selon les données de l’Isae. Malgré cette supériorité numérique, leur présence dans les instances décisionnelles laisse à désirer. Dans la gouvernance locale, elles sont toujours à la traîne depuis l’avènement de la décentralisation en 2002.

Les statistiques sont loin de satisfaire les acteurs des organismes et associations qui militent pour l’émancipation et l’égalité homme-femme dans les instances de décision. Pour l’heure, il existe un grand fossé à combler et les résultats des différents efforts de ces acteurs sont si invisibles.

Pourtant, suivant l’article 26 de la Constitution de décembre 1990 du Bénin, modifiée en novembre 2019, « l’Etat assure à tous l’égalité devant la loi sans distinction d’origine, de race, de sexe, de religion, d’opinion politique ou de position sociale. L’homme et la femme sont égaux en droit ».

D’aucuns avaient espoir de la bonne représentativité des femmes dans les instances aux vues de cette disposition constitutionnelle. Mais hélas. Ces femmes, en réalité, se battent politiquement depuis l’indépendance, mais en arrière-plan. En 2002, avec l’avènement de la décentralisation, l’avenir de ces femmes semble augurer un meilleur rendement. Et là encore, l’espoir s’est étiolé.

Tableau récapitulatif de la représentativité des femmes dans la gouvernance locale depuis l’avènement de la décentralisation en 2002

Au scrutin communal et municipal de 2002, 45 femmes ont été élues conseillères sur les 1200 ; soit 3,75%. Parmi ces femmes, deux (2) ont pu bénéficier de la confiance de leurs pairs pour être élues maires de leur commune. Il s’agissait des communes de Kétou et de Pobè, toutes dans le département du Plateau.

Au soir des élections Communales et municipales en 2008, 60 conseillères Communales (4,18%) ont été élues sur les 1435 conseillers élus sur le territoire national. Le peuple attendait l’augmentation du nombre de femmes-maires, mais contrairement à la première mandature, une seule femme a pu tirer son épingle du jeu en occupant le fauteuil communal de Kérou, dans le département de l’Atacora.

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Ce nombre de femmes-maires resterait statique au cours de cette mandature finissante (2015-2020) si le vote de défiance n’avait pas donné gagnante, Célestine Adjanohoun de la commune de Ouidah. Au total donc, 2 femmes ont porté la casquette de maire (communes de Ouidah et de Pèrèrè) sur les 64 femmes conseillères (4,45%) sur les 1435 au total.

Des facteurs défavorisants

Le premier facteur qui défavorise, à plus d’un titre, les femmes, reste et demeure leur positionnement sur les listes électorales. Le discours des acteurs politiques, surtout les dirigeants des formations politiques, reste, jusque-là, utopique. Le constat général fait état de ce que peu de femmes sont titulaires alors que le poste de suppléant leur est majoritairement réservé.

En plus de l’absence d’un mécanisme législatif de promotion de la gente féminine (la nouvelle constitution réserve désormais une place aux femmes députée dans chacune des 24 circonscriptions électorales du Bénin), il y a la question de la manne financière.

« Qui veut, ne s’aventure pas sur le terrain politique, mais qui peut vraiment », a martelé le député Rachidi Gbadamassi, lors d’un de ses meetings politiques dans la 8ème circonscription électorale à la veille des législatives de 2019.

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Aussi, note-t-on la persistance de ces nombreuses pesanteurs socioculturelles où la femme demeure toujours la gardienne des traditions, des valeurs, de l’éducation des enfants, des tâches domestiques avec un niveau d’analphabétisation très élevé (75% des femmes béninoises le sont). Des facteurs qui font que le Béninois lambda soutient toujours que la politique est la chasse-gardée des hommes.

Militer pour s’en sortir…

La situation est certes peu reluisante, mais les acteurs qui défendent la cause des femmes restent toujours confiants que le Bénin atteindra l’axe 3 de l’Objectif pour le développement durable (ODD). Cet objectif est relatif à la promotion de l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes d’ici 2030.

Pour donc amener les femmes à prendre goût à l’exercice des responsabilités politiques, ces acteurs les exhortent à militer au sein des partis politiques, des groupements ou des associations.

« Une fois engagée politiquement, la femme doit maîtriser les techniques électorales afin d’assurer son succès, puisque le terrain politique est bien glissant », dévoile Amissétou Affo Djobo, ancien secrétaire parlementaire, 5ème législature de l’Assemblée nationale du Bénin.   

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A la veille du 4ème scrutin communal et municipal, des informations recueillies des différents états-majors des partis politiques, qui se lancent dans cette course électorale, sont loin de corriger cette image de la représentativité des femmes. Sauf un changement spectaculaire et se basant sur les listes confectionnées, le taux de la représentativité des femmes au soir de ce scrutin de mai 2020 sera en dessous de 10%, donc très loin des normes de 30% recommandées.

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