Bénin – harcèlement sexuel : les victimes toujours « silencieuses » malgré les textes

Le harcèlement sexuel continue d’agiter le quotidien des femmes béninoises. Face à ce diktat masculin et se référant aux pesanteurs socioculturelles, ces femmes victimes continuent de garder le silence malgré l’arsenal juridique mis à leur disposition.

Le harcèlement sexuel, avant tout, peut être défini comme des avances sexuelles importunes et indésirables. Il se définit également comme des demandes de faveurs sexuelles et autre contact verbal ou physique de nature sexuelle qui crée un environnement hostile ou offensant. Selon les statistiques de l’ONU-femmes, près de 7 femmes sur 10 subissent quotidiennement le harcèlement sexuel dans leurs différents lieux (travail, entreprises, marché ou domicile). Et le Bénin n’en est pas épargné.

Le législateur béninois, ayant pris conscience de l’ampleur du harcèlement sexuel, a doté le pays d’un instrument juridique devant réprimer les auteurs et protéger les victimes.  Suivant l’article 2 de la loi N°2006-19 du 05 septembre 2006 portant répression du harcèlement sexuel et protection des victimes en République du Bénin ; « toutes formes de harcèlement sexuel constituent en République du Bénin, une infraction quelle que soit la qualité de l’auteur ou de la victime et quel que soit le lieu de commission de l’acte ».

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Et l’Etat, renchérit l’article 17 de la loi N°2011-26 du 09 janvier 2012 portant prévention et répression des violences faites aux femmes, « doit rendre effective la jouissance aux femmes de leurs droits à l’intégrité physique et morale, à la liberté, à la sûreté ainsi qu’à l’égalité et à la non-discrimination pour des raisons de sexe ».

La couverture juridique

« Le mal est si persistant compte tenu du silence des victimes et toute autre personne pouvant dénoncer ou témoigner », se désolent les acteurs en charge de la lutte contre les violences faites aux femmes. « Il faut impérativement libérer la parole à ce sujet pour que l’administration compétente fasse efficacement  son travail en punissant les auteurs et en protégeant les victimes », a souhaité Hortense, responsable du centre de promotion sociale dans la Commune d’Abomey-Calavi. Les dispositions juridiques dans le pays, donnent non seulement le droit  à la victime ou toute autre personne de dénoncer, mais que cette dernière bénéficie d’une protection maximale.

« Aucune personne victime de harcèlement sexuel ne peut être, ni sanctionnée ni licenciée pour avoir subi ou refusé de subir, les agissements de harcèlement sexuel d’un employeur, de son représentant, d’un éducateur (trice) ou de toute personne abusant de l’autorité que lui confère sa fonction ou sa profession », a stipulé l’article 4 de la loi portant répression du harcèlement sexuel et protection des victimes au Bénin. Les articles 6, 7, 8 et 9 de la même législation renforcent l’article 4 et offrent une protection maximale à tout dénonciateur.

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Généralement, les femmes victimes du harcèlement sexuel s’interrogent sur la démarche à suivre pour dénoncer leur harceleur. Et sur cette préoccupation, Hortense signale que les Centres de promotions sociales et autre administration compétente ont été mis en place pour la cause.

Les victimes disposent  d’un large répertoire pour dénoncer au regard de l’article  12  de la loi précitée. Suivant cette disposition, « en cas de harcèlement sexuel, la victime avertit directement, selon le cas, son employeur ; son délégué du personnel ; son organisation syndicale ; son directeur d’établissement ; son patron ; l’inspection du travail ; les centres de promotion sociale ; les forces de sécurité publique ou les autorités judiciaires ».  L’article 13 de cette loi définit les différentes formes de  protections qu’offre l’Etat à toutes les femmes victimes.

La sanction pénale

« Est punie d’une amende de 100 mille à 1 million d francs CFA et d’un emprisonnement de 1 à 2 ans ou de l’une de ces deux cas seulement, toute personne qui se rend coupable de harcèlement sexuel. Le complice est puni de la même peine », lit-on dans l’article 21 de la loi N°2006-19 du 05 septembre 2006, portant répression du harcèlement sexuel et protection des victimes en République du Bénin. Cette peine est portée au double en cas de récidive.

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Pour Clarisse, ancienne employée licenciée d’un organe de presse pour avoir refusé les avances de son patron, « les sanctions devraient être mieux corsées pour décourager à jamais toute personne qui enfreindrait à cette loi ».  « De telles sanctions contenues dans cette loi sont trop légères face aux nombreux préjudices que subissent les victimes après ces actes ignobles », a-t-elle affirmé en sanglots.

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