L’expérience MPL: Jeunesse et Opposition Béninoise Gros Jean comme Devant

La Cour Suprême a rendu, hier mercredi 18 mars 2020, son verdict; rejetant le recours du Mouvement Populaire de Libération (MPL) contre son éviction de la course pour les Communales.

Une semaine plus tôt, le parti du « balai citoyen », comme huit (08) autres formations politiques, avait engagé les formalités à la Commission Électorale Nationale Autonome (CENA) en vue du dépôt de son dossier de candidature pour les élections communales du 17 mai prochain.

Le verdict de ce mercredi tombe comme un couperet et endeuille une jeunesse organisée qui, pour une fois, semblait conjurer la malédiction du défaut du nerf de la guerre qui caractérise la jeunesse, paralyse ses initiatives, condamnait les jeunes à renoncer à leur projet d’autodétermination, et les faisait entrer en servitude consentie, pieds et poings liés, dans des geôles politiques.

En opposant aux responsables du MPL « le refus d’enregistrer », la Commission Électorale avait invoqué le double argument du manque, d’une part, d’un candidat suppléant sur la liste de candidature présentée, et d’autre part, relevé un surplus de cinquante-deux (52) plis dans les colis du MPL.

« Il fut un temps d’exploit et d’espérance »

Lancé en septembre 2019 comme un mouvement politique et citoyen de revendication et de restauration des acquis démocratiques, le MPL faisait écho, un an juste après, à l’audacieuse Initiative de Nikki qui avait valu huit (08) mois de prison ferme à Sabi Sira Korogoné, son président. Trois (03) mois après, le mouvement va se muer en parti politique à l’occasion d’une Assemblée Générale éprouvante et mouvementée tenue à Savè.

En déclarant à l’occasion avoir TALON et YAYI comme  » ennemis » à combattre, le parti semblait avoir ouvert imprudemment deux fronts, et s’était trouvé, dès lors en proie à des feux nourris de part et d’autre. Et c’est du sein même de l’opposition qu’auront émergé les attaques les plus pernicieuses. Et du moins, les sceptiques étaient nombreux, assurés qu’ils (les militants du MPL) n’allaient nulle part:

  • Où trouveraient-ils un récépissé d’enregistrement pour le parti?
  • Comment trouveraient-ils le nerf de la guerre?
  • Par quelle magie pourraient-ils mobiliser 3630 dossiers de candidature? Couvrir le territoire national?

À la surprise générale, le MPL avance et multiplie les surprises.

Il fait une tournée nationale. Il décroche son récépissé d’enregistrement. Il acquiert un siège de campagne imposant. Il devient, le 09 mars, trois jours avant la clôture du dépôt des dossiers, le premier parti à verser sa caution d’environ vingt millions (20.000.000 ) FCFA au Trésor….

Et, cerise sur le gâteau, il est tellement prévenant (trop prévenant à l’arrivée), qu’en lieu et place des 3630 dossiers qu’on le pariait incapable de réunir, il livre à la Commission Électorale un dossier surcomplet: 3682 plis de candidats dans ses colis.

L’intolérable vétille

S’il est couramment entendu que l’excès du bien ne nuit pas, ici, à la CENA, bien aussi sûrement qu’un cas « d’incomplétude », la  » « surcomplétude » est devenue le premier os dans la gorge du parti. Et comme un malheur ne vient jamais seul, il a fallu, qu’en plus, manque le nom d’un candidat suppléant dans un arrondissement sur la liste présentée par le MPL. Fallait-il qu’un parti d’opposition, après l’antécédent des législatives, se permît encore de laisser la plus négligeable vétille dans ses dossiers?

Erreur d’inexpérience?

Quelques jours avant le dépôt des dossiers et au regard, apparemment, de l’ampleur que semblait prendre la fièvre de la jeunesse et du balai, la police avait effectué plusieurs descentes au siège du MPL, et, selon les mots rapportés par les responsables du parti, menacé de saccager les posters habillant le siège.

Les indices d’une semblable hostilité appelaient, en principe, à redoubler de vigilance, et être prévenants, au-delà de la quantité, sur la qualité du dossier à soumettre aux institutions.

À la CENA, le 11 mars, le MPL était arrivé-il faut en convenir- quelque peu épuisé et éprouvé. Il devra, en plus, subir une insoutenable épreuve de nerfs, alors qu’il s’affairait à une immense tâche de reprise à zéro de sa liste en vue de se conformer au logiciel de la CENA, et que la presse l’annonçait déjà hors de course.

Et alors qu’il se débattait à démentir cette intox et rassurer ses militants, des mains bien identifiables au sein de l’opposition se sont mises à construire des fables diffamantes pour le discréditer.

Quel cap pour l’avenir ?

Il y a d’abord lieu de saluer la bravoure et la détermination des jeunes du MPL pour les efforts évidents fournis, et les résultats obtenus. Il y a ensuite lieu, au-delà de la déception qu’engendre l’éviction du MPL, de prendre conscience de nos insuffisances; des premières fautes qui auront conduit petitement à la faille fatale; d’examiner, globalement, la façon dont se conduisent la jeunesse et l’opposition béninoise à un an de l’élection présidentielle de 2021 que nous disons prendre le pari de vouloir gagner.

Au fond, et au-delà du MPL, quel est le message que l’opposition envoie aujourd’hui à ses militants, à la jeunesse? Lui envoie-t-elle un message d’espérance ou de désillusion? Un message de gagnant ou de perdant? Combien de batailles n’avons-nous perdues depuis 2016? Quel est notre projet pour l’avenir, pour les jeunes et pour les femmes qui ont consenti tous les sacrifices ?

Au fil des jours, les signaux de la reddition totale se multiplient.

Et si l’avenir doit être pire que le passé, dans une dynamique généralisée de sauve-qui-peut, le temps serait peut-être déjà venu, pour la jeunesse elle-même, d’interroger le sens de son combat, de l’ajuster, et pour ainsi dire, de nettoyer son étoile qui prend de l’ombre, derrière les barreaux et dans la sombre nuit de l’exil et de la clandestinité.

J’invite donc toute la jeunesse à la réflexion, en vue de l’imparable nouveau cap à prendre, dans notre façon de lutter. Pour ne plus perdre.

Constantin Amoussou

Les commentaires sont fermés.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus