Communales 2020 au Bénin: forces et faiblesses des 05 partis politiques en lice (2/2)

Au-delà des chances de réussite des formations politiques en compétition pour les élections communales du 17 mai 2020, quelles sont les faiblesses dont elles sont affabulées ?

Cinq partis politiques sont dans le starting-block du 17 mai prochain au terme des différentes étapes du processus d’enregistrement et de vérification des dossiers de candidature. Bénin web Tv se propose, de lien avec des politologues et observateurs de la vie politique, de ressortir les forces et faiblesses des formations politiques en compétition pour le renouvellement des conseils communaux et municipaux sur l’ensemble du territoire national.

A lire aussi: Communales 2020 au Bénin : forces et faiblesses des 05 partis politiques en lice (1/2)

De l’ancrage des partis?

Pendant longtemps, les partis politiques souffrent d’un manque d’ancrage national. D’où le bien-fondé de la réforme du système partisan. Ainsi, tout parti politique doit avoir désormais une représentation nationale pour mieux animer la vie politique selon sa mission.

Les prochaines Communales seront l’occasion pour les partis en lice de prouver s’ils sont véritablement des partis nationaux en l’occurrence l’Union progressiste (Up) et le Bloc républicain (Br). Contrairement aux dernières législatives non participatives, ces deux partis proches du chef de l’Etat, Patrice Talon auront en face d’autres partis politiques. Le challenge apparaît beaucoup plus compliqué pour ces élections municipales.

Interviewé par notre rédaction,  l’Expert en communication et analyste politique Noé Dotou, estime que  l’UP et le BR sont les partis stratégiquement représentés dans les instances dirigeantes du Bénin, notamment au parlement et dans les mairies. Mieux, l’ancrage politique de ces deux partis est tout de même fortement influencé par des facteurs géopolitiques et socio ethniques. La lecture de la stratégie géopolitique des deux empires du système partisan laisse entrevoir que le BR dirigé par Abdoulaye Bio Tchané a la mainmise sur le Nord et y tire ses sèves pour alimenter le Sud.

De l’autre côté, l’UP s’aperçoit tel un parti du Sud du fait d’être dirigé par Amoussou Bruno et d’autres figures de proue de la sphère politique sudiste du Bénin. L’analyste politique Candide Kindji confie que les deux formations jumelles ont fait déjà leurs preuves en peu de temps pour qu’au soir des prochaines élections Communales l’expérience des anciens partis ou partis traditionnels comme le PRD et les FCBE ne soit pas un véritable obstacle à leur fulgurante ascension dans l’arène politique du Bénin.

Présidé par Me Adrien Houngbédji, le Parti du renouveau démocratique est un parti dont l’ancrage s’établit dans les zones à prédiction ethnographique où est fortement concentrée une peuplade de locuteurs goun, toffin, wxémé et assimilés mais son influence s’y est beaucoup effritée avec la réforme du système partisan. Même s’il reconnaît que le parti « Tchoco-Tchoco » est le plus constant du Bénin depuis l’ère démocratique avant 2016, Candide Kindji pense tout de même qu’il a perdu de son influence ces dernières années.

Moins représentatif que le PRD, l’Union démocratique pour un Bénin nouveau (UDBN) est un parti en construction étant donné qu’il n’a encore aucune extension politique majeure. Il lui faut encore du chemin à parcourir. Ce qui revient à établir qu’elle est loin de s’exprimer en qualité de parti politique à caractère national. Ainsi, les élections Communales en vue auront donc valeur de test pour le parti.

Ancienne alliance politique au pouvoir pendant 10 ans de gestion et devenue parti politique au Congrès de Parakou, les Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE) restent incontestablement un parti national même s’il est fragilisé depuis quelques mois par une crise de confiance. Les résultats des prochaines Communales situeront davantage les uns et les autres sur le poids électoral de ce parti.

Militants démobilisés et démissions, les prémices d’une débâcle

Même si le contexte a considérablement changé, les Communales de 2020 n’échapperont visiblement pas aux menaces de démissions qu’on enregistre à chaque période électorale pour diverses raisons souvent inavouées. Pour Candide Kindji, on peut craindre légitimement que les nombreuses frustrations ou déceptions liées au non ou mauvais positionnement de certains leaders et militants puissent prendre le dessus sur la raison au point de porter un coup à la cohésion interne des partis.

D’ailleurs, les signaux ont été donnés par les Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE) avec la démission du Président d’honneur Boni Yayi, d’une trentaine de membres du Bureau exécutif national de même que certains militants dans les circonscriptions électorales. Les démissionnaires reprochent aux nouveaux responsables du parti dirigé par Paul Hounkpè des manquements graves à l’endroit de leur leader charismatique, la violation des textes du parti et le non-respect des engagements pris à Parakou par les deux ailes antagonistes, de procéder ensemble à la finalisation et au dépôt de la liste de candidature du parti à la CENA.

Dans son adresse, dimanche 05 avril dernier, Boni Yayi avait mis en garde contre l’utilisation de son image, de son nom et de sa caution sous quelques formes que ce soit par tout candidat de la liste FCBE tout en invitant les militants à prendre leurs responsabilités. Sa démission sonne comme un coup de massue ou du moins un coup dur pour la vie du parti, une pilule qui a déjà inoculé le vaccin de déception politique drastique aux militants à la base.

Paul Houkpè et Cie risquent de conduire une armée sans soldats au regard de l’appel implicite à la démobilisation du Président d’honneur. Même si les Cauris se réjouissent d’avoir reçu le quitus pour prendre part aux prochaines élections, Noé Dotou pense qu’ils sont plus focalisés sur la crise qui secoue le parti et oublie l’essentiel de planification et de stratégie des campagnes.

L’UP et le BR ne font pas exception à la règle en dépit de la volonté manifeste des tenants du pouvoir de siffler la fin de la recréation. Des militants BR frustrés par des positionnements « discriminatoires » sur les listes de candidature ont rejoint l’UP et vice-versa. D’après Noé Dotou, une horde de militants UP promet battre campagne contre son propre camp, dans une commune dont il tait le nom, pour non-positionnement de certains cadres du parti jugés disposant d’une cote de popularité avérée. Et il en est de même dans plusieurs communes.

Selon Candide Kindji, ces élans solistes ou collectifs peuvent fragiliser l’immense travail abattu par les partis politiques et les défavoriser au profit de leurs adversaires à divers degrés.  Le PRD et l’UDBN n’échappent pas à cette sentence ou séisme qui fait basculer les partis politiques à ces périodes électorales ou bien avant. L’UDBN a essuyé un grand revers mercredi, 08 avril dernier avec la démission d’une dizaine de ses membres pour disent-ils, un mauvais positionnement qui ne tiendraient pas compte de la capacité de mobilisation des leaders.

Mais ce phénomène observé à chaque période électorale a tendance à nuire aux perspectives de survie des partis mais aussi à réduire la confiance que les électeurs leur accordent en tant que vecteurs de représentativité et de gouvernance politique.

Le verrou des 10℅

Il est palpable à la connaissance de tous que le vrai défi auquel seront confrontés les cinq partis en lice reste et demeure l’équation des 10℅. C’est la veillée d’arme au niveau des états- majors des différentes formations politiques en cette période de crise sanitaire liée au covid-19. Pour Candide Kindji, le piège des 10% à recueillir au plan national en termes de suffrages est la plus grande crainte des partis que sont l’Union progressiste (UP), Bloc républicain (BR), Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE), Parti du renouveau démocratique (PRD) et Union démocratique pour un Bénin nouveau (UDBN).

Dans le contexte actuel, aucune formation n’est à sous-estimer puisque les élections ne se ressemblent pas. Cependant, les partis UP et BR partent favoris pour les prochaines Communales. Quant aux FCBE, ils sont en passe d’essuyer un échec cuisant notamment avec la démission du Président d’honneur et d’autres membres influents du parti. S’agissant du Parti du renouveau démocratique (PRD), il pourrait faire quelques percées éparses mais il lui serait difficile d’obtenir de grandes performances au soir du 17 mai prochain. La tâche sera plus difficile pour l’UDBN pour satisfaire à cette exigence des textes électoraux.

A tout prendre, les consultations électorales du 17 mai prochain s’annoncent électriques et palpitantes au regard des forces en présence. D’ores et déjà, chaque formation politique peaufine ses stratagèmes dans le sens d’une razzia au soir du scrutin de proximité. Les cinq partis retenus par la Commission électorale nationale autonome (CENA) ont tous leur chance de tirer leur épingle du jeu même si c’est à des degrés divers.

Les commentaires sont fermés.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus