Covid-19: la Suède, ce pays européen à l’image du Bénin

A l’heure où de plus en plus de pays européens confinent leur population pour endiguer la propagation du nouveau coronavirus, la Suède a choisi une autre voie, plus souple, laissant écoles primaires, restaurants et bars ouverts.

Tout comme le Bénin qui reste l’un des rares pays africains à n’avoir pas fermé ses frontières et encore moins ses aéroports dans la riposte contre la propagation du nouveau coronavirus, la Suède également a choisi, à l’heure du confinement en Europe, de faire cavalier seul dans sa lutte contre le coronavirus. Alors même que la pression sur le gouvernement suédois et l’Agence de santé publique s’accroît, les autorités campent sur leur position, rejetant toutes mesures drastiques qu’elles n’estiment pas assez efficaces pour justifier leur impact sur la société.

Lundi, Johan Giesecke, ancien épidémiologiste de l’Institut national suédois de contrôle des maladies infectieuses et actuel conseiller au sein de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a même encouragé les Suédois à sortir et à profiter du soleil printanier.  « Amenez un ami et marchez à un mètre l’un de l’autre. N’étreignez pas votre voisin. Apportez un thermos et asseyez-vous sur un banc. C’est aussi mauvais pour la santé de rester assis à la maison », a affirmé M. Giesecke sur la chaîne publique SVT.

Un contraste saisissant face à ses voisins

Le pays n’a, contre tout attente, pas encore subi les foudres de ses voisins nordiques, qui appliquent des mesures plus strictes pour contenir la pandémie. Mardi, 2.272 cas de nouveau coronavirus avaient été détectés dans le royaume scandinave de quelque 10 millions d’habitants, où 36 personnes sont mortes des suites de la maladie, selon les autorités sanitaires. En Norvège et au Danemark – qui comptent chacun environ la moitié de la population suédoise – les autorités ont respectivement enregistré 2.566 et 1.703 cas. La Finlande, 5,5 millions d’habitants, dénombrait elle 792 cas lundi.

Ce contraste saisissant fait débat dans l’opinion publique: et si la Suède n’en faisait pas assez pour protéger sa population ?  « Nous ne pouvons pas permettre de répéter en Suède le désespoir humain de Wuhan et de Bergame. Ce serait un pari qui violerait le principe le plus fondamental de la société : que chaque individu a une valeur propre », écrivait dimanche le rédacteur en chef du quotidien de référence Dagens Nyheter, appelant à des mesures plus sévères, ou à un dépistage généralisé de la population.

l’Agence de santé publique en ligne de mire

Pourquoi cette attitude face à la propagation du virus ? S’interrogent les médias suédois. Le gouvernement répond qu’il suit les recommandations de l’Agence de santé publique et affirme être prêt. Si les autorités sanitaires n’ont pas encore demandé aux écoles de fermer, c’est parce que ce sont les personnes âgées qui doivent rester à la maison, pas les enfants, justifient-elles.

« Dès que l’Agence de santé publique demandera au gouvernement de prendre une décision, nous le ferons aussi rapidement », avait déclaré mi-mars, en claquant des doigts, la ministre suédoise de la Santé, Lena Hallengren.

Des mesures similaires à celles prises au Bénin

Tout comme au Bénin où le président Patrice Talon a pour la première fois depuis le début de la crise adressé un message dimanche de responsabilisation aux populations, le Premier ministre social-démocrate Stefan Löfven s’est adressé à la population dans une rare allocution télévisée, exhortant chacun à « prendre ses responsabilités » et à suivre les recommandations du gouvernement: télétravail et distanciation sociale notamment. Les autorités recommandent aussi à toute personne « à risque » de rester chez elle. Les rassemblements de plus de 500 personnes sont interdits (la limite est de deux personnes en Allemagne), les lycées et universités sont fermés.

Mardi, le gouvernement a exhorté les bars et les restaurants à se limiter aux services à table, afin d’éviter les files d’attente et assurer une distance minimale entre chaque client. Mais, pour beaucoup, la vie continue normalement. Samedi soir, bars et restaurants de la capitale ont fait le plein, et les transports continuent d’être pris d’assaut aux heures de pointe.

Toutefois, comme chez la plupart de ses partenaires européens, les frontières suédoises sont désormais fermées aux voyages jugés « non-essentiels ». Le Parlement suédois a aussi accéléré l’adoption d’un projet de loi permettant la fermeture d’écoles primaires et maternelles si nécessaire.

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