[Inédit] Un béninois lance une plateforme de suivi du COVID-19 en Afrique

Contacté par BENIN WEB TV, Mr Christian Noël Dide-Agossou, épidémiologiste, vivant aux Etats-Unis d’Amérique livre les raisons qui motivent cette initiative de mettre en place une plateforme de suivi du COVID-19 en Afrique. Il parle également de sa méthodologie et prodigue quelques conseils aux Africains en général et aux béninois en particulier.

Préoccupé par les difficultés pour accéder aux données statistiques sur l’évolution de la situation au plan continental en un seul clic, un jeune béninois, vivant aux États-Unis d’Amérique depuis 11 ans, qui a pour identité Christian Noël Dide-Agossou, épidémiologiste, a travaillé pour la mise en place d’un outil permettant d’avoir ces informations statistiques en quelques fractions de secondes.

A la question d’en savoir plus sur cette démarche et les raisons d’une telle initiative, Mr Christian Noël Dide-Agossou répond : « Vu la fragilité de nos systèmes de santé en Afrique, la question que tout le monde se pose est: quel serait l’impact de cette pandémie sur l’Afrique? D’où l’idée m’est venue de créer une plateforme qui documentera l’évolution de la transmission sur le continent africain ».

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Cette plateforme, rappelle t-il, « fournit une analyse rapide de l’impact de la pandémie sur le plan continental, dans les cinq régions de l’Afrique et dans chaque pays. Bien vrai qu’il y a beaucoup de plateformes qui documentent le nombre de cas et de décès dans les pays du monde, mais à ce jour, il n’y a malheureusement aucune plateforme qui propose une vue détaillée de l’évolution de la transmission en Afrique ».

Mais qu’en termes de profit, qu’il n’y gagne rien, car pour lui, la création de cette plateforme constitue sa modeste contribution dans le cadre de la lutte contre cette pandémie en Afrique. « Cette plateforme permettra au public de même qu’à nos dirigeants d’avoir une idée claire des chiffres de la pandémie sur le sol africain afin de mieux planifier et coordonner leurs efforts sur la riposte. »

Pour ce qu’est de la fiabilité des informations données sur cette plateforme, il rassure en disant procéder de façon méthodique à la collecte et à la vérification des données publiées sur sa plateforme : « Ma source première d’information est la page officielle du gouvernement de chacun des 54 pays d’Afrique. Ensuite, pour les pays qui n’ont pas une page officielle, j’obtiens leurs données dans les mises à jour quotidiennes du centre africain de prévention et de lutte contre les maladies de l’Union Africaine (CDC Africa).

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Enfin, je compare mes données à celles collectées et publiées par l’organisation mondiale de la santé (OMS) et celles de deux autres plateformes qui publient les chiffres de la pandémie sur le plan global. »

A la question de savoir si ces informations sont livrées en temps réel, Mr Christian répond : « Ma plateforme fonctionne par le biais d’une application développée par moi-même dans le langage de programmation communément appelé R, qui m’offre des avantages tels que : la mise à jour de la plateforme se fait juste en quelques secondes. Du coup je peux faire plusieurs mises à jour dans la même journée. Cela me permet aussi de créer en temps réel des tableaux récapitulatifs et des graphiques prêts à être exploités pour des présentations. »

Appréciations des mesures prises par le gouvernement béninois

Le processus de validation d’un traitement ou d’un vaccin étant long, donc pour lui, les meilleurs atouts dont dispose le Bénin actuellement sont ceux que le gouvernement promeut déjà : « Vu qu’aucun vaccin ou traitement officiel n’existe encore contre le Coronavirus, logiquement la distanciation sociale et le confinement sont les meilleures armes dont nous disposons actuellement pour la réduction à grande échelle de la transmission au sein des populations au Bénin.

Nos réalités socio-économiques ne pouvant pas être comparées à celles des pays occidentaux, je me permets de féliciter le gouvernement pour les mesures déjà prises. Cependant, j’exhorte aussi la population à respecter les mesures d’hygiène et surtout le port systématique de masque. Je profite aussi pour suggérer le dépistage massif des populations si les moyens financiers le permettent, vu que nous sommes encore au matin de cette pandémie en Afrique. »

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Pour ce qu’est de son point de vue sur les craintes des africains face aux puissances étrangères vis-à-vis de l’Afrique, quant à la gestion de l’épidémie, il dit ceci : « À la date d’aujourd’hui, 52 des 54 pays sur le continent africain sont déjà touchés par le Coronavirus. Face à cette crise de santé publique, paniqué n’aidera pas à gagner la bataille contre le virus. La tâche urgente pour tout le monde est de vaincre l’épidémie en conjuguant les forces. Pour cela, je pense que nos dirigeants africains doivent garder un œil sur ce qui se passe dans les pays occidentaux.

L’Afrique ne peut pas remporter la victoire toute seule, elle a besoin d’efforts concertés et de l’assistance de la communauté internationale. Cependant, en ce qui concerne le sujet brûlant des essais cliniques, j’ai foi que les institutions africaines et l’OMS travailleront en étroite collaboration pour garantir que les essais cliniques sur le Coronavirus en Afrique soient menés selon les principes les plus éthiques et scientifiques. »

Qui est Christian Noël Dide-Agossou ?

Christian Noël Dide-Agossou, de nationalité Béninoise, âgé de 36 ans, vit aux États-Unis d’Amérique depuis 11 ans. Il est marié et père de deux garçons et d’une fille. Titulaire d’un master en épidémiologie et spécialisé dans la recherche sur la tuberculose, il travaille comme assistant de recherche au Ministère qui s’occupe des Anciens Combattants aux États-Unis d’Amérique.

Christian Noël Dide-Agossou-épidémiologiste des maladies infectieuses@BENIN WEB TV

Il est actuellement dans sa dernière année de thèse doctorale en épidémiologie des maladies infectieuses au “Colorado School of Public Health.” Avant de migrer aux États-Unis d’Amérique, il était un entomologiste médical et travaillait comme assistant de recherche au Centre de Recherche Entomologique de Cotonou (CREC).

Après son baccalauréat en 2002 au collège d’Enseignement Général de Sègbèya, il fit ses études supérieures à l’Université d’Abomey-Calavi, dans un premier temps à l’École Polytechnique d’Abomey-Calavi (EPAC) où il obtint un diplôme d’Ingénieur des travaux (DIT) en analyses biomédicales (ABM) en 2006, puis à l’école doctorale des sciences de la Vie et en sort avec un master en entomologie médicale appliquée en 2009.

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