Test du Vaccin BCG en Afrique et Coronavirus: évitez de tomber dans l’amalgame …

Depuis quelques jours un élan de voix solidaires rarement observé en Afrique s’est élevé pour dénoncer l’implémentation d’un essai clinique contre le Covid-19 en Afrique… Mais comme dans tout message viral, il faut savoir distinguer le vrai du faux et l’émotif du concret… surtout en situation de crise sanitaire.

D’abord, le vaccin BCG c’est quoi ? Non ce n’est pas un NOUVEAU VACCIN MIRACLE. Quasiment toutes les personnes qui liront ce texte et qui vivent en Afrique ou dans les zones les plus touchées par la tuberculose ont DÉJÀ été vaccinées au BCG quand elles étaient petites. Ce vaccin permet à notre corps d’avoir des défenses pour pouvoir lutter contre la tuberculose chaque fois qu’il y est exposé.

Pourquoi les scientifiques proposent de tester l’effet du BCG sur le covid-19 ? La première chose à comprendre c’est que partout dans le monde il a été remarqué que généralement lorsqu’une personne meurt du Covid19, elle meurt car son corps a développé une RÉPONSE TROP FORTE face à l’attaque déclenchée par le Covid19. Oui le virus ATTAQUE, et c’est la RÉPONSE de notre CORPS qui TUE. La chose intéressante ici c’est que les scientifiques ont remarqué qu’en général, les enfants représentent la population la moins à risque de développer des symptômes graves du Covid19.

L’une des hypothèses expliquant cela est qu’étant donné que les enfants sont vaccinés contre bon nombre de maladies dont la tuberculose (BCG), ce seraient ces défenses acquises grâce aux vaccins qui permettent à leur corps de pouvoir naturellement luter contre le Covid19 et limiter les dégâts. C’est donc ainsi qu’une étude clinique multicentrique (plusieurs endroits) a été lancée en Australie (sur plus de 4000 personnes) et bientôt aux Pays-bas, au Royaume uni et en Allemagne pour pouvoir tester l’effet protecteur du BCG sur les personnes les plus exposées, à savoir le personnel médical qui est en première ligne au contact des malades.

Ce qu’il faut dénoncer : LA SEULE CHOSE à reprocher au Pr Mira est sa condescendance et l’orientation ‘raciste’ ou plutôt méprisante de ses propos quand il suggère que cette étude SOIT D’ABORD réalisée en Afrique où il n’y a pas de masques. Pour lui, ce serait une façon de rapidement vérifier l’efficacité de ce traitement préventif chez les Africains TOUT COMME cela a été fait chez les prostituées chez qui les premiers traitements du VIH ont été testés car celles-ci étaient plus vulnérables et plus exposées.

La seconde chose qui laisse perplexe est que le Pr Mira propose de tester prioritairement ce traitement en Afrique mais PAS en Italie par exemple alors que le nombre de mort y est de 14.681 pour près de 120.000 cas comparativement à l’Afrique ou ces chiffres sont bien inférieurs. Alors OUI, face à tout cela on peut se poser des questions et même s’indigner. D’ailleurs je suis heureuse que nombre de voix dont celles de Didier Drogba et Samuel Eto’o se soient élevées pour dénoncer cela.

Mais ATTENTION ! Outre sa condescendance, le Pr Mira a soulevé un point fort, l’absence de traitement sur un terrain Africain où nous ne disposons pas d’un système sanitaire fort et de mesures de confinement tenables.

ÉVITONS l’amalgame !! IL NE FAUT PAS profiter de ce terrain d’amalgames et de fake news pour générer dans la pensée collective un sentiment anti-vaccin, anti-traitement et anti-scientifique. Si jamais aucun traitement n’est trouvé et que la courbe de propagation du virus prend la même allure qu’en Italie, un vaccin serait LA SEULE CHOSE capable de sauver des milliers de vies Africaines. Et oui les essais cliniques existent et continueront d’exister car c’est LA SEULE FAÇON de déterminer si un traitement fonctionne sur une population ou NON.

Une Contribution de  Rita-Audrey Gouessé

Étudiante au doctorat en biologie

Les commentaires sont fermés.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus