Test-vaccin contre la covid-19: des pays africains livrent leurs versions des faits

L’information est devenue virale sur les réseaux sociaux: les occidentaux seraient prêts à expérimenter un vaccin contre la pandémie du coronavirus en Afrique et 25 pays africains, dont le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et la RDC, auraient d’ores et déjà donné leur accord. Face à cette rumeur qui enflamme la toile, le Cameroun, la Côte d’Ivoire et le Sénégal ont apporté un démenti formel. Mais la RDC dit avoir été choisie pour des essais cliniques des vaccins en phase de production contre la covid-19. De quoi à remuer le clou dans la plaie? 

Contrairement aux publications qui circulent et font le tour de la toile, estimant que des tests d’un éventuel vaccin contre le coronavirus doivent se tenir au Cameroun, au Sénégal et en Cote d’Ivoire, les autorités desdits pays réfutent toute idée de test d’un vaccin. Selon leurs différentes versions, aucun projet de vaccin-test n’est en cours dans leurs différents pays et ils n’envisagent même pas une telle option.

Contacté par l’AFP, le ministère de la Santé au Cameroun a réfuté toute idée de « test d’un quelconque vaccin contre la covid-19«  sur son sol. Il en est de même pour le Sénégal. Interrogé, le ministre sénégalais en charge de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, bien qu’il reconnaisse l’existence d’un tel vaccin, a balayé d’un revers de main toute idée de vaccin-test qui serait envisagée par son pays:

‘‘Nos scientifiques n’ont pas jugé nécessaire d’essayer le vaccin », a-t-il déclaré, avant d’ajouter que « Ce sont les pays ou la maladie fait des ravages qui ont le plus besoin du vaccin. En plus, officiellement, l’Organisation mondiale de la santé n’a pas saisi le Sénégal qui est un pays souverain pour tester un vaccin. Maintenant, si dans ces pays, ce vaccin montre des résultats probants, nous ne dirons pas non. Mais là, nos scientifiques n’ont pas jugé nécessaire le vaccin ».

« Il n’a jamais été question de vacciner la population ivoirienne »

En Côte d’Ivoire, les autorités n’ont pas tardé à monter au créneau, vu l’allure que prend la rumeur d’un vaccin-test qui serait en cours dans le pays. Selon Mahan Sehi, chargé de communication au Ministère ivoirien de la Santé, l’hypothèse du vaccin-test sur le sol ivoirien est une fausse information.

« Il n’a jamais été question de vacciner la population ivoirienne », a également déclaré à l’AFP Mahan Sehi, chargé de communication au Ministère ivoirien de la Santé. « En revanche, je peux vous confirmer que nous avons reçu l’autorisation de tester la chloroquine sur les cas confirmés de coronavirus, en cas de complication », a-t-il conclu.

La chloroquine ou l’hydroxychloroquine utilisée contre la covid-19

La chloroquine, médicament très connue en Afrique pour lutter contre le paludisme, est utilisé par plusieurs nations africaines à titre de tests de traitement contre le coronavirus. Si le Cameroun, le Sénégal et la Côte d’Ivoire ont réfuté l’idée d’un vaccin-test, ces pays utilisent la chloroquine ou son dérivé, l’hydroxychloroquine qui s’avère être efficace contre la pandémie.

Au Sénégal, les autorités sanitaires, voire certains patients guéris, louent la magie de la chloroquine. Une patiente a récemment avoué à la radio Rfm du Sénégal qu’elle a été traitée à la chloroquine pendant 14 jours à l’hôpital Fann de Dakar. A l’en croire, c’est la chloroquine qui lui a sauvé la vie. Le Burkina Faso et l’Afrique du Sud ont aussi autorisé les structures hospitalières à traiter la covid-19 avec de la chloroquine.

En France, le Pr Didier Raoult, directeur de l’Institut Hospitalo-Universitaire (IHU) Méditerranée infection, affirme que l’hydroxychloroquine est bel et bien efficace.

La RDC candidate pour des vaccin-tests

Contrairement aux autres pays qui ont réfuté l’idée d’un vaccin test, la République Démocratique du Congo est en passe de faire des essais cliniques des vaccins en phase de production. « Nous avons été choisis pour faire des essais cliniques de ces vaccins. Les essais vont débuter vers les mois de juillet-août. Nous sommes candidats”, a révélé, vendredi 3 avril 2020 à Kinshasa, le docteur Jean-Jacques Muyembe, coordonnateur de la cellule de la riposte contre le Coronavirus.

Avec cette déclaration du docteur Jean-Jacques Muyembe au cours d’une conférence de presse, tenue conjointement par le ministre de la Communication, la cellule de riposte à la covid-19 et le commissaire provincial de la Police nationale congolaise, le Docteur Jean-Jacques Muyembe, responsable de l’équipe multi-sectoriel de la riposte de la pandémie, tout porte à croire que les pauvres populations de la RDC serviront de « cobayes » pour un éventuel vaccin-test contre la covid-19.

Quand Jean-Paul Mira vendait la mèche

Jean-Paul Mira, chef du département de réanimation de l’hôpital Cochin, à Paris, n’a alors fait que vendre la mèche à travers sa déclaration à polémique sur LCI. Une déclaration jugée de trop, raciste et inhumaine par de nombreux africains:  « Si je peux être provocateur, est-ce qu’on ne pourrait pas faire ces tests en Afrique, où il n’y a pas de masques, pas de traitements, pas de réanimation, un peu comme c’est fait d’ailleurs pour certaines études dans le Sida, où chez les prostituées, on essaie des choses parce qu’on sait qu’elles sont hautement exposées et qu’elles ne se protègent pas ? », interrogeait Jean-Paul Mira, chef du département de réanimation de l’hôpital Cochin, à Paris, dans une émission consacrée au coronavirus.

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