Bénin: 12 mois de prison dont 6 avec sursis contre le journaliste Ignace Sossou en appel

Le journaliste Ignace Sossou est condamné à 12 mois de prison, dont 6 mois ferme et six avec sursis, dans son procès en appel contre le procureur Mario Mètonou.

Comme annoncé à l’issue de la deuxième audience du procès en appel du journaliste Ignace Sossou, tenue le mardi 05 mai 2020 à la Cour d’appel de Cotonou, le délibéré a été donné ce 19 mai 2020. Selon le verdict, le journaliste Ignace Sossou est condamné à 12 mois de prison dont 6 mois avec sursis, assorti d’une amende de 200.000 FCFA. L’audience a connu la présence des différentes parties impliquées dans le dossier qui oppose le journaliste Ignace Sossou et le Procureur Mario Mètonou.

Retour sur la réquisition…

Au cour de l’audience en appel, le débat a tourné autour de la qualité d’Ignace Sossou en tant que journaliste. « Parlant des propos concernant la coupure d’internet, a-t-il précisé, les élections législatives de 2019 ? Les… (points de suspension), étaient-ils dans les propos du procureur ? Ce n’est pas mot pour mot ce que le procureur a dit », font remarquer les avocats de la partie civile). « Je vous supplie, redorez le blason… », rétorque Maître Robert Dossou de la défense. Pour le ministère public, l’acte du journaliste Ignace tend à mettre le procureur en difficulté avec sa hiérarchie. C’est pourquoi, posant le problème de la compétence des journalistes, elle demande au Président d’annuler les 18 mois pour le condamner à 12 mois.

Dans sa prise de parole, la défense indique que, si c’était des tweets qui encensent le gouvernement, le journaliste Ignace Sossou ne se retrouverait pas en prison. Pour elle, Ignace est officiellement journaliste parce que la législation lui en donne droit sans une formation journalistique de base . « Lorsqu’il y a des erreurs dans sa publication, on exige un droit de réponse. On ne poursuit pas », soutiennent les avocats du journaliste. Pour Me Robert Dossou de la défense, Il n’y a aucune infraction. A ce titre, il demande la relaxe pure et simple du journaliste.

La pomme de discorde…

Ignace Sossou a relayé sur les réseaux sociaux des propos du procureur en live-tweets, lors d’un séminaire organisé à Cotonou par CFI. Il sera, par la suite, accusé d’avoir sorti les propos de leur contexte. Un acte qualifié de »harcèlement » par l’accusation qui soutient que le journaliste, en agissant ainsi, a causé une détresse émotionnelle au plaignant. Malheureusement, à l’éclatement de l’affaire, CFI a pris ses distances vis-à-vis du journaliste qui participait aussi au séminaire. Elle ira, d’ailleurs plus loin, en envoyant un courrier aux autorités béninoises pour plonger le journaliste Ignace Sossou.

Interpellé à son domicile le vendredi 20 décembre 2019, le journaliste Ignace Sossou a été reconnu coupable des faits de harcèlement par le biais des moyens de communication électronique. Il a écopé de 18 mois d’emprisonnement ferme en plus d’une amende de deux cents mille (200.000) francs CFA, en application des dispositions de l’article 550 de la Loi n°2017-20 du 20 avril 2018 portant Code du numérique en République du Bénin, à l’issue d’une audience publique tenue le mardi 24 décembre 2019.

A la veille de son arrestation, le journaliste Ignace Sossou notifiait à la rédaction de BENIN WEB TV avoir reçu des menaces et des pressions afin de supprimer les propos du procureur de la République Mario Mètonou qu’il a relayés sur sa page Facebook. Lesdits propos seraient dits par ce dernier lors du lancement le 17 décembre dernier du projet vérifox financé par CFI Médias. Ignace Sossou a évoqué d’ailleurs à cet sujet que son arrestation serait imminente sur instruction du procureur qui n’aurait pas approuvé son relais.

Ignace Sossou est économiste et journaliste indépendant à la rédaction de BENIN WEB TV. Il est l’auteur de l’enquête sur les évasions fiscales au niveau du supermarché Erevan et à la Sobépec. Un travail mené sous la coordination de la Cellule Nobert Zongo pour le journaliste d’Investigation (CENOZO) et le Consortium international du journalisme d’investigation (ICIJ) et pour lequel il sera condamné à 1 mois de prison avec sursis avec une amende de 500 000F avec sursis. Condamnation à laquelle il a fait appel.

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