Cardinal Bernardin Gantin: 13 mai 2008 – 13 mai 2020, que retenir de l’homme ?

Déjà 12 ans, que le premier archevêque noir de l’Afrique de l’ouest, prélat de la Curie unanimement apprécié, Romain de discipline, mais Africain de cœur, le cardinal Bernardin Gantin, ancien doyen du Sacré Collège des cardinaux, est mort, alors âgé de 86 ans. Les Béninois s’en souviennent, de même que l’Eglise Mère. Mais que retenir de ce grand homme ?

Celui qui a fait la fierté de l’Afrique noire, de sa nation, le Bénin, et de l’église catholique romaine, a rejoint l’Eucharistie éternelle depuis 12 ans. Né le 08 mai 1922 à Toffo et originaire d’Agonlin dans le sud du Bénin, d’un père cheminot, le Cardinal Bernardin Gantin entre au séminaire Saint-Gall de Ouidah en 1936 et est ordonné prêtre le 14 juillet 1951. Après son ordination, le prêtre reste au séminaire comme professeur de langue, puis alla compléter sa formation au collège Saint-Pierre de Rome en 1953, et suivra ensuite les cours de l’Université Pontificale Urbanienne, puis l’Université pontificale de Latran, et sort diplômé de Théologie et de droit Canon. Repéré pour ses qualités, le père Bernardin Gantin est nommé évêque auxiliaire de Cotonou avec le titre d’évêque in partibus de Tipasa de Mauritanie par le Pape Pie XII, le 11 décembre 1956, et revient au Dahomey, actuel Bénin, après sa consécration le 03 février 1957 par le cardinal Tisserant. Premier archevêque métropolitain africain, il succède à Mgr Louis Parisot, le 05 Janvier 1960, il est nommé Archevêque de Cotonou, charge qu’il a assumé jusqu’en 1971. Pendant tout ce temps, il crée diverses congrégations locales de sœurs et de moniales, favorise plusieurs centres de formation religieuse et promeut l’action catholique localement. Il est particulièrement actif dans l’ouverture de l’Église à d’autres croyants dans la région, permettant la création de nombreux diocèses.

Tandis qu’à l’époque, tous les évêques d’Afrique de l’ouest sont encore des missionnaires européens, pour la première fois, un Africain y est appelé à gouverner un diocèse. Mgr Gantin sera archevêque de Cotonou, puis président de la Conférence épiscopale d’Afrique occidentale francophone (Cerao) et fut l’un des plus jeunes participants du concile Vatican II (1962-1965). Après être le premier Africain noir à diriger un diocèse, il est une fois encore le premier à être appelé à la Curie romaine, cette fois par le Pape Paul VI, comme le « NUMERO 2 ». Monseigneur Gantin est promu au poste de Secrétaire de la « congrégation de la propagande de la foi », aujourd’hui appelée Congrégation de l’évangélisation des peuples. Se faisant remarquer par son intelligence et sa simplicité, Mgr Bernardin Gantin est créé cardinal en 1977 par le même Pape, en même temps qu’un certain Josef Ratzinger (devenu le pape Benoît XVI). Dès les conclaves d’août et octobre 1978, le prélat africain est cité parmi les papabili, comme éventuel premier pape noir. Mais atteint par la limite d’âge (80 ans), il ne participera pas au conclave d’avril 2005. Après avoir dirigé la commission vaticane Justice et Paix, le cardinal Gantin est promu cette fois par le Jean Paul II en 1984, comme préfet de la congrégation des évêques, chargée des nominations d’évêques dans le monde entier. Sachant que ce n’est pas une mince affaire pour un Africain d’imposer ses choix à des continents comme l’Europe ou les deux Amériques, il s’acquitte de cette tâche avec des résultats inégaux.

Aimé des Africains et spécialement de sa patrie

« Le cardinal Gantin fut au Bénin ce que fut Jean Paul II pour la Pologne », disaient les pères Daniel Cardot et Pierre Legendre dans leurs mots d’hommage à son décès. Le Cardinal Bernardin Gantin reste très populaire en Afrique, et chacun de ses retours au Bénin est un événement. Il était resté très attaché aux enjeux africains pour le christianisme. Alors jeune archevêque de Cotonou, il avait déjà pris en charge les questions de la formation et de l’inculturation (adaptation locale du message de l’évangile) de la foi. Il fut à l’origine de la fondation de l’Institut catholique d’Afrique de l’ouest, à Abidjan (Côte d’Ivoire), qui forme encore nombre de théologiens et prêtres africains francophones. Pour ceux qui l’ont côtoyé, il faisait avancer les dossiers à la manière, à la fois ferme et courtoise, comme son nom l’indique d’« arbre de fer » dans une traduction littéraire du fon en français : GANTIN. En 1998, le Cardinal démissionne de ses hautes fonctions et reste à Rome jusqu’en 2002, année où il rentra sur sa terre natale pour se reposer et se mettre beaucoup plus à l’écoute des siens, tout en restant disponible aux sollicitations du Saint siège. Il rejoint la félicité éternelle loin de sa terre  natale le 13 mai 2008 à 16 h 30, en la fête de Notre-Dame de Fatima, à l’hôpital Georges Pompidou à Paris.

Le patriarche laisse ses racines à jamais incrustées dans sa terre africaine. Il fut inhumé le jeudi 22 mai 2008 dans la chapelle du séminaire Saint-Gall où il avait été formé à la prêtrise par les prêtres sulpiciens. Rappelons que Joseph Aloisius Ratzinger, devenu Pape Benoît XVI, avec qui il a été créé Cardinal le même jour, lui a rendu hommage en allant sur sa tombe le 19 novembre 2011, lors de son voyage apostolique au Bénin.

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