Bénin – Conflits récurrents entre éleveurs et agriculteurs : une bombe à retardement

La vie humaine est  devenue si banale sous nos cieux, notamment aux yeux des éleveurs peuls et agriculteurs des contrées lointaines du pays, qu’ils s’entretuent plaisamment au nom d’un quelconque intérêt. Barbarie, sauvagerie, animosité… tous les noms inhumains sont permis pour désigner le spectacle meurtrier fréquemment offert au nez et à la barbe des pouvoirs publics. Un piège sans fin ou une bombe à retardement ?

Les affrontements sanglants au Bénin entre les éleveurs peuls et agriculteurs de certaines localités, on n’en parlera jamais assez. Une dizaine de personnes sont mortes à la date du jeudi 04 juin 2020, lors de violentes altercations à Goungoun, un village de l’arrondissement de Guéné dans la commune de Malanville. Selon les informations glanées çà et là, l’incident est parti de la fusillade d’un agriculteur. La tension reste très vive en dépit de la présence des forces de l’ordre et l’intervention des autorités locales.

Un piège sans fin ?

Il y a un an, précisément le 1er juin  2019, un affrontement sanglant a mis aux prises les peuls transhumants et les agriculteurs dans la localité d’Ayéwédji, commune de Dassa-Zoumè. Bilan : 4 morts, des personnes grièvement blessées et des dégâts matériels incommensurables. Des mois plus tôt, soit le mercredi 24 avril 2018, plus de 07 personnes ont trouvé la mort et plusieurs dizaines d’autres ont été grièvement atteints dans des affrontements entre éleveurs nomades et agriculteurs dans la commune de Kétou. A Koka, dans la commune de Malanville, trois personnes sont mortes dans les échauffourées entre les deux communautés, mardi 24 mai 2016. Il y a d’autres événements ahurissants et barbares marqués par des pertes en vies humaines, mais les citer tous, serait superflu, voire encombrant.

Cependant, il convient de souligner que la source de ces affrontements meurtriers est quasi-identique : dévastation des champs des cultivateurs ou encore dégâts causés par le passage des bœufs d’un bouvier dans les champs des agriculteurs. Et pour atténuer les conflits liés à la transhumance transfrontalière, il a été  élaboré un projet de délimitation et de balisage de 1.000 km de couloirs de passage allant de la commune de Karimama au nord-est du pays à celle de Ouinhi au centre du Bénin. Mais le phénomène persiste.

Que dit la loi ?

Face à cette situation conflictuelle, un projet de loi a été introduit à l’Assemblée nationale et adopté par la représentation nationale. Désormais, la transhumance pastorale est encadrée par la loi n°2018-20 du 23 avril portant code pastoral en République du Bénin. Elle stipule en son article 6 : « L’exercice d’activités pastorales est assorti d’une obligation de gestion rationnelle des ressources naturelles et de garantie de la paix sociale par le respect des droits reconnu aux différents usagers agro-sylvo-pastoral en partage ».  Plus loin, le texte fait obligation à l’Etat et aux collectivités locales d’assurer la veille pastorale, notamment pendant les périodes de transhumance. Et pourtant, le pays est confronté à des conflits saisonniers entre éleveurs peuls et agriculteurs.

Impuissance des pouvoirs publics

Les gouvernements, qui se succèdent, semblent  être impuissants face à la recrudescence des affrontements entre éleveurs peuls et agriculteurs, au cours desquels plusieurs trépassent. Devenue fléau malheureusement récurrent et défiant toutes les politiques, la situation prend des proportions inquiétantes. Outre les dispositions encadrant les activités de ces communautés, qui visiblement ont étalé leurs limites, l’Etat devrait changer de fusil d’épaule en vue de ramener la quiétude dans ces zones en proie aux conflits sanglants entre bouviers et cultivateurs. Il y va de l’intérêt de l’Etat.

 

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