Niger – Incarcération de Samira Sabou: « indignation » et « condamnation » de 30 associations de la presse

La Maison de la presse, association regroupant des organes de presse du Niger, ainsi que Reporters sans Frontière (RSF) ont condamné, jeudi, l’emprisonnement de Samira Sabou, journaliste-blogueuse nigérienne, accusée de diffamation dans ses publications sur l’affaire des surfacturations lors d’achats d’équipements militaires pour l’armée.

La Maison de la presse, qui regroupe 30 associations de médias nigériens, a fait part de son «indignation» et assuré «condamner la détention de Samira Sabou», dans un communiqué diffusé, jeudi. «Sans juger du fond de l’affaire, aucun journaliste poursuivi pour des faits relevant sans ambiguïté de son activité professionnelle ne devrait se retrouver privé de sa liberté», a quant à lui dénoncé Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. «Cette arrestation constitue un recul très dangereux et vide de sa substance la loi sur la presse de 2010, dont l’interdiction des détentions préventives pour les journalistes avait constitué une avancée majeure».

Samira Sabou, une influente journaliste-blogueuse nigérienne, a été arrêtée, mercredi, et accusée de diffamation dans ses publications sur l’affaire des surfacturations lors d’achats d’équipements militaires pour l’armée nigérienne, selon Amnesty International. Selon toujours AI, « on lui reprocherait un commentaire d’une personne sous une de ses publications. ». Ce post du 26 mai, encore visible, accuse un homme d’affaires et ami du fils du président de « capter les marchés du ministère de la Défense au nom du fils du patron. » « L’accusation de diffamation à son encontre par le fils du président de la République n’est qu’une manœuvre de plus pour saper son travail et celui de tous les activistes anti-corruption qui dénoncent les allégations de corruption dans le pays », selon Amnesty.

Un scandale qui choque l’opinion

L’affaire des surfacturations fait grand bruit au Niger après la diffusion, sur les réseaux sociaux, d’extraits d’un rapport d’audit sur ces irrégularités. D’après ces extraits, ces malversations ont causé « un manque à gagner » de plus de 76 milliards FCFA (plus de 115 millions d’euros) pour l’Etat du Niger, entre 2017 et 2019.

Le scandale a d’autant plus choqué l’opinion qu’entre décembre 2019 et janvier 2020, près de 200 soldats nigériens ont été tués dans des attaques djihadistes. Le 15 mars, de violents heurts avaient opposé les forces de l’ordre et des manifestants, demandant des sanctions dans ce scandale. Au moins, trois figures de la société civile sont encore incarcérées.

Les commentaires sont fermés.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus