Coronavirus au Bénin : des cérémonies festives malgré les restrictions

Les cérémonies festives de toute sorte continuent d’avoir droit de cité en République du Bénin, malgré les mesures restrictives pour lutter contre le coronavirus. Des comportements qui plomberaient les efforts du gouvernement en place.

Mardi 7 juillet 2020 à Kpota, dans la commune d’Abomey-Calavi, il sonnait 21h quand la salle VIP réservée par Jonathan commence par recevoir ses premiers invités. Dans sa tenue de Bazin cousue traditionnelement, couleur bleue, Jonathan s’est positionné à la devanture de la discothèque pour accueillir, comme l’exige la tradition, ses convives. Poignées de mains, accolades et bises pour témoigner la joie qui l’anime en les voyant honorer son invitation.

Quelques instants après, plus d’une trentaine d’invités ont rempli la discothèque VIP où sont déjà disposés majestueusement des tables, chaises et l’apéro. Derrière le buffet, trois demoiselles en blanc et noir avec leurs masques au menton. Les invités de Jonathan, même s’ils portaient leurs masques à leur arrivée, les enlèvent systématiquement une fois installés à l’intérieur. Sous une lumière bien tamisée, ce fut, pour beaucoup, un instant de retrouvailles où les gestes de distanciation et d’interdiction d’accolades et de bises sont constamment bafoués.

Dans la commune d’Akpro-MIssérété, ce samedi 18 juillet 2020, une localité frontalière de Porto-Novo, capitale du Bénin, Ruth n’a eu aucune gêne d’organiser les cérémonies funéraires de son papa. Il est, certes, vrai que ces cérémonies ne sont pas interdites, mais c’est le caractère festif que cela a pris en ce temps de coronavirus qui a inquiété.

Plus d’une centaine d’invités sous ses bâches. Les deux dispositifs de lavage installés devant ces bâches ne sont que, pour la plupart, des ornements. Une fois sous la bâche, aucune règle de la distanciation sociale, les bavettes et cache-nez sont soit rangés dans les poches, ou ramenés au menton. Le plus surprenant, ce sont ces groupes folkloriques qui continuent de prester. Et là, inutile de leur demander le respect des gestes barrières contre la covid-19.

Ces deux cas évoqués ne sont que des cas illustratifs de cette attitude et habitude de sociabilité des Béninois, qui devraient être mis en pause en ces temps de propagation de ce virus mortel. Mais hélas, ces manifestations continuent d’avoir droit de cité et ceci, en complicité même avec des autorités locales et communales.

Des mesures toujours en vigueur

Le gouvernement du Président Patrice Talon, réuni en conseil des ministres le 8 juillet 2020, a rappelé que les règles d’hygiène et de prévention, préconisées, demeurent toujours en vigueur. Il s’agit du port obligatoire de masque en tous lieux, le lavage systématique des mains à l’eau et au savon, la suspension des événements et manifestations à caractères sportif, politique et festif ; interdiction des rassemblements de plus de 50 personnes et surtout la fermeture des discothèques et stricte interdiction des cérémonies de réjouissance sur toute l’étendue du territoire béninois.

« Le gouvernement a relâché et les Béninois aussi n’ont pas pris conscience du danger qu’ils encourent en s’adonnant à ces pratiques pourtant interdites », a signifié Samuel Assogba, sociologue et membre de l’ONG APoDab (Aides aux populations pour un développement à la base, Ndlr). Malgré donc les multiples messages de sensibilisation, les spots publicitaires sur des chaînes locales et sur les radios surtout communautaires, les réjouissances sont toujours organisées au mépris des gestes barrières.

« Le Bénin n’ayant pas encore atteint son pic pour cette épidémie, nous devons toujours être vigilants pour éviter à notre pays, le pire », recommande l’épidémiologiste, Diane Zanvo, membre de la cellule de riposte contre le coronavirus au Bénin. Et pour certains, le gouvernement doit reprendre avec les répressions en donnant des consignes fermes aux agents en uniforme.

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