Côte d’Ivoire: la tradition foulée aux pieds aux obsèques de feu Amadou Gon Coulibaly (Vidéo)

La Côte d’Ivoire a rendu un dernier hommage à son Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, décédé la semaine dernière d’une crise cardiaque. Mais, le jeu des alliances interethniques entre Koyaka et Sénoufo a tourné au vinaigre, à l’arrivée de la dépouille du dauphin du président Ouattara, pour la présidentielle d’octobre prochain.

Après les hommages de la nation à Abidjan, la dépouille mortelle de l’ex-premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, est arrivée, mercredi 15 juillet 2020, à l’aéroport de Korhogo, avant d’être conduite à la cour familiale. La population de Korhogo, les chasseurs traditionnels appelés communément dozos, des amis et proches venus des autres villes du pays, attendaient tous l’ex-Premier ministre.

Mais, dans la foule, se trouvaient deux jeunes de l’ethnie Koyaka, alliés du peuple Sénoufo, dont est originaire Amadou Gon Coulibaly. Selon la tradition, des alliances inter-ethniques qui représentent en quelque sorte un pacte de non-agression entre des peuples, les autorisent à plaisanter entre eux. C’est ainsi que ces deux individus d’ethnie Koyaka ont réussi à immobiliser le cortège pendant plusieurs minutes. Tout était symbolique, selon cette tradition.

En effet, les jeunes Koyaka, après avoir dressé le barrage avec des bouts de rameaux, ont été approchés par un gendarme, qui leur a remis de l’argent. Il leur a ensuite demandé de permettre à la dépouille de passer. Soutenus par leurs frères, ils refusent d’obtempérer. Mais les jeunes Koyaka insistaient en poursuivant le jeu d’alliance jusqu’à ce qu’ils soient rudoyés et jetés de côté par les forces de l’ordre à la surprise générale.

©

Cette situation a créé un scandale chez certains Koyaka, qui n’en reviennent pas. Pour plus d’uns, les forces de l’ordre devaient plutôt être courtois avec le jeune et non le brutaliser comme il l’on fait. En effet, ces jeux d’alliances interethniques, lors des obsèques, prennent des allures de représentation théâtrales, ce qui permet d’oublier un peu la douleur. Mais, la politique et le modernisme ont appris à ces jeunes qu’ils sont dans une autre époque.

Selon le programme provisoire établi par la famille, le vendredi 17 juillet 2020, les obsèques débuteront à 13h avec la traditionnelle prière du vendredi, suivie d’une prière mortuaire à la grande mosquée de Korhogo. L’ex-premier ministre ivoirien, Amadou Gon Coulibaly, sera inhumé, ce même vendredi, à 14h30, au caveau familial, dans la stricte intimité familiale. Les cérémonies des 3ème et 7ème jours auront lieu au stade municipal de Korhogo de 15h à 16h, le même vendredi, et marquera la fin des obsèques.