Inondation à Cotonou : la population est comptable autant que l’Etat de ce qui lui arrive

Les inondations au Bénin et principalement dans la ville de Cotonou sont devenues la routine des populations, en période de pluie, chaque année. Les responsabilités sont rejetées sur l’Etat et ce dernier, lui aussi, trouve son bouc émissaire ; à la fin, il n’y a toujours pas de solution.

Depuis des dizaines d’années, les régimes se sont succédés au Bénin, avec, dans leur programme de gouvernance, la « lutte contre les inondations » à Cotonou. Chacun vient avec son astuce et repart avec, sans que le problème ne soit résolu. De PUGEMU à 3CI, les Béninois ont entendu tellement de projets de « lutte contre l’eau » que cela est devenu utopie. Mais pourquoi n’arrive-t-on pas à sortir Cotonou de l’eau. Dans un premier temps, il faut souligner que le concept est biaisé, dès le départ. C’est une utopie de se prétendre « lutter contre les inondations » ; rien ni personne ne peut lutter contre l’eau. Le concept qu’il est utile d’expérimenter, c’est « comment sortir Cotonou de l’eau ? ». A partir de là, les autorités et toutes les parties prenantes devraient élaborer des issues possibles.

Dans un autre aspect, ce qui complète, d’ailleurs, le premier pan, il est indispensable, aujourd’hui, que les autorités décentralisées et les populations deviennent un peu « responsables ». Si Cotonou avait un vrai plan d’urbanisation, mis en œuvre et suivi rigoureusement par les autorités locales, certaines habitations d’Agla, de Vossa, de Ste Cécile et bien d’autres ne seraient pas inondées ou mieux, n’auraient jamais été autorisées à être érigées. Il faut que les maires, CA et autres responsables locaux arrêtent de délivrer des permis de construire, des conventions de vente et autre documents à des personnes, qui veulent s’acquérir des espaces inondables. L’Etat doit prendre ses responsabilités.

Responsabilités partagées

Cependant, les dernières pluies à Cotonou ont révélé, encore plus, les réalités de la ville en matière d’urbanisation. La population crie et se lamente, accusant les autorités en place de n’avoir rien fait pour les sortir de l’eau. Il y a des situations évitables dans la vie ; comment peut-on aller s’installer dans un bas-fond, comment peut-on délibérément obstruer la voie de passage de l’eau et vouloir être tranquille en période de pluie ? C’est une aberration que d’accuser l’Etat de ce qu’on a soit même contribué à créer. Les populations doivent simplement éviter d’occuper les voies d’eau et aussi prendre des conseils d’experts, avant de bâtir leur résidence, afin d’éviter ce genre de déconvenue.

Il faut, pour cela, que l’Etat mette en place les structures qu’il faut et qu’un plan d’urbanisation, définissant les normes de construction, soit mis à disposition du public, selon la géographie des zones. Il faut également que les mairies fassent réellement leur travail de suivi, car, sans cela, aucune évolution ne sera constatée. L’Etat n’est donc pas forcément le coupable des inondations à Cotonou, cette responsabilité est partagée. Toutefois, l’Etat a la responsabilité de planifier et de suivre l’exécution et le respect des normes établies. Dégager les populations du bord des voies, c’était bien ; mais ce qui aurait été libérateur, ce serait de dégager les populations des passages d’eau, réparer les caniveaux, curer les canalisations et faire travailler réellement la police environnementale sur le terrain et non de nom. Ce n’est pas saisir le matériel des DJ dans les bars seul qui leur incombe, il faut veiller au fait que des ordures ne soient pas jetées dans les canalisations.

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