Bénin – Porto-Novo: la délivrance de tickets suspendue sur toutes les gares

Par un arrêté municipal en date du 19 Août 2020, le maire de Porto-Novo, Charlemagne Yankoti, a suspendu les activités de tous les syndicats sur les gares routières de la ville capitale.

Ainsi, la délivrance de tickets et la perception de frais auprès des conducteurs de minibus sont suspendues. A travers cette mesure, l’autorité municipale entend réorganiser le secteur et le débarrasser du désordre et de la corruption qui le caractérise parfois.

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L’interdiction de toute opération visant à délivrer de tickets ou à percevoir des frais est étendue aux véhicules légers de transports en commun sur l’ensemble du territoire de la Commune. Sont exclusivement autorisés à placer des valeurs inactives de la recette perception, précise le communiqué, les agents mandatés par les autorités de la Commune de Porto-Novo.

Tout contrevenant aux présentes dispositions sera sanctionné, conformément aux textes en vigueur. Le secrétaire général, le directeur des affaires financiers et économique, le receveur percepteur, les chefs d’arrondissement et le commissaire centrale de Porto-Novo sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’application stricte des présentes dispositions, a précisé l’arrêté municipal.

Gestion des gares routières au Bénin, un véritable nid de corruption

Le désordre et la corruption sur les gares routières ne sont pas l’apanage de la Commune de Porto-Novo. Le mal est plutôt profond et concerne toutes les gares routières.

Si le cas des gares routières de la ville carrefour est souvent donné en exemple, les mêmes symptômes sont présents sur presque toutes les gares routières au point où la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) s’est intéressé à ce secteur et a décidé de l’assainir.

Trafic d’influence, rançonnement; le lot quotidien sur les gares de Bohicon

Depuis novembre 2014, le bureau communal du Cosycotrab accuse «les autorités de la mairie de Bohicon de faire subir aux conducteurs des actes féodaux, d’intimidation politique, de rançonnement et de harcèlement à l’endroit de ses syndiqués».

Marcel Djidago, président du collectif, et son équipe composée d’anciens responsables de la gare de Bohicon, sont allés jusqu’à rendre responsable le maire à travers les équipes qu’il a mises en place, de faire «entre autres de l’exclusion de trois organisations syndicales de la gestion des fonds qui sont destinés au comité gare routière».

Un acte qui est pourtant, selon les contestataires, contraire à l’Arrêté communal portant mode de gestion des gares et parcs annexes qui l’exige. Un arrêté qui établit l’implication de tous les syndicats dans la gestion des fonds collectés sur les gares routières.

Les contestataires qui se disent exclus, dénoncent également la disparition des 5 000 F CFA Francs collectés par les équipes de la mairie de Bohicon auprès de chaque conducteur de bus pour la réalisation des calendriers pour l’année 2015. Ce qui n’a jamais été réalisé, selon eux. Sans oublier la collecte de 2 000 F CFA chez un groupe de chauffeurs pendant quelques mois pour une destination inconnue.

Dans le souci de contribuer au développement et à l’amélioration de la gare routière centrale, les acteurs avaient décidé à l’unanimité d’aider la mairie, en créant un ticket parallèle dénommé « Réhabilitation de la gare » d’au moins 100 F CFA ou plus, selon la catégorie de véhicule. La recette issue de la vente de ce ticket s’élève à au moins 40 000 F CFA par jour. Depuis 2009 que ce ticket est mis en circulation, de sa première vente sur la gare à ce jour, aucun point financier n’a été effectué, dénonce Marcel Djidago.

«On en était là, quand, contre toute attente, les conducteurs ont été surpris d’entendre Maxime Houédjissin déclarer au cours d’une émission sur la télévision Carrefour en juin 2015, qu’en réalité, le pavage de la gare routière centrale de Bohicon et du parc à bus d’Agbangon est programmé par l’Agence de réhabilitation de la cité historique d’Abomey (Archa)», poursuit-il. Alors, pourquoi avoir encore instauré ce ticket dit de réhabilitation de cette route sur la gare, s’interrogent les conducteurs.

Des millions mobilisés en l’air…

Dans la même perspective, face à l’état de dégradation de cette gare routière de Bohicon, difficile d’accès en saison pluvieuse, il y a eu une séance de travail en présence des autorités communales en charge de la gestion de la gare pour la prise de la décision de son nivellement.

Suite à cette séance, une souscription a été initiée à cet effet. En un temps record, confie le président du collectif, le montant mobilisé auprès des conducteurs était de plus de 3 000 000 F CFA. Aujourd’hui, ces fonds semblent avoir purement et simplement disparu et plus rien ! C’est pour cette raison que les responsables du collectif exigent aujourd’hui des mesures hardies de suspension de la vente de ces tickets afin d’arrêter la saignée au niveau de la bourse des conducteurs.

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Ces frais collectés à chaque instant et tous les jours sont appelés communément « frais de positionnement » et « rabiot ». Des frais qui ne servent à rien sur la gare.

Des accusations bien graves auxquelles les délégués du maire Luc Atrokpo refusent de répondre. Armand Gansè, nommé superviseur général des gares routières de Bohicon et pointé d’un doigt accusateur par les conducteurs, a refusé de réagir. Contacté pour répondre aux différentes accusations, il s’est refusé à tout commentaire. Il indique n’avoir pas le temps de «répondre aux grognes d’un groupe de conducteurs qui croient que nous, on va leur donner de l’argent».

Mais pour Roger Nouhouémalin, coordonnateur de l’Unacob à Bohicon, les arguments qu’avancent les contestataires ne sont pas fondés. La preuve, tous les syndicats sont bel et bien associés à la gestion de la gare routière de Bohicon. Il y a un calendrier hebdomadaire qui sort et qui fait la programmation de permanence des syndicats sur la gare.

Chaque syndicat a son tour de garde sur la gare. Roger Nouhouémalin confie que les contestataires sont regroupés au sein d’un collectif de syndicats déjà associés à la gestion; et qu’il n’est plus question d’associer encore le collectif alors même que les syndicats qui le constituent y sont déjà.

«Les camarades contestataires peuvent avoir d’autres raisons de contester ce qui se passe sur la gare routière de Bohicon, mais celles qu’ils avancent ne sont pas à mes yeux fondées». avait-il laissé entendre.

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