Bénin – Rénovation du Palais de la Marina: le Parlement saisi d’une lettre

La rénovation du Palais de la Marina continue de faire polémique. Par une lettre adressée à l’Assemblée nationale ce mercredi 12 Août 2020, Landry Angelo Adélakoun, Miguèle Houéto, Romaric Zinsou et Eddy Camille Koto, tous militants engagés pour les droits de l’homme, interpellent les députés sur le coût de cette rénovation, à un moment où le secteur de la santé devrait être une priorité pour les gouvernants.

Dans la correspondance adressée aux parlementaires, Landry Angelo Adélakoun et Cie invitent les députés à :

  1. demander à notre Gouvernement de faire la lumière, au nom de la transparence, chère au Gouvernement de la « Rupture » et du droit à l’information, sur le montant exact que la rénovation du Palais de la Marina a coûté au contribuable béninois ;
  2. demander au Gouvernement les raisons de ce choix alors que le peuple continue de serrer la ceinture, les factures sont de plus en plus exorbitantes, des milliers de citoyens sont réduits au chômage et la précarité est toujours ambiante ;
  3. inviter le Gouvernement à privilégier, à l’avenir, soit l’utile, soit joindre l’utile à l’agréable.  

Avant eux, il y a eu l’ancien ministre Vicentia Boco qui a également exprimé son mécontentement face à la rénovation du Palais de la Marina. « J’aurai préféré un centre hospitalier équipé pour soigner les milliers de morts évitables chaque année par manque d’oxygène, manque de machine de dialyse, de réanimateurs, de fils de sutures de compresse, etc. C’est beau mais ça ne vaut pas un clou face à une vue perdue« , avait-elle écrit.

Intégralité de la lettre ouverte adressée à l’Assemblée nationale

Messieurs / Mesdames les Députés,

Nous venons respectueusement en tant que de citoyens épris de paix, de justice et d’équité, vous soumettre quelques doléances. En effet, le 1er Août 2020, notre cher et beau pays le Bénin a célébré les 60 ans de son accession à la souveraineté internationale; instant de joie et surtout de réflexion. Particulière en raison de la COVID-19, de la morosité économique et de la dégradation du climat social, la célébration de cette année a eu le mérite de nous révéler à nous-mêmes et de mettre en lumière la place qu’occupe l’Humain dans les politiques publiques et dans nos cœurs.

Dans la ferveur de cette célébration, se côtoyaient le bon et le moins bon, l’opulence et l’indigence. Pendant que nombreux de nos compatriotes se trouvent de plus en plus en difficulté à satisfaire à leurs besoins fondamentaux et que, par voie de presse, nous apprenons qu’un des nôtres s’est donné la mort, en raison de son incapacité à faire face aux soins de santé de sa femme alitée, notre pays fêtait ses soixante années d’indépendance dans le faste au Palais de la Marina.

Si mettre l’argent du contribuable dans le beau, l’esthétique,  rénover des bâtiments qui hébergent les institutions qui plus est la Présidence de la République, ne devrait susciter autant de polémiques et d’indignation, il va de soi que Quatorze (14) milliards de FCFA (selon les indiscrétions) sont énormes et frisent, dans un contexte comme le nôtre, une sorte d’indifférence de nos Gouvernants face à la misère du Peuple qui ne demande que le minimum pour survivre. Oui, survivre parce qu’il ne vit pas, ce Peuple que vous représentez au Parlement.

Dans ce Bénin, notre pays, où malgré les importants réalisations et efforts du régime du « Nouveau Départ », le droit à l’éducation, à la santé, à l’eau, à l’alimentation, au logement et au bonheur ne sont toujours pas effectifs, il est incompréhensible de nous voir choisir l’agréable au détriment de l’utile. S’en offusquer n’est nullement une absence de goût ou un désamour pour l’élégance et l’agréable. Car, il est un secret de polichinelle que les pays qui mettent l’argent du contribuable dans l’agréable sont ceux ayant fini de satisfaire aux besoins élémentaires de leurs peuples. Sauf erreur, notre pays n’est pas encore à ce stade.

Quatorze (14) milliards de nos francs nous auraient permis d’opérationnaliser plusieurs projets ou infrastructures socio-communautaires de base, affiner notre politique d’assistance sociale, financer la réinsertion des prisonniers etc. Pourquoi ne pas avoir pensé à la  rénovation notre hôpital de référence, le CNHU ? Bien que le Programme d’Action du Gouvernement ait prévu la construction d’un hôpital de référence à la hauteur de nos rêves dans la Commune d’Abomey-Calavi, il n’est pas moins vrai que le Centre National Hospitalier et Universitaire Hubert KOUTOUKOU MAGA et nos centres hospitaliers départementaux continuent d’enregistrer des cas qui auraient pu trouver solutions, si le Gouvernement avait opté pour leur rénovation, surtout que la construction envisagée n’ouvre pas la voie à la fermeture de ces Centres. La rénovation du Palais pouvait attendre. La santé, par contre, ne peut pas attendre.

Cher.e.s Députés, vous êtes du Peuple. Vous représentez le Peuple. Nous savons que vous n’êtes guidés que par la loyauté envers la République. Nous savons également que contrairement à votre première année marquée par une absence d’action visant le contrôle de l’action gouvernementale, vous êtes animé.e.s de la ferme volonté d’en faire, s’il y en a.

C’est pourquoi, dans une démarche républicaine et patriotique, loin de toute intention malveillante et rumeurs alimentées par les nouveaux médias, nous voudrions vous demander de bien vouloir jouer votre partition, conformément à vos prérogatives. De façon spécifique, nous  vous invitons à :

  1. demander à notre Gouvernement de faire la lumière, au nom de la transparence, chère au Gouvernement de la « Rupture » et du droit à l’information, sur le montant exact que la rénovation du Palais de la Marina a coûté au contribuable béninois ;
  2. demander au Gouvernement les raisons de ce choix alors que le Peuple continue de serrer les ceintures, les factures sont de plus en plus exorbitantes, des milliers de citoyens sont réduits au chômage et la précarité est toujours ambiante ;
  3. inviter le Gouvernement à privilégier, à l’avenir, soit l’utile ou soit joindre l’utile à l’agréable.  

Convaincus que seule la loyauté envers la République est votre guide et que vous prendrez des mesures idoines pour la prise en considération de nos doléances, nous vous prions de recevoir, Messieurs / Mesdames les Députés à l’Assemblée Nationale, nos salutations patriotiques.

Miguèle Fifamin HOUETO                             Landry Angelo ADELAKOUN

Juriste, Militante pour les droits Humains                     Juriste, Militant pour les droits Humains

Romaric ZINSOU                                                            Eddy Camille KOTO

Juriste, Militant pour les droits Humains                      Enseignant, Psychopédagogue

Les commentaires sont fermés.

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus