Coup d’État au Mali: les militaires au pouvoir créent un « Comité National de Salut du Peuple »
Au Mali, tôt ce mercredi matin, les militaires mutins ont appelé à une transition politique civile, conduisant à des élections, et annoncé la création d’un Comité national pour le salut du peuple.
La mutinerie qui a commencé dans un camp militaire de Soundiata-Keïta, à 15 km de Bamako, mardi matin, a conduit au renversement du pouvoir en place au Mali. Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a annoncé dans la nuit de mardi à mercredi sa démission, expliquant n’avoir pas d’autre choix que de se soumettre à la volonté de son armée en révolte.
Les auteurs de ce coup d’Etat militaire justifient leur acte par la mauvaise gouvernance, l’insécurité grandissante dans le pays, les élections législatives contestées ou encore les atteintes aux droits fondamentaux des citoyens. Les militaires qui ont renversé le président ont annoncé la création du CNSP, le Comité National du Salut du Peuple. Ils promettent d’assurer la continuité de l’Etat et des élections « dans un délai raisonnable ». Colonel major Ismaël Wague, porte-parole du CNSP : « A compter de ce jour 19 Août 2020, toutes les frontières aériennes et terrestres du pays sont fermées jusqu’à nouvel ordre. Un couvre-feu est instauré de 21h à 5h du matin jusqu’à nouvel ordre. La continuité des services publics sera assurée par ceux qui en ont droit au regard des textes en vigueur. La société civile et les mouvements socio-politiques sont invités à nous rejoindre pour ensemble créer les meilleures conditions d’une transition politique civile conduisant à des élections générales crédibles pour l’exercice démocratique qui jettera les bases d’un Mali nouveau. »
Le Mali est confronté à une grave crise sociopolitique qui préoccupe la communauté internationale depuis le mois de juin. La crise actuelle est partie de l’invalidation d’une trentaine de résultats des législatives de mars-avril par la Cour constitutionnelle, dont une dizaine en faveur de la majorité du président Keïta. Le Mali est en outre confronté depuis des années aux attaques jihadistes, auxquelles se mêlent des heurts intercommunautaires.
Une coalition hétéroclite d’opposants politiques, de guides religieux et de membres de la société civile, multiplie les manifestations pour réclamer le départ du président Keïta, accusé de mauvaise gestion. C’est le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques du Mali (M5-RFP), qui mène depuis juin la plus importante contestation du pouvoir depuis le coup d’État de 2012. Il réclame le départ du président Keïta, élu en 2013 puis réélu en 2018 pour cinq ans.
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