Mathias Hounkpè : « Président Ouattara : Je n’arrive pas à vous croire ! »

Le troisième mandat du chef de l’État ivoirien, Alassane Ouattara n’a pas laissé de marbre Mathias Hounkpè. A travers une tribune intitulée « Président Ouattara : Je n’arrive pas à vous croire ! » publiée sur sa page facebook, le politologue béninois a exprimé sa déception et désapprouvé le président ivoirien sur les raisons qui sous-tendent son choix de briguer un nouveau mandat.

Le chef de l’État ivoirien, Alassane Ouattara ne convainc pas le politologue béninois Mathias Hounkpè sur les raisons de son dédit telles que : maintenir la paix, la sécurité, juguler la crise sanitaire et préserver les acquis issus de sa gouvernance en Côte d’ivoire. « Nous ne sommes que des êtres finis, et l’histoire des sociétés d’ici, y compris en Côte d’Ivoire, et d’ailleurs nous enseigne que les pays continuent leur marche, avec des hauts et des bas, en l’absence d’hommes qui pourtant pensaient qu’ils étaient indispensables», a souligné Mathias Hounkpè.

Il pensait que Alassane Ouattara et son homologue de la Guinée, Alpha Condé (dont il n’y a pas de doute sur la candidature) allait suivre les exemples de pays comme la Sierra Léone et le Libéria, dont les anciens présidents ont quitté le pouvoir après deux mandats. Ceci, en dépit des guerres et des traumatismes vécus par leurs pays et, surtout, des fragilités qui continuent de les caractériser. « Malheureusement, vous semblez, du moins pour le moment, préférer suivre l’exemple du Président Faure Eyadema, du Togo. Tous ceux qui, comme moi, pensaient naïvement que vous deux, étant donné votre âge, vos parcours politiques et professionnels et les luttes que vous avez menées, n’étiez pas dans la même catégorie, en avons pris pour notre grade. Et c’est bien fait pour nous ! », s’est indigné le politologue.

Ouattara et Condé en passe de rater une belle occasion

Mathias Hounkpè pensait également que les présidents Alassane Ouattara et Alpha Condé allaient tenir compte de l’opportunité unique, du privilège que leur offre le destin de prendre une place spéciale dans l’histoire de leurs pays. « Comme vous le savez mieux que moi, aussi bien en Côte d’Ivoire qu’en Guinée, il n’y a pas d’ancien président élu qui, à la fin de sa charge, a passé, à l’issue d’élections pacifiques, la main à un nouveau président élu », a-t-il rappelé. Pour lui, ceux-ci devraient être les premiers dans leurs pays respectifs, des précurseurs qui montrent également l’exemple à suivre. Mais une fois encore, regrette-t-il « j’en ai eu pour mon grade et c’est bien fait pour moi ».

A en croire le politologue, c’est une minorité qui a recours à des artifices juridiques pour justifier le maintien au pouvoir à volonté dans les démocraties africaines qui ont pourtant besoin de modèles. Heureusement, se rejouit-il, il y a dans la sous-région ouest-africaine, et dans plusieurs pays, des femmes et des hommes qui ont librement quitté le pouvoir après 2 mandats.

Même si, leurs pays font face à des défis, pour certains beaucoup plus critiques que la Côte d’Ivoire. Il a cité en exemple, entre autres, feu Mathieu Kérékou et Boni Yayi au Bénin, Pedro Pires au Cap-Vert, Jerry Rawlings et John Kufuor au Ghana, Ellen Johnson Sirleaf au Libéria, Alpha Oumar Konaré au Mali, et Oluségun Obasanjo au Nigéria. « Nous sommes déçus, bien au-delà des mots, et c’est bien fait pour nous ! Déçus, certes ! Pour autant, nous n’avons pas de raison de désespérer !», a-t-il insisté.

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