« Nous ne sommes pas encore indépendants et nous nous éloignons de la notion de nation »

Il y a 60 ans, le Bénin accédait à la souveraineté internationale. Mais après plus d’un demi siècle, le pays est-il réellement indépendant? A cette question le juriste Nourou Dine Saka Saley répond par la négation. Pour lui, le Bénin n’est pas encore indépendant et travaille même pour cesser d’être une nation.

Depuis le 1er Août 1960, le Bénin célèbre son indépendance sans être réellement indépendant. C’est du moins ce que pense l’ancien conseiller technique du ministre du plan Abdoulaye Bio Tchané qui estime que chaque 1er Août, « nous nous trompons de célébration : car nous ne sommes pas indépendants ».

A en croire Nourou Dine Saka Saley, le gouvernement d’un pays indépendant a prioritairement recours à la richesse nationale créée sous son impulsion, plutôt que quasi systématiquement et principalement se référer à l’endettement extérieur, c’est à dire à l’argent d’autrui pour financer son développement. Pour lui, non seulement nous ne sommes pas encore indépendants, mais aussi nous nous éloignons progressivement de la « nation » en multipliant « à chaque occasion les actes creusant le fossé entre nous, et mettant à mal notre vivre ensemble. »

Si l’acteur politique de l’indépendance réelle du pays est tributaire aussi des influences exogènes qui ne dépendent pas forcément de nous, il estime néanmoins que construire une nation est à notre portée. Il se désole alors de ce qui s’observe pour empêcher le Bénin d’être une nation. « L’intolérance à l’égard d’autrui qui ne pense pas comme nous, à l’égard du droit à la différence, prend place dans la gestion publique, et surtout politique. L’humour tourne honteusement vers la promesse de prison ou d’exil à toute personne ne partageant pas une posture (même pas encore une opinion) donnée. » fait-t-il remarquer.

L’espoir d’être un jour indépendant est permis

Pour l’acteur politique membre du parti « Les Démocrates », il urge pour les béninois de réapprendre à se tolérer, à s’accepter, à accepter la différence d’autrui.

Pour lui, ce sont là les préalables de la reconstruction de notre nation. Le prix à payer pour notre lente, longue mais certaine marche vers l’indépendance que nous célébrons chaque 1er Août, sans réellement l’avoir.

Cependant, indique-t-il, il ne s’agit pas de désespérer car l’espoir est permis et il faut ensemble travailler pour une réelle indépendance du pays.

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