« Président Ouattara, je n’arrive pas à vous croire! », Mathias Hounkpè

Le 6 Août 2020, le président ivoirien, Alassane Ouattara, a annoncé lors d’un discours, sa candidature à l’élection présidentielle d’Octobre 2020 pour un troisième mandat successif. Une déclaration qui a conduit le politologue béninois Mathias Hounkpè à se fendre d’un message dans lequel il tacle le président ivoirien et son homologue guinéen, Alpha Condé.

Ce n’est pas qu’en Côte -d’Ivoire que la candidature du président ivoirien Alassane Ouattara à un troisième mandat ne fait pas l’unanimité. Au-delà de ce grand pays de l’Afrique de l’Ouest, plusieurs voix s’élèvent pour dénoncer cette candidature de trop.

L’une de ces voix est celle du politologue béninois Mathias Hounkpè qui reste encore sceptique à la déclaration du président ivoirien. Dans un message fendu sur sa Page Facebook, l’expert en question de gouvernance craint pour la paix et la remise en cause des acquis en Côte-d’Ivoire, suite à cette volonté de Ouattara de briguer un troisième mandat.

M. le Président, j’ai écouté puis lu votre discours du 6 août 2020 et je dois vous avouer que revenir sur votre parole parce que vous seriez le seul aujourd’hui à même de maintenir « la paix, la sécurité nationale …, juguler la crise sanitaire (et de prévenir) le risque que … les acquis … soient compromis » en Côte d’ivoire ne me convainc pas

Mathias Hounkpè

A en croire Mathias Hounkpè, « nous ne sommes que des êtres finis, et l’histoire des sociétés d’ici (parlant du Bénin – ndlr), y compris en Côte-d’ivoire et ailleurs, nous enseigne que les pays continuent leur marche, avec des hauts et des bas, en l’absence d’hommes qui pourtant pensaient qu’ils étaient indispensables ».

Le politologue béninois se désole de constater que le président ivoirien tout comme son homologue de la Guinée, Alpha Condé, dont la candidature ne fait plus l’ombre d’aucun doute, n’aient pu suivre les exemples de pays comme la Sierra Léone et le Libéria, dont les anciens présidents, Mme Johnson Sirleaf et M. Ernest Koroma, ont quitté le pouvoir après deux mandats en dépit des guerres et des traumatismes vécus par leurs pays et, surtout, des fragilités qui continuent de les caractériser.

«  J’ai pensé, M. le Président, que vous et le Professeur Alpha Condé, alliez tenir compte de l’opportunité unique, du privilège que vous offre le destin de prendre une place spéciale dans l’histoire de vos pays. Comme vous le savez mieux que moi, aussi bien en Côte d’Ivoire qu’en Guinée, il n’y a pas d’ancien président élu qui, à la fin de sa charge, a passé, à l’issue d’élections pacifiques, la main à un nouveau président élu. Vous devriez être les premiers dans vos deux pays, des précurseurs qui montrent également l’exemple à suivre. Mais une fois encore, j’en ai eu pour mon grade et c’est bien fait pour moi« , se désole-t-il.

En Afrique de l’Ouest, vous n’êtes que trois (03) à recourir à des artifices juridiques pour justifier le maintien au pouvoir…

Heureusement qu’en Afrique de l’Ouest, jusque-là, vous êtes très minoritaires, vous n’êtes que trois (03) à recourir à des artifices juridiques pour justifier le maintien au pouvoir à volonté dans nos démocraties qui ont pourtant besoin de modèles, se désole le politologue, qui se réjouit néanmoins de l’existence dans la sous-région, des femmes et des hommes qui ont librement quitté le pouvoir après 2 mandats, même si leurs pays font face à des défis, pour certains beaucoup plus critiques que la Côte d’Ivoire.

«  Nous sommes déçus, bien au-delà des mots, et c’est bien fait pour nous ! Déçus, certes ! Pour autant, nous n’avons pas de raison de désespérer !« , a conclu Mathias HOUNKPE

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