Situation apocalyptique au Liban: quel sort pour les travailleurs africains, traités comme « esclaves » ?

Ce mardi à Beyrouth, la capitale libanaise, deux explosions successives dans le port ont causé des dégâts considérables, et le bilan humain est déjà terrible. Si tous les autres pays se mobilisent pour leurs ressortissants, le sort des travailleurs africains reste encore problématique.

À Beyrouth, « la situation est apocalyptique », selon le gouverneur de la capitale libanaise, Marwan Aboud. En pleine crise monétaire et politique, le Liban a été touché par deux explosions dans un entrepôt de la capitale, causant des dégâts considérables. Nombreux sont les politiques de tous bords et de tous les pays à assurer, sur les réseaux sociaux, de leur soutien au Liban. Une journée de deuil national a par ailleurs été annoncée pour ce mercredi 5 août, alors que le Conseil supérieur de Défense était réuni pour une discussion d’urgence.

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Les ambassades du Maroc et de la France mobilisées

La dernière estimation communiquée ce mercredi fait état d’au moins 100 morts et plus de 4 000 blessés, selon la Croix Rouge libanaise. Un bilan qui devrait s’alourdir au fil des heures. L’Ambassade du Maroc au Liban a déclaré suivre de près la situation de la communauté marocaine. L’Ambassade a ainsi mis à la disposition de la communauté marocaine au Liban des numéros de téléphone.

La France de son côté a également mis à la disposition de ses ressortissants présents sur place un numéro de téléphone. Sur son site, l’ambassade déconseille de se rendre au port, recommande de rester à domicile si celui-ci n’a pas subi trop de dégâts et de respecter les consignes des autorités locales. La France va envoyer deux avions militaires, avec du personnel de la sécurité civile, plusieurs tonnes de matériel et un poste sanitaire mobile. Ils décolleront de Roissy-Charles-de-Gaulle en milieu de journée pour une arrivée en fin d’après-midi, ce mercredi 5 août.

Quid des autres pays africains ?

Avant cette tragédie, de nombreuses employées de maison sont exploitées ou maltraitées au Liban puisque le travail domestique n’est pas réglementé par le code du travail. Une situation qui risque de dégrader la situation des travailleurs africains, déjà réduits, pour beaucoup d’entre eux, à l’esclavage.

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Au Liban, le système dit « Kafala » (garantie) fait de l’employeur le tuteur de son employée, ouvrant la voie à de graves abus. Avec cette crise sanitaire, doublée d’une crise financière et politique, le sort des Africains résidant au Liban devient de plus en plus compliqué. Ces deux énormes explosions dans le port de Beyrouth vient sceller l’avenir de ces personnes qui risquent de sombrer dans l’oubli.

Jusqu’à 300.000 personnes se retrouvent sans domicile mercredi à Beyrouth, a indiqué le gouverneur de la capitale Marwan Abboud, estimant le coût des dommages à plus de trois milliards de dollars. Mais aucune information officielle n’a pas encore fait le bilan des Africains résidant sur le territoire de ce pays fortement raciste. Aucune diplomatie africaine, en dehors du Maroc, n’a pour l’instant annoncé des mesures pour ces ressortissants.

Le Liban ou le « racisme arabo-musulman »

Au Liban, les Africains subsahariens et les Maghrébins noirs subissent de nombreuses discriminations. À Beyrouth, les ressortissants originaires d’Afrique subsaharienne sont devenus des citadins ordinaires des quartiers périphériques et marginalisés. En temps ordinaire, ils font face au quotidien à une précarité sociale et statutaire, et doivent affronter un racisme s’inscrivant dans une grammaire des hiérarchies ethno-professionnelles qui structurent l’espace urbain et l’ensemble des relations sociales.

Après le choc de la mort avilissante aux Etats-Unis de l’Afro-Américain George Floyd et la lame de fond antiraciste qui déferle sur le monde, le mouvement Black Lives Matter ne mobilise guère au Proche-Orient, où les Noirs subissent des discriminations au quotidien. Selon une publication de Slate, On estime entre 250.000 et 300.000 domestiques au Liban, dont environ 50.000 en situation irrégulière, qui ne dépendent plus d’un kafil –un garant–, seul à même de justifier leur présence sur le sol libanais.

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