Tentative de coup d’Etat en cours au Mali ?
La situation est très confuse ce mardi matin à Bamako. Des tirs ont été entendus dans la ville garnison de Kati à 15 kilomètres de Bamako. Aucune information n’a été pour le moment donnée quant-à la position du président Ibrahim Boubacar Keïta.
Est-ce un « replay » du scénario de 2012 ? Le camp militaire de Kati (camp Soundjata) d’où était parti la déstabilisation contre le président Amadou Toumani Touré (ATT) en 2012 est en ébullition depuis ce mardi 18 aout 2020. Des soldats maliens ont tiré des coups de feu en l’air pour une raison inconnue mardi matin. « Ce matin, des militaires en colère ont pris les armes au camp de Kati et ont tiré en l’air. Ils étaient nombreux et très nerveux », a déclaré à l’AFP un médecin de l’hôpital de Kati. « Ça tire, ça tire en l’air à Kati. Ce sont des militaires », a confirmé une source sécuritaire malienne sur place.
Selon Deutsche Welle, le nouveau ministre de l’Economie et des Finances Abdoualye Daffe aurait aussi été enlevé ce matin dans son bureau. Plusieurs sources affirment l’arrestation de hauts gradés de l’armée par le groupement d’intervention de la garde nationale. L’Etat-major des armées serait également sous le contrôle des militaires de la garde nationale conduits par le colonel Sadio Camara, l’ancien directeur du Prytanée, l’école militaire de Kati.
Des pillages sont d’ailleurs signalés à Kati et des évacuations ont eu lieu dans la cité administrative de Bamako. Le personnel de l’administration publique, les banques, les marchés et les espaces publics sont fermés.
Appel au calme
La représentation diplomatique de la France régissant à cette situation, a appelé via Twitter, les ressortissants français à rester chez eux. « Compte tenu des tensions rapportées ce matin 18 août à Kati, et Bamako, il est instamment recommandé de rester chez soi », peut-on lire sur la page Twitter de l’Ambassade de la France au Mali.
De son côté, «l’ambassade a été informée de la mutinerie dans les forces armées et les troupes sont en route pour Bamako. Les Norvégiens doivent faire preuve de prudence et de préférence rester chez eux jusqu’à ce que la situation soit claire », a déclaré l’ambassade de Norvège dans une alerte à ses citoyens.
Par ailleurs, une source au ministère de la Défense qui s’est refusée à parler de « mutinerie » a déclaré à l’AFP que « nous suivons attentivement la situation. La hiérarchie militaire est entrée en contact avec les troupes, on fera une déclaration officielle dans la journée ».
Situation sociale délétère
Lundi, l’opposition a annoncé de nouvelles manifestations cette semaine pour réclamer le départ du président Ibrahim Boubacar Keïta, avec en point d’orgue l’occupation d’une place symbolique au coeur de Bamako vendredi et samedi. A ces revendications politiques s’ajoute une « situation sociale délétère », a souligné lundi une responsable syndicale, Sidibé Dédéou Ousmane.
Le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques du Mali (M5-RFP), qui mène depuis juin la plus importante contestation du pouvoir depuis le coup d’Etat de 2012, est une coalition hétéroclite de guides religieux, d’opposants politiques, de membres de la société civile et de syndicalistes.
Il a refusé jeudi dernier une rencontre avec le président Keïta proposée par le médiateur des Etats ouest-africains, l’ex-président nigérian Goodluck Jonathan, fixant notamment comme préalable la fin de la « répression » contre ses militants.
Le weekend du 10 juillet, une manifestation à l’appel du Mouvement du 5 juin a dégénéré en trois jours de troubles meurtriers. L’opposition évoque un bilan de 23 morts et plus de 150 blessés. Le Premier ministre, Boubou Cissé, a parlé de 11 morts et l’ONU de 14 manifestants tués.
La crise actuelle est partie de l’invalidation d’une trentaine de résultats des législatives de mars-avril par la Cour constitutionnelle, dont une dizaine en faveur de la majorité du président Keïta.
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