USA : nouvelle bavure policière envers un noir, 3 mois après celle de George Floyd

Aux USA, une nouvelle bavure apparente dans le Wisconsin pourrait de nouveau attiser les braises de la colère dans le pays, trois mois après la mort de George Floyd, qui avait provoqué aux Etats-Unis un mouvement historique de protestation contre le racisme et les violences policières.

Comme pour George Floyd, un quadragénaire noir mort asphyxié le 25 mai sous le genou d’un policier blanc, la tentative d’interpellation de Jacob Blake, dimanche à Kenosha, à une quarantaine de kilomètres au sud de Milwaukee, a été filmée par un témoin.     

Les images, tournées avec un téléphone portable et vite devenues virales, montrent le père de famille afro-américain suivi par deux policiers ayant dégainé leurs armes alors qu’il contourne une voiture. 

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Un agent attrape son tee-shirt au moment où il ouvre la portière et tente de s’installer sur le siège conducteur. Le policier fait alors feu –l’enregistrement laisse entendre sept tirs–, atteignant M. Blake de plusieurs balles dans le dos. 

La victime a été opérée d’urgence dans un service de soins intensifs de la ville de Milwaukee, où son état restait critique mais en voie d’amélioration, selon des témoignages de proches à des médias locaux.

Les deux policiers ont été suspendus de leurs fonctions et une enquête a été ouverte, tandis que des incidents opposant manifestants et forces de l’ordre ont éclaté à Kenosha dans la nuit de dimanche à lundi.

« Traumatisés à vie »

Ben Crump, l’avocat de la famille de Jacob Blake, a affirmé que les trois fils de la victime se trouvaient dans la voiture, et que l’homme avait tenté de s’interposer dans une dispute entre deux femmes.

« Alors qu’il s’éloignait pour aller voir ses enfants, la police a tiré à plusieurs reprises dans son dos à bout portant », a déclaré dans un communiqué l’avocat, qui représente aussi la famille de George Floyd. « Les trois fils de M. Blake étaient juste à côté et ont vu la police tirer sur leur père », a-t-il ajouté. « Ils seront traumatisés à vie ».

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Le gouverneur démocrate de l’Etat du Wisconsin Tony Evers a annoncé lundi la convocation d’une session extraordinaire du parlement local, la semaine prochaine, afin d’adopter une série de mesures sur « la responsabilité et la transparence » des forces de police. « Alors que Jacob Blake se bat pour sa vie, on nous rappelle une fois de plus que le racisme est une crise de santé publique. Il n’y a pas de temps à perdre », a-t-il écrit sur Twitter. 

Le candidat démocrate à l’élection présidentielle Joe Biden a lui exigé « une enquête immédiate, poussée et transparente et que les policiers répondent de leurs actes ». « Le pays se réveille encore une fois plongé dans la douleur et l’indignation qu’un homme noir américain ait à nouveau été victime d’un abus policier », a regretté M. Biden, accompagnant son message du mot « Assez » sur fond noir. 

Couvre-feu

A Kenosha, ville de 170.000 habitants au bord du lac Michigan, des affrontements ont éclaté dimanche soir entre des manifestants et la police anti-émeute.  Des incendies ont été allumés, plusieurs voitures ont été brûlées et les autorités locales ont par la suite décrété un couvre-feu, qui a été reconduit pour la nuit de lundi à mardi, à partir de 20H00.

Appelant à manifester de façon pacifique, le gouverneur Tony Evers a annoncé que 125 militaires de la Garde nationale seraient déployés dans la ville afin d’y faire respecter l’ordre.  Son adjoint Mandela Barnes, un Afro-Américain, a déclaré que Jacob Blake avait été « tué sous les yeux de ses enfants ». 

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« Ce n’était pas un accident. Ce n’était pas une bavure. C’est une violence ordinaire pour beaucoup d’entre nous », a-t-il dénoncé. « Le fait que des actes de violence policière comme celui-ci (…) et d’innombrables autres soient devenus monnaie courante montre que l’institution policière américaine est pourrie jusqu’à la moelle », a commenté la puissante organisation de défense des droits civiques ACLU.

La police de Kenosha a appelé de son côté à ne pas tirer de conclusions hâtives « jusqu’à ce que l’ensemble des faits soient connus ».  Des manifestations étaient attendues lundi soir dans plusieurs autres villes américaines, parmi lesquelles Portland, Chicago ou Minneapolis.

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