Bénin – Cantine scolaire : des repas qui intoxiquent

Le programme de cantine scolaire permet d’assurer le repas quotidien de près de 90 mille apprenants des écoles primaires publiques du Bénin dans 25 communes couvrant au total 396 écoles. Mais au-delà du plat quotidiennement servi, la qualité de ces repas inquiète.

Piment rouge écrasé, huile d’arachide, de cube (une bonne dose), du sel et de l’eau. C’est ce qui a servi à la préparation, ce vendredi 4 septembre 2020, du riz au gras devant constituer le menu du jour des apprenants de l’école primaire publique de Kodé, groupe B située dans la commune d’Adjohoun, à 40 km environ de la capitale du Bénin, Porto-Novo. « C’est même mieux aujourd’hui. Parfois, si ce n’est pas le sel qui est de trop, c’est le piment qui vous brule à mort », a affirmé Anaël, mère de Tanguy, apprenant bénéficiaire qui est rentré à midi avec sa ration alimentaire.

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Le repas de ce 4 septembre, loin d’être une exception en la matière, témoigne de la qualité des plats servis aux apprenants de cette école, dans les deux groupes (A & B) qui laisse vraiment à désirer. Plus de trois fois au cours de cette même année scolaire, raconte la mère de Tanguy, « mon fils a été hospitalisé, pour la plupart, à cause des maux de ventre et des problèmes liés à son alimentation ». « Avant le congé forcé dû au coronavirus, son papa lui avait interdit de continuer avec cette ration alimentaire servie dans son école », nous a confié Anaël. A la reprise maintenant, continue-t-elle, il a repris puisque toujours gêné d’être le seul à ne pas en prendre alors que ses camarades en raffolent.

Tout comme Tanguy, les parents de Joseph (8 ans), Rachelle (11 ans) et Denise (6 ans), tous dans cette école, ont témoigné des soucis de santé de leurs enfants, des soucis qui ont débuté au cours de l’année et qui sont dus, affirment-ils, à la qualité approximative de ces repas quotidiens.

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Dans ladite école, les femmes responsables de la cuisine nous ont soufflé que la faute ne leur incombe nullement. « L’Etat nous ramène les sacs de riz, de maïs, et des vivres en général. Mais instruit les responsables d’école de s’assurer des autres ingrédients devant permettre la cuisson et ceci, sans une ligne budgétaire conséquente. On se débrouille », conclut une des dames. Mais pour des parents d’élèves contactés, l’art culinaire de ces femmes en question laisse à désirer, d’où la nécessité, selon ces parents, de refaire un bon casting pour la santé des apprenants bénéficiaires.

Une bonne vision plombée ?

Il est d’autant plus primordial de constater qu’une bonne nutrition joue un grand rôle dans le développement d’un enfant et surtout sur sa performance scolaire. Pour Abdon, nutritionniste, « si le repas ne répond pas aux normes, les résultats qu’ont envisagés le gouvernement béninois et ses partenaires techniques et financiers ne pourront plus être atteints ».

En initiant un tel programme qui a repris en 2014, l’Etat béninois a pour vision de réduire non seulement le nombre d’enfants malnutris, mais aussi de permettre le maintien de ces enfants à l’école et en finir avec la déscolarisation due à la faim et à l’incapacité des parents à assurer ce besoin fondamental de leurs progénitures.

« En offrant un repas équilibré et consistant aux élèves, la cantine permet également de lutter contre les problèmes de malnutrition qui concernent des familles extrêmement pauvres et d’améliorer l’indice de développement humain du Bénin qui n’a malheureusement pas un meilleur classement », a soutenu la banque mondiale, un des partenaires sur ce programme de cantines scolaires au Bénin.

Au service de l’alimentation scolaire de la direction départementale de l’enseignement maternel et primaire de l’Atacora et de la Donga, le chef service, Arouna Kassoumou soutient que « le repas servi par les cantines apporte un minium d’équilibre nutritionnel aux élèves et contribue à les maintenir en bonne santé, avec l’attention et la vitalité nécessaire pour suivre les cours ». Mais malheureusement, tel n’est pas le cas sur le terrain.

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« C’est le lieu d’inviter les responsables du projet, les superviseurs de zones, les autorités ministérielles, les cadres du Programme alimentaire mondial (PAM) et surtout ceux du Programme national de l’alimentation scolaire intégré (Pnasi) à se pencher véritablement sur la qualité des repas servis dans ces écoles et le savoir-faire culinaire des femmes responsables du ventre de ces âmes innocentes », a souhaité Robert, enseignant au cours primaire.

Et pour Anaël, « si les repas servis dans cette cantine doivent me faire dépenser, par la suite, dans les centres de santé, il vaut mieux l’interdire à l’enfant à défaut d’exiger sa suspension dans l’école ». Elle invite donc les autorités ministérielles à prendre les dispositions nécessaires afin d’offrir de bons repas aux apprenants dès la prochaine rentrée scolaire.

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