Candide Azannaï et Patrice Talon : un rapprochement toujours possible ?

Une collaboration entre le président Patrice Talon et le président du parti Restaurer l’Espoir, l’ancien ministre Candide Azannaï n’est pas une réalité impossible en politique. Les deux hommes très proches à une certaine époque avant de devenir aujourd’hui des adversaires politiques, peuvent encore bien se mettre ensemble pour la cause du développement du pays.

Si cela peut paraître surréaliste aux yeux de certains observateurs de la vie politique béninoise vu le niveau de dégradation de la relation entre les deux acteurs politiques, il faut garder bien à l’esprit que c’est chose tout à fait banal en politique. Interrogez le numéro 1 du parti Restaurer l’Espoir et il vous servira sans doute l’une de ses phrases magiques: « en politique, il n’ y a pas de guerre éternelle« . Les amis d’aujourd’hui peuvent être les ennemis de demain et les ennemis d’hier, les amis d’aujourd’hui.

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Cette conviction, l’actuel locataire de la Marina semble bien la nourrir en parlant de son ex partenaire politique au cours du dernier entretien qu’il a accordé au magazine panafricain Jeune Afrique. En parlant en effet, de Candide Azannaï, le président Patrice Talon semble-t-il, a laissé transparaître de l’émotion. Plus que de mots de renouvellement de confiance, c’est plutôt une « perche » semble-t-il qu’il tend à celui là qui a mouillé le maillot pour contribuer à son élection à la fonction de président de la République.

Patrice Talon toujours prêt à composer avec Candide Azannaï?

Imaginez le schéma dans lequel le président du parti Restaurer l’Espoir, le ministre Candide Azannaï se retrouve dans le premier gouvernement du second mandat du président Patrice Talon. Conte de fée me diras-t-on. Pourtant il est déjà vu ici dans le 229 un Candide Azannaï virulent contre le régime d’un certain Boni Yayi avant de figurer quelques mois plus tard dans son gouvernement en qualité de ministre de la République. C’est donc un homme qui ne combat pas des personnes mais des actes.

L’ancien ministre Candide Azannaï est un philosophe et comme il se plait lui-même à l’affirmer parfois, il n’a aucun problème avec la personne du chef de l’Etat, le président Patrice Talon. La seule chose qui les divise, à le croire, ce sont les principes, c’est le non respect des engagements pris.

Au demeurant, la possibilité que les deux personnalités se rapprochent l’un de l’autre, à priori n’est pas faible. Puisque de son côté, le président Patrice Talon semble ne pas être totalement fermé à cette possibilité.

« Je le considère toujours comme un ami personnel, même si pour des raisons que je n’ai jamais vraiment comprises, il a décidé de prendre ses distances. » a« a affirmé Patrice Talon dans une interview accordée à Jeune Afrique

L’ex magnat du coton au Bénin ne semble simplement pas se limiter à ses déclarations d’affections à l’endroit de son « ami » devenu son adversaire politique. Il croit toujours à un rapprochement et semble même tendre une perche à celui-là qu’il considère lui avoir tourné dos sans raison évidente.

« J’en ai conçu une certaine peine et je souhaite, car rien de sérieux ne nous oppose qu’il ne s’enferme pas dans cette adversité au point de ne plus pouvoir revenir en arrière« , a laissé entendre Patrice Talon

La porte est donc désormais entrebâillée, quitte au président Candide Azannaï, tel un enfant prodigue, de décider de revenir à de meilleurs sentiments et se rapprocher de celui-là dont il a vanté à un moment donné toutes les capacités.

A divorce facile, remariage difficile…

A dire vrai, un rapprochement Talon-Azannaï ressemblerait beaucoup plus à un mariage arrangé qu’à une véritable réconciliation. Les raisons en sont simples et évidentes: les caractères des deux et puis les circonstances.

Si l’ancien ministre de la défense jouit aux yeux du peuple béninois la réputation, d’un acteur politique instable qui tantôt est « pour » et tantôt « contre », c’est parce qu’il est un homme profondément libre d’esprit, « maladivement » attaché aux principes et congénitalement hostile à la compromission.

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L’autre chose qui rend le rapprochement des deux hommes politiques quasi- impossible, c’est qu’il ne parlent pas le même langage ou du moins n’arrivent pas à s’accorder sur ce qui les divise. Ce qui est perçu comme de la rigueur chez l’un est considéré comme de la dictature chez l’autre.

Mais au delà de toutes ces considérations, le ministre Candide Azannaï donne le sentiment de quelqu’un qui tient coûte que coûte à réparer une erreur commise et fait surtout montre de sentiment d’une personne qui se sent blessée dans son amour propre pour avoir été floué par quelqu’un en qui il a profondément cru.

Ce sentiment d’avoir été trahis et l’image qu’il garde désormais de celui qui a été presque un mentor pour lui, est un blocus supplémentaire pour un éventuel rapprochement entre les deux acteurs politiques car aucune relation interpersonnelle n’est possible en l’absence de confiance.

Mais de son côté, le président Patrice Talon souhaite-t-il sincèrement ce rapprochement? C’est un secret de polichinelle que dans le monde surréaliste de la politique à l’africaine, le fossé entre les intentions et les paroles sont abyssales.

Quel intérêt un chef d’Etat perçu par ces adversaires comme un homme totalement hostile à la contradiction a à s’enticher d’un acteur politique comme Candide Azannaï qui n’a pas sa langue dans sa poche et qui n’est pas du genre à se soumettre?

Quel intérêt le président Patrice Talon a à vouloir collaborer à nouveau avec Candide Azannaï et avoir dans son équipe un contradicteur à l’interne alors que ce dernier ne partage pas sa conception du pouvoir et lui non plus n’est disposé à un changement de gouvernance.

En tout état de cause, Patrice Talon a posé un pas. La perche reste tendue et le président du parti Restaurer l’Espoir pourra toujours aviser lorsque la résistance dans sa nonchalance et ses querelles internes conduira en 2021, l’actuel locataire de la Marina à son second mandat constitutionnel. La politique n’est-elle pas avant tout un jeu d’intérêt?

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