Nigéria: Atiku Abubakar, l’ex-vice-président et ses épouses, sous surveillance bancaire par les États-Unis

Atiku Abubakar, le richissime homme d’affaires et ancien vice-président du Nigéria, est au cœur du nouveau scandale bancaire des « FiCEN Files », nom donné à un vaste problème mondial de régulation bancaire. Le Financial Crimes Enforcement Network (FinCEN), une agence du département du Trésor américain, a placé le vieux loup de la politique nigériane et les membres de sa famille sous étroite surveillance.

Après les Panama Papers, le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) révèle les « FinCEN Files ». Une nouvelle enquête internationale qui fait étalage de linge sale du blanchiment d’argent de montants astronomiques transités durant des années par les plus grandes institutions bancaires du monde. Ces rapports décrivent plus de 200 000 transactions financières suspectes, évaluées à plus 2 milliards de dollars américains (USD), qui ont eu lieu de 1999 à 2017.

Comme révélé par le média nigérian PREMIUM TIMES, le Financial Crimes Enforcement Network (FinCEN), une agence du département du Trésor américain, a placé l’ancien vice-président nigérian Atiku Abubakar et les membres de sa famille sous étroite surveillance. Le FinCEN a signalé certaines transactions liées à l’ancien politicien et richissime homme d’affaires Atiku Abubakar. Dans l’un des rapports du « FinCEN Files », un virement bancaire de 1 018 500 dollars effectué le 5 mars 2012 a été signalé dans le cadre d’une surveillance quotidienne par la Habib Bank Limited New York, HBLNY.

Blanchiment d’argent à l’échelle mondiale

Le virement provenait de la Guernsey Trust Company Nigeria Limited (GTCN), le bénéficiaire étant Tanjay Real Estate Brokers, une société qui détenait un compte Habib Bank Limited à Dubaï. C’est ainsi le fil conducteur avec le richissime homme d’affaires controversé qui a déclenché une alerte d’activité suspecte via le système de surveillance des transactions de HBNLY.

Comme le révèle PREMIUM TIMES, Alhaji Atiku Abubakar devenu le vice-président du Nigeria en 1999 a ainsi créé un «  »blind trust » ( le « blind trust » est une « fiducie aveugle » dans laquelle les bénéficiaires de la fiducie n’ont aucune connaissance des avoirs de la fiducie et n’ont aucun droit d’intervenir dans leur gestion) pour détenir ses actifs dans Intels. C’est de cette fiducie aveugle créée en 1999 que la GTCN a été constituée pour gérer en 2003, avec l’homme d’affaires nigérian d’origine italienne Gabrielle Volpi. Akintola Kekere-Ekun, un banquier, et Uyiekpen Osagie, un avocat, en sont les directeurs et les fiduciaires.

Habib Bank Limited New York au coeur de la mafia

« Une enquête (sur le virement bancaire de mars 2012) a identifié GTCN comme une société fictive présumée qui a été utilisée pour transférer plus de 10 millions de dollars américains par virement bancaire via des banques américaines au nom de l’ancien vice-président du Nigeria, M. Atiku Abubakar », a rapporté HBLNY. « L’examen des sources publiques par HBLNY a révélé qu’il y a eu de nombreuses enquêtes sur M. Abubakar, en tant que personne politiquement exposée (PEP) de haut rang, le liant à des allégations de corruption, à d’éventuelles violations de la loi sur les pratiques de corruption à l’étranger (Foreign Corrupt Practices Act) et au blanchiment d’argent ».

En 2010, la sous-commission permanente d’enquête du Sénat américain a inculpé le GTCN ainsi que d’autres sociétés liées à Atiku et à M. Volpi. Le comité avait enquêté sur la manière dont « des personnalités politiques étrangères de haut rang, leurs parents et leurs associés pourraient contourner ou saper les contrôles anti-blanchiment d’argent (AML) et PEP pour faire entrer aux États-Unis des fonds qui pourraient être le produit de la corruption étrangère ».

« Sur les 40 millions de dollars identifiés dans l’enquête du Sénat américain concernant Atiku, 25 millions auraient été transférés par virement électronique sur plus de 30 comptes bancaires américains ouverts par Jennifer Douglas, la quatrième épouse d’Atiku », nous rapporte le média nigérian. Les virements ont été effectués principalement par GTCN, LetsGo Ltd. Inc. et Sima Holding Ltd. LetsGo et Sima sont toutes deux des sociétés offshore enregistrées respectivement au Panama et dans les îles Vierges britanniques, et contrôlées par M. Volpi, selon une lettre adressée à la commission du Sénat par l’avocat de l’homme d’affaires, Raymond Shepherd, de la société Venable basée à Washington.

Les transactions identifiées dans le rapport du Sénat américain ont été effectuées alors qu’Atiku était le numéro deux au Nigeria. La transaction suspecte du 5 mars 2012 signalée par HBNYL concernait l’achat d’un appartement dans les « résidences du World Trade Center » à Dubaï pour Rukaiyatu Abubakar, une épouse aînée d’Atiku, par l’intermédiaire de Tanjay, le bénéficiaire de la transaction. Ces transactions, également acheminées par HBLNY, concernaient les « dépenses personnelles » d’Amina Titi Abubakar, la première épouse de M. Abubakar et l’ancienne seconde dame du Nigéria.

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