Restitution de Biens Culturels volés par la France : 05 zones d’ombres soulevées par Marie-Cécile Zinsou

La première lecture du projet de loi relatif à la restitution de biens culturels à la République du Bénin et à la République du Sénégal, est prévue pour le mardi 06 octobre 2020 à l’Assemblée nationale française. C’est l’un des points inscrits à l’ordre du jour de la session du mardi 06 octobre. Et s’il faut se féliciter de la démarche, plusieurs zones restent néanmoins à éclaircir.

Ce projet de loi qui amorce la matérialisation de l’annonce faite par le président Emmanuel Macron en 2018, suite au plaidoyer engagé par le président béninois Patrice Talon fixera les conditions du retour au bercail des 26 objets du patrimoine béninois. Il indiquera également les termes de la restitution formelle d’un sabre au Sénégal.

Toutefois, si « on ne peut que se féliciter de la célérité d’une procédure qui a officiellement commencée le 16 juillet 2020 (même si la demande béninoise date de septembre 2016 et la première annonce du Président Macron de novembre 2017), certaines questions demeurent… », fait observer Marie-Cécile Zinsou.

Les 05 questions de Marie-Cécile Zinsou

– Qui a choisi la liste des 26 œuvres qui doivent être rendues ? Le Bénin n’a jamais annexé de liste à sa demande officielle (se contentant d’une vague description : « un premier groupe d’objets, notamment les pièces exposées au Quai Branly »). Le Président Macron avait bien précisé que les œuvres restituées seraient choisies en concertation avec les pays concernés, est-ce vraiment le cas ici ?

– Si quelqu’un a établi cette liste, côté béninois ou français, peut-on savoir pour quelles raisons certaines œuvres ont été intégrées à la liste et pourquoi d’autres, absolument essentielles au patrimoine dahoméen (tel le Dieu Gou, ou bien encore le plateau de divination de Guédégbé), ont été exclues ?

– Cette loi correspond-elle réellement aux grandes promesses du président français ? Le texte ne parle que de 26 objets béninois et 1 sénégalais, il n’ouvre aucune porte vers d’autres restitutions à d’autres pays du continent. Est-ce bien cela dont il était question dans le fameux discours de Ouagadougou ? 27 œuvres ! Est-ce vraiment la réalité qui correspond à l’extrait du discours suivant : « Le patrimoine africain doit être mis en valeur à Paris mais aussi à Dakar, à Lagos, à Cotonou, ce sera une de mes priorités. Je veux que d’ici cinq ans les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique. »

– Que se passsera-t-il si d’autres pays veulent engager une procédure de restitution ? Faudra-t-il voter une loi par pays ? Une loi par œuvre ?

– La restitution est-elle vraiment une priorité ou est-elle une vaine promesse ?

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