Mission de la CEDEAO en Côte d’Ivoire: tourisme diplomatique ou opération d’endormissement?

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) a effectué une visite dite de diplomatie préventive pour tenter d’apaiser les tensions en Côte d’Ivoire, à quelques jours de l’élection présidentielle. Une mission de l’organisation sous-régionale qui semble n’être purement qu’une balade de personnalités pour brouiller les dés.

La CEDEAO a-t-elle échoué dans sa mission de bons offices en Côte d’Ivoire? C’est désormais la grosse question, d’autant plus que les délégués de l’organisation ont rencontré les parties impliquées dans les tensions dans le pays pour tenter de les écouter et trouver une sorte de juste milieu pour éviter une crise plus profonde pour le pays. C’est certes, ce qu’il y a à faire ; mais toutes les parties prenantes de la crise n’ont pas en réalité, été consultées à la même enseigne et pour le même objectif.

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Dans sa déclaration finale, la mission de la CEDEAO a indiqué clairement que les consultations ont eu lieu avec le Premier ministre ivoirien Hamed Bakayako et également avec trois candidats. Avant, la mission a indiqué avoir « rendu une visite de courtoisie » à Alassane Ouattara, président de la république.

« A aucun moment, la CEDEAO n’est allée en Côte d’Ivoire pour trouver une solution juste à la situation du pays, mais elle y est allée plutôt pour tenter de convaincre l’opposition d’accepter les événements et de laisser tomber leurs revendications », conclura un acteur de la société civile ivoirienne joint au téléphone par Bénin Web TV

L’embrouille

Si la mission n’a pas rencontré le « candidat » Alassane Ouattara, dans le cadre de leurs consultations pour une sortie de crise, c’est que la CEDEAO a accepté et adoubé ainsi la candidature de Ouattara, le manque de consensus autour de l’organisation du scrutin et n’a aucune intention réelle de jouer le rôle de médiateur « non partisan ».  Il va sans dire que même si elle condamne les violences survenues dans le pays ces derniers jours, la CEDEAO semble ne faire que de la diversion diplomatique pour sauver les apparences.

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Cette « comédie » est exactement celle qui a été « jouée » au Togo pendant la crise qui était née autour de la décision de Faure Gnassingbé de briguer un nouveau mandat à la tête du pays. Et ne parlons plus du fiasco en Guinée. Il n’y a pas de changement de disque et la même chanson revient toujours.

La décision de Ouattara de faire un troisième mandat est la cause de la crise ; si elle n’est pas capable de faire harmoniser les mandats en son sein, la CEDEAO devrait lui imposer de dialoguer avec les autres parties car c’est le peuple ivoirien qui, malheureusement, ramassera les pots cassés. L’ingérence dans les affaires internes d’un pays est inacceptable, mais si ce pays a accepté faire partie d’une communauté, elle devrait alors, tout au moins, accepter les conseils que ses membres lui prodiguent. A moins qu’en réalité, il n’y ait pas de conseil ou que ce conseil soit de rester intransigeant.

L’opposition et sa part de responsabilité

L’opposition ivoirienne est certes dans une posture défensive en contrattaquant la décision d’un troisième mandat par des appels au peuple à des mouvements d’humeur. C’est une des meilleurs manières de revendiquer un droit du moment où elle reste pacifique. Cependant, il faut reconnaitre que les différents candidats actuels, de part et d’autre, à la présidentielle en côte d’Ivoire, semblent plutôt tous dans une sorte de règlement de compte.

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Sur un point, la CEDEAO a raison d’appeler les opposants à reconsidérer leur appel à la désobéissance civile car, les cicatrices de la crise d’il y a 9 ans sont encore là et risquent d’être rouvertes par des comportements de quelques citoyens indélicats. La Côte d’Ivoire a besoin d’un vrai dialogue franc, qui aurait dû être fait depuis, au lieu de fausses promesses ou de manipulation politique à des fins sombres et saugrenues de la part des politiques tant de l’opposition que du pouvoir.

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